Quel est l'avenir de notre océan?

L'avenir de l'océan se joue sur terre. La charge que nous infligeons à nos cours d'eau en termes de pollutions directes et diffuses, de surcharge sédimentaire due à l'érosion agricole, dépassent largement leurs capacités auto-épuratrices.
Résultat: tout file vers l'océan...mais celui-ci est loin, immense, n'appartient à personne et n'a même pas de statut pour ester en justice internationale.

La marchandisation des actifs naturels sera une réponse. La captation de l’océan par la finance. Une fabuleuse opportunité de créer un marché hautement spéculatif et 100% virtuel sur la vague de l’écologie : vendre le concept environnemental sans à aucun moment chercher à résoudre les problèmes. c'est très fort. Des perspectives de gains financiers exponentiels.

La sauvegarde de la biodiversité et des écosystèmes...d'autres thèmes immatériels qui permettront de lancer de nouveaux produits financiers.

Les lanceurs d'alerte se réunissent le 9 Juin 2015 à Paris. Ils préparent le début d'une prise de conscience sociale. En gros ces puristes, sans l'imaginer, créent un besoin légitime: la protection de l'océan... que les requins monétariseront.
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What Is the Future of Our Ocean?
What the science shows and what we can do about it

Tuesday, June 9, 2015
14:00 - 20:00

Maison des Océans (Grand amphithéâtre)
195 rue Saint-Jacques, 75005 Paris

Conference organised by Paris Sciences et Lettres Research University and The Pew Charitable Trusts, members of the Ocean & Climate Platform

The ocean is critical to sustaining life on our planet, but it is changing in ways that we do not fully comprehend. This conference will explore the science behind our understanding of the ocean, the impacts of human activities on ocean health, and the ways we can best manage the ocean to ensure its protection.

AGENDA

14:00-14:45: Registration 
14:45-15:00: Welcome addresses
15:00-17:00: "The Hard and Social Science of the Ocean", plenary session chaired by Francoise Gaill (Ocean & Climate Platform's Scientific Committee) 
Speakers: Paul Falkowski (Rutgers University), Lisa Levin (Scripps Institution of Oceanography), Charles Sheppard (University of Warwick), Marjan van den Belt (Massey University) 

17:00-17:30: Coffee break

17:30-19:00: "How to Manage the Ocean", roundtable discussion led by Brice Lalonde (former French Minister of the Environment)
Speakers: Lucien Chabason (Institut du Développement Durable et des Relations Internationales), Francoise Gaill (Ocean & Climate Platform/CNRS), Philippe Cury (Institut de Recherche pour le Développement), Luis Valdés (UNESCO), Dan Laffoley (International Union for Conservation of Nature) 

19:00-20:00: Closing remarks, followed by a cocktail reception

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Pisciculture et continuité écologique : Dr. Jekyll et Mr. Hyde

Un bras de la pieuvre géante qui habite l’Etat s’appelle le Ministère de l’Agriculture : c’est le Dr. Jekyll.
Le bras voisin est le Ministère de l’écologie : c’est Mr. Hyde.
Un bras de cette pieuvre psychopathe serait censé promouvoir la pisciculture d’eau douce.
Or, Mr. Hyde ne jure que par la continuité écologique.
Cette dichotomie entre le Ministère de l’agriculture et le Ministère de l’écologie n’est pas du tout sensible à Paris, qui n'a pas pris la mesure des enjeux contradictoires. La pisciculture française est en net déclin, le potentiel de production est notoirement sous exploité, la croissance mondiale  est à deux chiffres depuis 25ans… et nous devons avoir recours à des importations pour satisfaire les marchés.
Cette dichotomie devrait poser des interrogations dans les services déconcentrés: la DDT est en effet seule à faire appliquer sur un même dossier des règles censées satisfaire l’intérêt général, et le dogme de l’autre.
Force est de constater que Mr. Hyde fait pencher le fléau de la balance avec ses préceptes immatériels.

 

  • La DDT devrait-elle mener une double vie ?

Ø  Au titre de l’agriculture et de l’alimentation, la DDT pourrait renouveler toutes les autorisations trentenaires (en y apportant quelques prescriptions légitimes liées à la préservation du milieu naturel) et susciter la création de piscicultures pour répondre aux enjeux auxquels la France est confrontée : autosuffisance alimentaire, réduction de l’énorme déficit de la balance commerciale des produits aquacoles…

.Ø  Au titre d’une prétendue écologie, la DEB (Direction de l’eau et de la biodiversité) lui suggère fortement, circulaires à l’appui, de détruire tous les seuils de moulins et d'assécher tous les étangs de France, outils pourtant indispensables pour satisfaire sa mission première.

Elle devrait, à l’aune des enjeux, rejeter cette altérité. Mais refouler ses recensions et ses émotions sur chaque dossier peut conduire à la schizophrénie.

Elle a trouvé le remède : entre l'activité économique millénaire besogneuse mais silencieuse du Dr. Jekyll qu’il conviendrait de promouvoir, et un dogme né avec la LEMA 2006 porté et vociféré par une "poignée de penseurs", la DDT a choisi la voie de Mr. Hyde qu’elle applique, avec zèle.

  • Les retours d’expérience

Mr. Hyde se gausse et aime se vanter dans les médias. Il s’empresse de publier ses turpitudes qu’il baptise "retours d’expérience". Il n’est rien d’analyse multicritères et encore moins "d'expériences" : il s’agit simplement de comptes-rendus servant de propagande pour légitimer ses prochaines dépenses… sans gain environnemental qu’il est bien incapable de prouver.

  • Les préjudices

La lecture peu clairvoyante des besoins et les diagnostics funestes de la pieuvre, incapable de répondre aux enjeux, créent un préjudice considérable à l’Etat :

  • dans un plateau très chargé : les énormes dépenses de Mr. Hyde au titre de la continuité écologique,
  • dans l’autre plateau vide : une production de richesses en berne, une absence de rentrées fiscales, une augmentation des déficits de la balance commerciale liés aux importations.

La balance plombée, bascule avec son socle dans le néant. Telle est notre situation en 2016 pour les usages potentiels de l’eau.

  • Epilogue provisoire

Depuis le 21ème siècle, un bras écologiste de la pieuvre a pris du poids médiatique au détriment des autres : agriculture, pisciculture, économie, transition énergétique, industrie.

  • Prospectives

En 1886, le Dr. Jekyll était parfaitement conscient d'un nécessaire équilibre dans la dualité. Fort des constats de duplicité de la situation, en face de "double" il commentait dans ses notes: "échec total".

Mr. Hyde qui a pris temporairement l’ascendant, constatera trop tard, de son comportement mortifère.

La pieuvre, réputée intelligente, va-t-elle imaginer un renflouage du Dr.Jekyll ? Rien d'impossible: l’Etat, qui n’en est pas à une contradiction près, pourrait susciter prochainement la reconstruction à grand renfort de subventions tout ce qu’il a fait détruire avec des fonds publics au début du 21ème siècle.

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Les moulins sont-ils responsables de la disparition de l’anguille ?

La logorrhée dogmatique qui stigmatise les ouvrages sur les cours d’eau en les déclarant responsables de la disparition des espèces piscicoles continentales mériterait d’être sérieusement étudiée.
Pour les espèces amphihalines (qui passent une partie de leur vie dans le milieu marin) emblématiques, les arguments deviennent peu convaincants : il faudrait impérativement étudier l'impact important de la pêche (légale et braconnage), la quantifier et tenter de la justifier pour des espèces déclarées menacées.

Il conviendra d'y ajouter l'impact direct -jamais étudié- du silure, dont les stocks explosent. Ces monstres ne peuvent pas atteindre des tailles supérieures à 2 mètres de long, peser régulièrement plus de 100 kg, sans exercer une prédation considérable sur toutes les autres espèces piscicoles, migratrices ou pas.
Les civelles valent de l’or. Ont-elles des chances de devenir des anguilles adultes en France…si elles furent massivement exportées en Asie ?  Avant d'être un préjudice fiscal, le braconnage de civelle est d'abord un problème technique: les ponctions dans le milieu ne devraient pas être supérieures à la capacité de reproduction naturelle. Encore faudrait-il l'étudier.

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Nous reproduisons un article ci-dessous aux fins d’inciter les détracteurs de moulins à regarder jusqu'aux estuaires, puis de s'associer (ce qu'ils n'ont jamais fait) aux campagnes qui dénoncent la PCP (Politique commune des pêches), la surpêche et la pêche illégale.

Ce genre d'analyses loyales et exhaustives, que ni l'Etat (1) ni la FNPF (2) n'ont intérêt à diligenter, permettraient de relativiser les accusations partiales proférées à l'encontre des seuils de moulins.

(1) La France devrait peser sur l'UE qui a dépensé des milliards d'euros pour suréquiper une flotte de pêche industrielle responsable du pillage des stocks halieutiques et mettre des moyens pour contrôler le respect des quotas.

(2) La FNPF ne va pas exiger l'interdiction totale de pêche des espèces amphihalines jusqu'à reconstitution des stocks. Elle se borne à déplorer la situation, à les déclarer menacées, et in fine accuser de faux coupables.

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Avec le moratoire, la contrebande d'anguille européenne s'organise ?

Les exportations d’anguilles européennes en dehors de l’Union Européenne toujours officiellement interdites

Le Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN), autorité scientifique française CITES, prend acte de l’amélioration du recrutement en Europe et des efforts des pêcheurs mais rend un avis défavorable à une reprise immédiate des exportations des anguilles européennes "Anguilla anguilla" notamment des civelles (alevins d'anguille). Les civelles sont très recherchées par les aquaculteurs d'Asie (Chine, Corée du Sud, Taïwan et Japon) qui les élèvent jusqu'au stade adulte. Confrontés également à des problèmes de ressources, ces quatre pays asiatiques se sont mis d'accord, en septembre 2014, pour limiter leurs captures de civelles "Anguilla japonica". Ils ont décidé de fixer des quotas annuels de civelles destinés à l'élevage : 21,6 tonnes pour le Japon, 36 tonnes pour la Chine, 11,1 tonnes pour la Corée du Sud et 10 tonnes pour Taiwan. Cette limitation qui a pris effet en novembre dernier, correspond à une baisse de 20% des captures par rapport aux années précédentes. Ces pays espèrent ainsi enrayer le déclin de l'anguille japonaise.

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La peur au ventre ? Déjà inscrite sur la liste rouge de l'UICN, mais pas sur la liste de la CITES, l'anguille asiatique échappera-t-elle aux restrictions commerciales ? (lire plus bas pour plus d'explications).

Pour en savoir plus sur la pêcherie de civelle en France : A la traque des braconniers de pibale dans les marais de Charente (cet article explique que le moratoire affecte principalement les petits pêcheurs licenciés en raison des prix très bas sur le marché intérieur entre 200 et 300 euros le kilo)

Suite au moratoire européen, les civelles valent de l'or sur le marché international...

anguille prix-kgLe prix de la civelle américaine "Anguilla rostrata" atteint des sommets à près de 3500 euros le kilo !!! Dans le Maine, la principale région de pêche aux USA, "la civelle vaut près de 6 fois son poids en argent car les aquaculteurs asiatiques cherchent désespérément des petites anguilles..." (1)

Dans un rapport (2) rendu préalablement à la présente campagne de pêche à la civelle 2014-2015, le MNHN, en tant qu’autorité scientifique française au sein du groupe scientifique CITES de l’Union Européenne, a rendu un avis de commerce non préjudiciable négatif concernant la reprise des exportations d’anguilles européennes en dehors de l’Union Européenne pour l’année 2015.Actant le passage au vert des indicateurs relatifs au recrutement d’alevins d’anguilles (civelles) et à la mise en œuvre des mesures de gestion en Europe, le MNHN souligne néanmoins que l’état du stock d’anguilles européennes, concernant notamment l’échappement d’anguilles argentées (stade reproducteur), demeure fragile sinon incertain à l’échelle de l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce. La possibilité de soumettre au groupe scientifique européen CITES, seul compétent en matière de commerce international d’espèces protégées dans le cadre de la convention CITES, la question de la réouverture des exportations de l’anguille européenne en dehors de l’Union Européenne pourra être réexaminée par le MNHN pour la prochaine année.

Et la contrebande s'organise ?

Le groupe d’experts tient à souligner que la coopération de tous les pays de l’aire de distribution de l’anguille européenne est primordiale et que les pays n’ayant pas de gestion adaptée mettent en péril l’ensemble de la population et pénalisent les pays ayant fait l’effort de mettre en place un plan de gestion et d’en évaluer ses résultats. Il est à noter que des stocks non négligeables d’anguilles européennes sont observés dans les zones hors UE notamment dans le Sud de la Méditerranée. On remarque que la Tunisie a adopté un quota de 135 T pour les spécimens de moins de 30 cm d’origine sauvage pour l’année 2010. Après le ban ‘zéro export’ pour la période 2011-2012, la Tunisie n’a plus adopté de quotas d’exportation et le Maroc apparaît comme le 1er exportateur (environ 66 000 kg) suivi de la Tunisie et de la Turquie. Le ban UE a permis au Maroc de devenir le premier exportateur et d’augmenter ses exportations de près de 29 000 kg en 2 ans (Tableau 2 ; cf. annexe 3 pour plus de détails (2,3)). Les chiffres disponibles suggèrent donc que des stocks d’anguilles peuvent être importants hors UE, et que ces pays peuvent exporter des volumes significatifs d’anguilles.

La raison de tout ce trafic : Unagi no Kabayaki, un mets de choix au Japon

L'anguille grillée, Unagi no Kabayaki, est, au Japon, ce que le foie gras est à la France : un fleuron de la gastronomie nationale. Dégustée non pas à Noël, mais... en plein été ! Toutes les explications sur cette recette japonaise par Camille Oger dans Le Manger (ainsi que dans Wasabi)
Philippe Favrelière (actualisé le 12 mars 2015) (1) APP (2013) : Maine fishermen caught illegally nettingeels worth $2,500 a pound(2)

Photographie de Serge Lucas: civelles (ou pibales), alevins d'anguille européenne "Anguilla anguilla"

Téléchargez le rapport complet du MNHN (3)

Forum Le pêcheur responsable : Trafics de civelles enfin démantelées

Autres articles :

La biodiversité, ça commence à bien faire!... les socialistes votent contre.

Il s’agit du résultat du scrutin public du 19 Mars 2015 sur l’amendement n°998 de Mme Abeille concernant l’art 56 du projet de loi relatif à la biodiversité.

Affichant une préoccupation environnementale de façade, instaurant les SRCE (Schéma régional de cohérence écologique) chronophages, tout est balayé d’un simple vote quand il s’agit de l' incohérence écologique halieutique. Elle est méconnue, invisible… et les lobbies sont trop puissants. Catastrophe écologique garantie.

http://www2.assemblee-nationale.fr/scrutins/detail/%28legislature%29/14/%28num%29/1082

Faire semblant de faire évoluer les choses en imposant de multiples contraintes (politique de l’eau, par exemple) et ne rien changer pour corriger les mauvaises pratiques devient de plus en plus abscons.

La continuité écologique jugée par l’UE. La vérité : "Paris ne sait ni améliorer ni évaluer".

La Commission européenne a publié le 9 mars 2015 une évaluation de la mise en œuvre par les Etats membres de la DCE (directive cadre sur l’eau) de 2000.

Résultat: les programmes nationaux ne sont pas à la hauteur des pollutions.

-pour 53% des eaux européennes l’objectif de la DCE d’atteindre le bon état écologique en 2015 ne sera pas atteint. Ce n'est pas un scoop! Tous les discours et certitudes martelés par les services en charge de l’eau deviennent dérisoires, mais les SDAGE reprennent dogmatiquement avec assurance certains axes qui n’ont pas eu d’impact environnemental probant.

-pour 42% seulement (on ne connait pas le sort des 5% qui restent), les eaux de surface « sont dans le vert », selon l’Agence européenne de l’environnement.

Un score écologique faible, mais on ne connait toujours pas l’état chimique de 40% des masses d’eau…une bagatelle !

 

1)   DEUX TIERS DES PROGRAMMES INCOMPLETS

2)   DEUX TIERS DES BASSINS SANS AMÉLIORATION

 Pour deux tiers des bassins hydrographiques, les actions ne parviennent pas à endiguer les pollutions diffuses. Preuve qu’elles doivent être complétées par d’autres dispositifs. Deux Etats membres seulement ont mis en œuvre un programme complémentaire définitif, alors que des fonds européens sont ouverts à ce type d’action (fonds de cohésion, fonds structurels, Feader.

Si huit Etats ont évalué la pression négative de l’agriculture, seule la Lituanie a effectivement quantifié la réduction nécessaire des intrants pour atteindre un bon état des eaux.

Même chose pour la pollution chimique. Les pays européens se contentent de programmer des actions sans pour autant évaluer leur efficacité sur la qualité des eaux.

 

3)   LES INSUFFISANCES DE LA FRANCE

Si on regarde les plans de gestion par bassin, seuls trois États membres -Autriche, Finlande et Pays-Bas- remplissent les trois critères définis par Bruxelles:

-l’analyse des différents impacts,

-l’évaluation des mesures sur l’état des eaux,

-le système de surveillance. 

La France, qui a été condamnée en 2013 pour non-respect de la directive nitrates par la Cour européenne, est loin d’être un modèle en Europe.

Selon le rapport de Bruxelles, "Paris parvient à identifier les menaces qui pèsent sur la qualité de ses eaux, mais ne sait ni améliorer cet état ni évaluer les éventuels progrès". Ce n’est pas présomptueux de notre part, mais cela correspond aussi à notre analyse concernant le défaut "d’évaluation et l’absence d’amélioration". Nous avons aussi des doutes sur l’appréciation polissée et complaisante de Bruxelles sur la capacité à "identifier les menaces" quand on voit les milliards dépensés à mauvais escient à l’aune des piètres résultats obtenus.

Bruxelles recommande particulièrement à la France de mieux justifier ses exceptions aux objectifs environnementaux, notamment le « bon état 2015 ».

Elle doit aussi «réduire les pollutions par l'azote et le phosphore, revoir sa règlementation sur l'utilisation des pesticides et fixer des limites précises aux agriculteurs. Enfin, elle doit rapidement développer ses mesures de restauration naturelle (amélioration de la qualité des eaux, protection contre les inondations, conservation des habitats) qui sont en général plus rentables que la construction d’infrastructures», souligne la Commission.

Turpitudes et intrigues subaquatiques de FNE à Sivens

Voir ci-après l'article de Bernard Viguié. C'est un peu long, mais nécessaire pour lire le dessous des cartes. Ces tenants et aboutissants, s'ils ont toujours existé, sont de plus en plus insupportables. D'autant plus indigestes quand ils émanent d'irréprochables "donneurs de leçons à toute la planète".
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COMMENT L'OPPOSITION AU BARRAGE S'EST FAITE EMBARQUER

06 MARS 2015 |  PAR BERNARD VIGUIÉ

Ayant été jadis avocat dans l'affaire du barrage de Fourogue (près d'Albi) et avant cela président d'une association agréée de défense de l'environnement, c'est à double titre et avec une particulière consternation que j'ai vu depuis la mort de Rémi Fraisse l'évolution de l'affaire de Sivens. Je ne sais ce qui me consterne le plus. Est-ce le résultat de tout cela aujourd'hui avec l'expulsion des occupants du site et le projet de nouveau barrage? Est-ce le détournement de l'action associative auquel se sont livrés Ben Lefetey et France Nature Environnement depuis 4 mois ou bien le sabotage des recours juridiques quand les mêmes ont refusé d’obtenir une décision de justice en faveur des opposants alors que tous, je dis bien tous les éléments étaient réunis pour en obtenir une ?

Aujourd’hui, 6 mars 2015, le Conseil général vient de décider de construire un barrage plus petit à Sivens, comme le lui avait demandé instamment Ségolène Royal. Le principe de libre administration des collectivités locales vient-il ainsi de voler en éclats ? Croit-on une seconde que les conseillers généraux auraient agi de la sorte s'ils avaient vraiment pensé que "leur barrage" était légal, comme ils le répètent depuis des mois ? Si pour les élus, le gouvernement et les experts mandatés par lui, le projet de barrage prévu initialement était entaché d’illégalité, pourquoi et comment aucune décision de justice n'a été rendue à ce jour en faveur des opposants ? C'est ce que je souhaite expliquer ici.

Avant toute chose, il faut savoir que l'opposition au barrage de Sivens s’est développée sur deux fronts: d'un coté, la "partie légaliste", représentée par Ben Lefetey et Collectif Testet qui est une association qui regroupe des adhérents individuels et des associations ; de l'autre coté, la "partie activiste" qui comprend les zadistes et les opposants dits "des Bouilles", qui ne sont pas regroupés en association. Ces groupes ne sont pas étanches de sorte que des opposants font partie des Bouilles et de l'association Collectif Testet. Une "coordination" essaie de relier tout le monde en se réunissant régulièrement.

Il faut savoir aussi que le barrage de Sivens a été autorisé par deux arrêtés préfectoraux des 2 et 3 octobre 2013 (déclaration d'utilité publique dite DUP et déclaration d'intérêt général dite DIG).

Ce que j'appelle "la partie légaliste" a attaqué ces arrêtés fin 2013 devant le tribunal administratif pour les faire annuler, l'affaire n'étant pas jugée à ce jour. C'est elle qui "détient" l'action devant le tribunal administratif. Ce que j'appelle la "partie activiste" a occupé le site ou soutenu les occupants par les moyens les plus divers. En ce qui me concerne, simple opposant au barrage, j'ai contribué à la fois au site de Collectif Testet et au site "Tant qu'il y aura des Bouilles".

Voilà pour la présentation du décor.

Maintenant, ce que je vais écrire dans ce texte l'est sous la réserve suivante: depuis novembre 2014, Ben Lefetey refuse de communiquer les requêtes introductives d'instance aux membres individuels de Collectif Testet qui les ont demandées ainsi qu'aux opposants des Bouilles. Pour refuser communication de ces documents de base aux adhérents, ce chantre de la démocratie a invoqué les "arguments" les plus fallacieux : qu'il fallait l'autorisation des avocats, qu'il ne fallait pas donner d'arguments à l'adversaire, "que n’importe quel probarrage/CACG peut être adhérent pour récupérer des infos." (sic) Or, il faut savoir que la procédure administrative est écrite, c'est à dire que les parties sont obligées de communiquer aux adversaires leurs mémoires devant le tribunal administratif. De sorte qu'à Sivens l'Etat, le Conseil général et la CACG ont les mémoires déposés par Collectif Testet alors que les simples adhérents de Collectif Testet ne les ont pas !

Que Ben Lefetey craigne que des juristes constatent que les dossiers ouverts en début d'instance n'aient pas été très bien défendus, cela importe peu depuis le mois d'octobre 2014. En effet, en octobre et novembre 2014, plusieurs arguments imparables ont été fournis aux requérants, clefs en main, pour faire annuler les arrêtés ou pour démontrer devant le juge administratif des référés qu'il y avait des doutes sérieux sur la légalité des décisions. Ce qui permet d'obtenir ce qu'on appelle la "suspension" de ces arrêtés, suspension qui permet elle-même d'accélérer les procédures en annulation...

Ces moyens de droit sont incontournables puisqu'ils ressortent dedocuments officiels, qu'il s'agisse du rapport d'experts commandé par Ségolène Royal ou de la mise en demeure-infraction N° 2014/2256 du 26 novembre 2014 de la commission européenne.

Ils sont si incontournables que nous venons d'apprendre par l'AFP (3 mars 2015) que la ministre de l'Environnement vient d'écrire au Conseil général du Tarn que "l’autorisation du projet initial est «soumise à un risque élevé d’annulation » par la justice administrative française"! Du jamais vu pour un ministre alors que les instances en annulation contre les arrêtés de l'Etat sont en cours.

Ce "risque élevé", certaines personnes le connaissent depuis fin octobre 2014. N'ayant pas alors de balance sous la main, j'avais pris moi-même... le risque de l'évaluer à "100%" dans mon entretien avec Nicolas Bérard (http://www.mediapart.fr/journal/france/031114/sivens-le-barrage-pourrait-etre-declare-illegal). Début novembre, en ma qualité de simple opposant au barrage, j'en avais informé Ben Lefetey, porte-parole-dirigeant de Collectif Testet, et j'avais alors demandé l'ouverture d'une procédure de référé, ce qu'avec France Nature Environnement il a refusé de faire comme on va le voir. 

Sans entrer ici dans les détails du rapport Forray-Rathouis, tous ceux qui l'ont lu savent qu'il est accablant pour les promoteurs du fameux barrage. Comme je l'avais indiqué à Médiapart début novembre, "l'insuffisance des études", qui est un moyen de droit souvent difficile à soutenir devant un juge, y est démontrée de la manière la plus nette. Il est écrit que le dossier a été monté  "sans réelle analyse des solutions alternatives possibles", "sur des données anciennes" et dépassées, en termes polis que "le contenu de l'étude d'impact est considéré comme très moyen, au-delà de la stricte question des solutions alternatives", qu'alors que la CACG faisait état de 81 bénéficiaires... "nous estimons que le nombre de bénéficiaires du barrage de Sivens se situant dans l’optique sécurisation/substitution est de l’ordre de 30" , chiffre qui apparaît aujourd'hui surévalué par rapport aux dernières études de terrain ! Et j'en passe...

Si Collectif Testet avait invoqué ce moyen de droit devant le juge des référés, imagine-t-on son adversaire, l'Etat, soutenir que le rapport Forray-Rathouis ne tenait pas debout, et que les études faites par la CACG pour ce barrage étaient un modèle du genre ? Alors qu'il est démontré qu'elles sont un parfait exemple de ce qu'il ne faut pas faire !

Et que dire du dimensionnement du barrage, sauf qu'il relève d'une "erreur manifeste d'appréciation" du maître d'ouvrage comme on dit en droit administratif. Rapport, page 3: "la mission conclut à une surestimation des besoins de substitution de l'ordre de 35%. Elle propose de ramener le volume contractualisable de substitution de 726 000 à 448 000 m3" 

Imagine-t-on l'Etat, auteur des arrêtés de DUP et de DIG, soutenir devant le juge des référés le contraire du rapport qu'il venait lui-même de commander ? Pourtant, les "opposants légalistes" ont décidé de ne pas se servir de ce rapport devant le juge des référés! Ce rapport qui concluait :" la mission souhaite que Sivens soit considéré comme un tournant dans la gestion de l’eau en Adour-Garonne, dernier projet d’une époque(souligné par moi) première étape d’une évolution majeure."

Et comme si cela n'était pas suffisant, la commission européenne a caractérisé les infractions à la directive européenne sur l'eau du 23 octobre 2000 dans sa mise en demeure du 26 novembre 2014. Cette mise en demeure de 18 pages détaille plusieurs infractions ! Accessoirement, elle revient de manière très précise sur l'insuffisance de l'Etude d'impact. Notez que cette question particulière, toujours invoquée par les requérants dans les dossiers de ce type, est très difficile à défendre devant le juge administratif qui refuse généralement de prendre parti dans les appréciations des uns ou des autres, faute de documents probants pour étayer les arguments. Mais à Sivens, il y a un document officiel pour la défendre ! Et les opposants légalistes ont aussi décidé de ne pas s'en servir devant le juge des référés!

Fin novembre, les opposants légalistes disposaient donc d'au moins trois motifs imparables pour obtenir une décision de justice en leur faveur. Alors qu'UN SEUL motif suffit légalement, ils ont décidé délibérément de ne pas le faire. Pourquoi ?

Pour une raison bien simple, qui ressort de nombreux communiqués et déclarations de Ben Lefetey et de FNE depuis novembre 2014: ils ont choisi une approche politicienne et partisane, celle du compromis, et cela malgré tout ce qui venait de se passer et malgré la mort de Rémi Fraisse. Exemples parmi tant d'autres : Ben Lefetey à l'AFP, 5 novembre 2014 :" "Un processus de négociations est lancé pour identifier un compromis de sortie de crise" ou, communiqué de Collectif Testet, 20 décembre 2014:"lors de l’entretien avec la Ministre hier midi, le Collectif Testet, France Nature Environnement et la Confédération Paysanne ont rappelé leur volonté d’aboutir à un compromis au plus tôt".

Pour FNE, si prompte à dénoncer chez les autres les conflits d'intérêts, l'affaire est entendue. Comment croire que cette fédération, financée essentiellement par l'Etat et certains de ses organismes sous tutelle, puisse pousser le bouchon et aller au bout d'un conflit dans lequel la responsabilité de l'Etat était si gravement engagée ?

(sur cette question voir: https://tantquilyauradesbouilles.files.wordpress.com/2014/12/limportance-et-la-nc3a9cessitc3a9.pdf )

Pour Ben Lefetey, il se trouve qu'il est ouvertement engagé chez Europe Ecologie avec le petit noyau dont il s'est entouré pour diriger Collectif Testet. Depuis début novembre, il utilise visiblement sa position de dirigeant de Collectif Testet pour entrer dans un jeu médiatico-politique. Il a abandonné la bataille juridique qu'il avait lui-même lancée. En novembre et décembre 2014, en lieu et place d'agir pour obtenir enfin une décision de justice favorable, il n'a eu de cesse que de mettre en avant l'action de Catherine Grèze, députée EELV, devant la commission européenne (action que nul ne conteste au demeurant). Le 19 novembre, il déclare (AFP Gazette des communes) :  « Je m’attends à ce qu’ils lancent [la commission] une procédure d’infraction » (...) « Cela arrangerait le gouvernement car tout le monde se renvoie la patate chaude et il pourrait alors dire que c’est Bruxelles qui a arrêté le projet ». Comme si Bruxelles pouvait arrêter un tel projet !

Dans un mail adressé collectivement aux Bouilles le 30 décembre 2014, pour justifier son refus d'agir en justice, il écrit :"Actuellement, Sivens s’est pris un rapport officiel critique et une infraction européenne, inutile qu’un échec au TA de Toulouse vienne redorer le blason du barrage !"(sic)

Ben voyons! Ayons peur d'utiliser de tels moyens de droit devant un juge !

Pourquoi maintenir l'action en justice alors ? Pourquoi même l'avoir engagée puisque les difficultés qui ont conduit à l'arrêt du chantier sont essentiellement les difficultés générées par les opposants activistes ?

Mais le sommet a été atteint quand nous avons appris qu'une demande d'abrogation des arrêtés avait été déposée le 21 novembre 2014, sans que l'association Collectif Testet et à plus forte raison sans que les autres opposants n'en aient discuté (par exemple à la "coordination" des opposants).

Stupéfaction quand nous avons fini par apprendre, après plusieurs demandes, le 4 décembre, que cette lettre était signée par FNE national (qui n'est pas partie aux procès de Sivens!), FNE Midi-Pyrénées et surtout par Ben Lefetey "au nom de Collectif Testet"! (sic) Alors que personne n'en avait discuté en assemblée de l'association, alors que les instances en annulation étaient en cours, ce chantre de la démocratie a bien signé une lettre au préfet lui demandant d"Abroger sans délai toutes les autorisations administratives que vous avez délivrées sur ce projet, entachée d’évidentes erreurs d’appréciation : une telle décision apparaît comme la seule envisageable pour restaurer la confiance des citoyens envers l’appareil étatique" .

De nombreux opposants se sont émus de cette démarche ahurissante qui a généré une grosse polémique.

voir:https://tantquilyauradesbouilles.files.wordpress.com/2014/12/le-point-sur-la-situation-juridico.pdf

Des explications ont été demandées à Ben Lefetey.

Aucune explication ou justification valable n'a pu être donnée depuis début décembre 2014.

Et pour cause :

Dès lors qu'une instance en annulation d'une décision est en cours ET que cette instance a toutes les chances d'être gagnée, il ne peut y avoir qu'une raison pour le demandeur de demander l'abrogation de la décision : un arrangement entre les parties ou un projet d'arrangement entre les parties !

Une telle demande d'abrogation pourrait, certes, relever d'une grave incompétence de quelque requérant agissant sans avocat (je plaisante un peu... mais ça c'est vu), mais quand on note que cette demande a été cosignée par Denez L'Hostis, président de FNE national, et cautionnée par au moins un avocat (qui certes a été jadis salarié de FNE - là je ne plaisante pas...) on peut penser qu'elle est délibérée. FNE étant subventionnée chaque année à hauteur de plus de 1 million d'euros par le seul ministère de l'Environnement, on peut aussi comprendre la démarche...

Fort heureusement, sans accord formel du Conseil Général et de la CACG, une telle demande ne pouvait aboutir. C'est ce qui s'est passé en décembre 2014. FNE et Ben Lefetey savaient ce qu'ils voulaient labourer mais ils avaient mis la charrue avant les bœufs... D'où la situation depuis 3 mois.

Nous sommes début mars 2015, le Conseil général vient de décider la construction d'un barrage plus petit à Sivens, qui va tout de même porter gravement atteinte à la zone humide du Testet qui était une des zones humides les plus intéressantes du Tarn.

Ben Lefetey va sortir un livre ... préfacé par José Bové, dont le titre comprend le mot "démocratie". Une association que je ne nomme pas par courtoisie propose "Un reçu fiscal pour déduire de vos impôts 66% du montant de votre don" s'il est supérieur à 50€, avec en prime le livre de Ben Lefetey et des autocollants... On ne perd pas le nord chez Lefetey.

Depuis novembre 2014, FNE a fait plusieurs appels aux dons et adhésions en invoquant explicitement la mort de Rémi Fraisse et les actions en justice à engager, alors que Rémi Fraisse était à Sivens à titre individuel avec ses amis les 25-26 octobre, à une manifestation à laquelle FNE Midi Pyrénées n'avait pas appelé, et alors que FNE a refusé d'agir en justice depuis novembre! On ne perd pas le nord non plus chez FNE. Vous me direz qu'il se vend sur internet des dessins dédicacés gratuitement pas Cabu.

Depuis novembre, dans les conditions qui viennent d'être évoquées, aucune décision favorable n'a été rendue par le juge administratif en faveur des opposants, de sorte qu'on a pu entendre des élus tarnais et la FNSEA nous chanter le refrain de "l'Etat de droit", eux qui n'ont rien dit (bien entendu) quand le barrage de Fourogue a été construit en toute illégalité en 1997 malgré les décisions de justice (voir mon articlehttp://www.liberation.fr/politiques/2014/11/02/l-etat-de-droit-a-geographie-variable-de-morlaix-a-albi_1134663).

Depuis novembre, MM Folliot et Valax ont pu rabâcher que les opposants ne pouvaient pas contester des décisions qu'ils "avaient prises légalement". "Tous les décideurs savent dorénavant qu’un projet administrativement, financièrement et juridiquement bordé peut être arrêté par la volonté d’une minorité agissante appuyée par des casseurs, et ce, malgré le rejet des procédures intentées contre lui" déclarait M.Folliot à l'Assemblée Nationale le 26 nov 2014...

Pourtant, MM Folliot, Valax et autres ont abandonné en chœur aujourd'hui le fameux dossier si bien "financièrement et juridiquement bordé". Vu l'état des lieux à Sivens, où tout a été rasé, on peut dire qu'ils ont capitulé en rase campagne devant l'Etat !

La FNSEA a répandu tranquillement en ville des tonnes de fumier et de lisier...

Ces jours ci, elle a barré les routes dans la région de Sivens en violation flagrante de l'article L412-1 du code de la route (délit d'entrave). Ses adhérents ont empêché des habitants de la région de circuler librement sous l'œil complaisant des forces de l'ordre. Ils ont fait le coup de main pour expulser les zadistes de terrains... qui ne leur appartiennent pas (pas plus qu'ils n'appartiennent aux zadistes c'est vrai aussi!), pour un barrage qui ne les concerne pas directement pour la plupart.

On peut entendre partout dans les médias que la vingtaine d'agriculteurs qui devaient bénéficier du barrage prévu pour 8,5 millions d'euros sont devenus "les agriculteurs". Oui, ces 20 personnes sont "les agriculteurs" en général, ce qui est très fort j'en conviens et qui ferait exploser le budget de la nation si on appliquait aux agriculteurs le coût du barrage de Sivens par agriculteur concerné. Très fort. Aussi fort que la fameuse phrase"les agriculteurs ont besoin d'eau", qui devrait permettre d'avoir saccagé Sivens et surtout de pouvoir faire n'importe quoi ailleurs, d'où la présence à la manifestation d'Albi du 15 novembre 2014 d'agriculteurs du Gers, des Landes, du Lot et Garonne, etc

Comme il n'y a pas eu de décision de justice en faveur des opposants, depuis novembre et encore plus ces derniers temps, des conseillers généraux et la FNSEA ont pu claironner qu'il fallait défendre "l'Etat de droit", en tout cas le leur.

Ce sont Ben Lefetey et FNE qui leur ont donné le pavillon du clairon. Ils avaient l'embouchure depuis longtemps.

Continuité écologique : quel avenir pour les espèces amphihalines ?

Après avoir évité les filets de la surpêche, les prises illégales (qui s’élèvent à plusieurs dizaines de millions de tonnes/an) puis résisté aux pollutions diverses, de retour en eau douce, les poissons migrateurs survivants pourront-ils échapper à un ultime prédateur redoutable?

Le silure

Le silure (silurus glanis) est le plus gros poisson carnassier des eaux continentales de nos régions et d'Europe. Les variations de couleur de sa robe, du vert olive au gris anthracite uni ou moucheté, sa face ventrale blanchâtre et ses barbillons lui donnent un air de famille avec le poisson-chat. Ils appartiennent, en effet, tous deux à l'ordre des siluriformes, mais leur taille sont sans commune mesure. À 20 ans, les plus beaux spécimens de silures peuvent atteindre des tailles de 2,50 m pour un poids de 100 kg. Récemment, un spécimen de 2,67 mètres pesant 127 kg a été pêché dans le Pô.

silure 00

Présent en France jusqu'à l'ère quaternaire, le silure en disparaît, pour ne plus se trouver que dans les cours d'eau d'Europe Centrale. Son retour dans les eaux françaises remonterait aux années 1970 où il a été volontairement réintroduit.

Le silure se rencontre désormais dans la quasi-totalité des rivières, lacs et plans d'eaux des réseaux hydrographiques. Il aime de préférence les eaux calmes, profondes et turbides, dans lesquelles il évolue essentiellement au crépuscule et de nuit. Ses capacités d'acclimatation et d'adaptation sont très grandes.

C’est un chasseur terrifiant doté d’un appétit féroce si l’on en juge les analyses de contenus stomacaux: poissons, rongeurs, cormorans et autres oiseaux sont aux menus de ce glouton. Inutile de préciser qu’il ne fait aucune distinction entre le statut de ses proies, protégées par l’homme ou non et qu’il ne respecte aucun quota administratif. Tout est bon.

Les silures affectionnent les abords des passes à poissons des barrages créées pour les poissons migrateurs. Ces sites sont d'extraordinaires terrains de chasse ! Aloses, lamproies, saumons et anguilles, font l'objet d’une prédation forcenée.

silure 01

Le silure atteint sa maturité sexuelle à 3-5 ans, lorsqu'il mesure environ 50 à 60 cm pour un poids de 2 kg. La reproduction nécessite des eaux à 20 °C pendant deux à trois mois. La femelle pond de 20 000 à 30 000 œufs par kilo de son propre poids.

L'accouplement, à proximité d'une berge à forte pente, bordée d'arbres aux imposantes racines, est un véritable ballet. La femelle danse autour du mâle. Lui se contorsionne, masse, malaxe le ventre de la femelle pour l'aider à expulser les ovules. Simultanément, le mâle les féconde. Les œufs se collent alors à la végétation du trou choisi comme nid par les parents. Puis, la femelle disparaît pendant trois jours durant, laissant le soin à son « compagnon » de garder la couche. À son retour, il partira vivre sa vie.

Les populations de silure ne cessent de croître

On aurait aimé imaginer qu'après la colonisation galopante, un nouvel équilibre se créerait... mais il n'a pas de prédateur.

L'administration et les scientifiques tergiversent depuis longtemps sur le statut à lui appliquer : faut-il ou non l'inscrire sur la liste des espèces susceptibles de provoquer des déséquilibres ?

Aujourd'hui, les déséquilibres sont là.

Dans les plans d'eau privés, les propriétaires n'ont pas attendu que la biodiversité piscicole disparaisse pour prendre des décisions énergiques : le silure est régulé.

Dans le domaine public fluvial, le processus de décisions est extrêmement lent. D'autant plus que les scientifiques consultés par l'administration ne sont pas toujours unanimes. Les pêcheurs non plus!

Depuis la fin des années 1990, le silure constitue une part importante des captures des pêcheurs du Rhône, de Saône et du Doubs. Il est aussi un habitué des filets des pêcheurs de la Loire et de la  Garonne.

D'un peu moins de 12 tonnes en moyenne capturées entre 1999 et 2002, ce sont près de 30 tonnes et demie qui ont été pêchées en 2009.

Actuellement, les pêcheurs professionnels du Rhône, conformément aux arrêtés préfectoraux ne ciblent plus les poissons gras dans les secteurs touchés par les contaminations aux PCB. Ces molécules chimiques ont en effet la mauvaise faculté de se nicher dans la graisse des poissons. Dans ces zones, faute d'être pêchés, les silures prolifèrent.

silure 02

Ses atouts

Vitesse et ruse sont ses armes de chasse. Dans un cas, il use de sa rapidité pour fondre sur ses proies à la vitesse du projectile de la catapulte. Dans un autre cas, il agite ses barbillons à la manière de tortillements de vers, laisse les imprudents s'approcher, lesquels, une fois à portée de sa gueule grande ouverte, presque aussi large que sa tête aplatie, sont aspirés avec force en plus de 10 à 30 litres d'eau !

Le silure est devenu un poisson trophée. Comme les "carpistes", les "silureux" sont addicts à l'adrénaline que procure la lutte contre un silure de 10, 20, 50 kilos. Le tourisme pêche s'en réjouit financièrement et n'est, bien sûr, pas favorable à une quelconque limitation de l'espèce.

Côté commercialisation, nombre de pêcheurs professionnels vendent leurs silures en vente directe sous forme de filets, cela permet aux consommateurs de ne pas voir la tête de la bestiole et d'obtenir une chair blanche et sans arêtes. Ainsi préparée, elle est exceptionnellement facile à cuisiner. En effet, contrairement aux filets de la plupart des poissons qu'ils soient d'eau douce ou de mer, les filets de silures sont d'une excellente tenue à la cuisson et se cuisent comme un steak. On pourrait les classer dans la catégorie des « plats de tous les jours », économiques et diététiques. Certains chefs savent si bien préparer le silure qu'il en devient un plat de festin.

Conclusion

Le silure, réapparu en France vers 1970, semble promis à un bel avenir. Curieusement, la responsabilité de ce prédateur monstrueux n’est jamais invoquée -pas plus que la pollution- dans une des raison de l’effondrement des stocks de poissons migrateurs. L’administration a décrêté que les moulins, installés depuis des siècles, étaient "coupables". Un dogme qui n'arrive cependant pas à convaincre.

 

source : Comité National de la pêche professionnelle en eau douce

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La nature, le nouvel Eldorado de la finance

Marchandiser la nature par ceux-là même qui l’ont martyrisée est une réponse aux souhaits socio-écologiques qui s’expriment depuis la fin du 20ème siècle. L’expression sociale qui milite à bon escient en faveur de la protection de la nature et qui fait écho, au 21ème siècle, a conforté l’idée chez les financiers de développer ce marché illimité en termes de volumes et de cours: « vous voulez de la nature ? Nous pouvons vous la vendre ; vous exigez des labels ? Nous allons en créer des centaines ». La nature devient le nouvel Eldorado de la finance.

Cette prise de conscience environnementale s’est retournée contre ceux qui la prônent...  et contre la nature qui pourra continuer à être durablement pillée.

Les défenseurs de la nature dont nous sommes, se sont fait rouler dans la farine en trois actes:

  • une phase pillage et destruction

Nous avons observé une récolte forcenée des ressources naturelles (bois, poisson) et l’extraction intensive de toutes les matières premières au mépris des impacts environnementaux depuis le milieu du 19èmesiècle,

  • une phase hautement spéculative: les permis de polluer

La marchandisation d’actifs immatériels. Les normes de protection consécutives à la raréfaction suscitent l’idée de marché financier. Car il s’agit bien d’un marché de services virtuels, créé uniquement à des fins spéculatives. Le paroxysme du business : vendre du vent et de l’eau présumés biens communs… Le marché des crédits-carbone et ses fabuleuses dérives financières, sans gain environnemental, a ouvert de belles opportunités. Plus-value et opportunités de fraude (à la TVA notamment) attisent l'intérêt: le principe est simple: acheter des "bons" à l'étranger et les revendre en France majorés de TVA. La taxe encaissée étant conservée, le greenbusiness est intéressant...mais la perte pour Bercy s'élève à quelques milliards d'euros.  La prochaine perspective, car les marchés ont toujours un coup d’avance : développer des produits financiers attachés aux règles de protection ("ce qui est protégé devient cher") : faune, flore, espèces. La baleine, l’ours blanc, l’éléphant, l’abeille…et pourquoi pas un coin d'océan (une aire marine protégée), ou l'eau d'un tronçon de rivière sauvage, par exemple. Les écologistes au service des marchés spéculatifs juteux; c'est assez cocasse. En poussant les prospectives cyniques, il serait financièrement opportun de continuer à polluer la ressource (air, eau) et à raréfier les espèces pour en augmenter la valeur marchande.

  • une phase "compensation": les permis de détruire

Le concept initial de "compensation" semblait louable, mais les effets apparaissent éminemment pervers : il autorise et donne l’absolution aux projets qui invalident l’environnement de pouvoir quand même être réalisés. Le maître d’ouvrage, au prix d'un surcoût, a l’autorisation de mettre en oeuvre son projet en zone humide ou de détruire une forêt. Le budget dédié au fonds de "compensation" est d'abord englouti dans des frais d’études dispendieux, puis dilué chez les maîtres d’œuvre successifs. Le solde va enfin à l’opération de "compensation" proprement dite.

La supercherie consiste à faire croire qu’il y a compensation environnementale effective. Or, quand un écosystème est détruit, on ne le reconstruit pas ailleurs, surtout avec un cahier des charges plus soucieux de normes industrielles que d’écologie.

Ce qui est perdu l’est bel et bien...En outre, le territoire national n'est pas extensible: les travaux compensatoires sont bien menés dans secteur réputé "moins intéressant" (lande, parcelles abandonnées par l'agriculture) mais qui fonctionnait avec son propre écosystème et ses espèces inféodées.

Epilogue

Le responsable est l’homme: ingénieux, cupide et cynique. Sur ce facteur, rien ne changera. Il serait naïf de l'ignorer.

La destruction des écosystèmes continentaux et halieutiques, la diminution considérable de la biodiversité, sont des pertes irrémédiables que l’homme commence à payer très cher (santé publique, famines).

Ce pillage des ressources et les pratiques non durables vont se poursuivre jusqu’à l’asphyxie des milieux auxquels on inflige une charge supérieure à leurs capacités auto-épuratrice ou de production.

La nouveauté, ces pollutions et ces agressions interviendront désormais dans un cadre bien normé avec l'objectif de "rendement financier maximum durable". Tout ira donc mieux.

 

http://www.documentaires-streaming.com/nature-le-nouvel-eldorado-de-la-finance/

arté_Nature le nouvel eldorado

 

photo: boisement compensateur (NB: tous les boisements compensateurs sont réalisés conformément aux normes de la sylviculture industrielle)

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Les moulins responsables de la mortalité des espèces piscicoles ?...rien n’est moins sûr.

La rhétorique habituelle qui accuse les ouvrages sur les cours d’eau de tous les maux de l’eau, a manifestement du plomb dans l’aile.

Elle n'est pas crédible.

Malgré tout, le propriétaire d’un moulin qui programme des travaux se voit imposer par la DDT -sur inspiration/obligation de l’ONEMA- une "pêche de sauvegarde", même pour un petit bief, même pour pour un bief de 30 mètres de long.

Celle-ci est motivée par la sacro-sainte "préservation des espèces piscicoles" sur le tronçon court-circuité du cours d’eau, objet des travaux.

Cette pêche électrique permet de récupérer quelques poissons accompagnés d'écrevisses californiennes (espèce invasive).

Nous pourrions comprendre ces préoccupations légitimes sur la conservation des espèces piscicoles si des prescriptions spécifiques s'appliquaient aussi aux autres facteurs impactant les peuplements:

- à la surpêche qui a un impact considérable sur les stocks. Elle décime en mer les espèces amphihalines précieuses aux yeux des pêcheurs... qui curieusement ne s'y intéressent uniquement quand les survivantes arrivent en eau douce,

- au braconnage et la pêche illégale qui exercent une ponction importante,

- aux peuplements naturels dulçaquicoles originels, martyrisés  dans le total irrespect des écosystèmes. Des empoissonnements-alevinages irraisonnés, souvent bien supérieurs en quantité à ce que le milieu n'était capable de supporter pour répondre aux souhaits artificiels de la pêche de loisir,

- aux oiseaux piscivores protégés responsables d'une prédation irrépressible... sur  les espèces piscicoles protégées,

- aux pollutions diffuses qui provoquent régulièrement, la mortalité de tonnes de poissons qui s’échouent dans les grilles des moulins…

- enfin les pêches électriques et la préoccupation des espèces piscicoles devraient s'appliquer aussi avec la même rigueur au maître d'oeuvre public: voir cet article ci-dessous, ou un exemple sur un bras du cher de 10 mètres de large (tous les poissons sont morts), ou enfin lors des les pêches d' étangs publics qui se soldent très souvent par des tonnes de poissons morts, destinés à l’équarrissage,

Cette analyse multicritères permettrait de disculper les moulins, pourtant déclarés ipso facto coupables…mais peut-être pas tout à fait aussi responsables que le dogme le prétend?

nous reproduisons ci-dessous un article de presse:

 

la rep.fr (45)

Gâtinais

LOIRET > GÂTINAIS > SAINT-LOUP-DE-GONOIS 26/01/15

300 kilos de poissons morts dans la rivière Cléry

Plusieurs centaines de kilos de poissons morts ont été repêchées dans la Cléry, sur le canton de Courtenay.

Plusieurs centaines de kilos de poissons morts découverts dans la Cléry, à Saint-Loup-de-Gonois, dans le canton de Courtenay.

À deux mois de l’ouverture de la pêche et alors que de nombreux troupeaux d’ovins et de bovins paissent sur les bords de la rivière, l’affaire pourrait prendre de l’ampleur si les causes de la pollution ne sont pas rapidement élucidées.

poissons morts

« Je les ai récupérés avec une épuisette ». C’est le propriétaire du moulin de la Haie, à Saint-Loup-de-Gonois, qui, jeudi, a donné l’alerte. « Des dizaines de poissons étaient plaqués, le ventre à l’air, contre la grille qui protège une turbine hydraulique », raconte M. Lambert. « Je les ai récupérés avec une épuisette. Il y avait de tout : des truites arc-en-ciel et fario, des carpes, des tanches, des spécimens, parfois, de plusieurs kilos et 40 centimètres de long. »

Immédiatement prévenu, le maire de la commune, Alain Martinez, a alerté les autorités avant d’aller parcourir les berges de la Cléry où, à son tour, il a observé plusieurs dizaines de poissons morts. Depuis, plus de 300 kg de poissons morts ont été repêchés et enterrés par des agents municipaux.

Des techniciens de la délégation interrégionale de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (ONEMA) auraient procédé, vendredi, à des prélèvements sur plusieurs poissons, aux fins d’analyse.

Acte malveillant, rejet accidentel d’une entreprise des zones d’activité de Courtenay ou d’une exploitation agricole, incident de forage pétrolier ?

Les élus du canton de Courtenay s’interrogent et sont d’autant plus inquiets qu’ils n’ont toujours pas reçu d’informations de la part de la sous-préfecture de Montargis.

« Nous sommes tenus dans l’ignorance »

« Je ne sais pas quelle attitude adopter », déplore Alain Martinez. « Des poissons morts, c’est une alerte. Ça veut dire que la rivière est polluée et que des mesures sont à prendre pour protéger le bétail et les animaux domestiques, informer les pêcheurs… Or, nous sommes tenus dans l’ignorance la plus totale. »

Il y a un peu plus d’un mois, des pêcheurs curtiniens avaient signalé la présence de quelques poissons morts dans la Cléry, entre Courtenay et Saint-Hilaire-les-Andrésis. Depuis, aucune autre information de ce type n’était parvenue aux sociétés de pêche.

Michel Rosso

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Les Princes de l’eau au 21ème siècle

L’Etat a ponctionné 28 millions d’euros dans la caisse de l'Agence de l'Eau Loire Bretagne  [document PDF ici > BUDGET_AELB_2015] . Malgré ce prélèvement édicté par la loi de finances, l’Agence « dispose encore des moyens nécessaires pour réaliser ses missions 2015 ».

traduisons :

1) cette ponction serait donc avisée, de l’aveu même de l’Agence de l’eau qui peut encore et malgré tout « assurer ses missions »,

2) sans ce prélèvement dans la cassette de l’Agence Loire Bretagne, ce sont donc 28 millions qui auraient été inexorablement gaspillés en pure perte ?

 La saisie aurait-elle pu être plus importante?

Soyons magnanime en ne cherchant pas à stigmatiser les dépenses de fonctionnement : des récompenses par-ci, des appels à projets par-là, des réunions dans les palaces les plus onéreux de la région, des déjeuners offerts aux participants (pour qu’il y ait au moins des participants hors salariés aux réunions)…passons, le contribuable paye !

Mais quelques chiffres nous interpellent :

> restauration et gestion des milieux = 28,4 millions d’euros

et tous les jours, nous observons des dépenses dispendieuses sans impact significatif sur la qualité de l’eau.

> connaissance environnementale = 12,5 millions d’euros

ce qui sous-entend clairement que des règles dogmatiques auraient été édictées sans connaissances scientifiques robustes?

 Au niveau national ?

La gabegie financière ne serait pas l’apanage de l’Agence Loire Bretagne. Nous avons connaissance d’un PPRE à 9 182 542€ pour quelques kilomètres d’une rivière dans le bassin Seine-Normandie…un scénario national aux exemples innombrables.

 Les deux questions qui devraient s’imposer aux autorités en charge de l’eau

- une étude  analyse-coût-avantage (ACA) est-elle menée avant toute intervention?

- la qualité de l’eau s’améliore-t-elle ?

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La face sombre du WWF : le saumon…mais pas que

En 2012, le journaliste allemand Wilfried Huismann a publié son enquête sur le WWF en Allemagne et elle a eu un grand retentissement. Il a rencontré des dirigeants du WWF. Il a aussi reçu de nombreux témoignages d’anciens membres de l’organisation -ou actuels- sur le malaise que suscitent en son sein les liens étroits qu’entretient le WWF avec les grandes multinationales, y compris celles qui sont considérées comme les plus grands pollueurs et destructeurs de l’environnement.

Il ne met pas en cause la sincérité des salariés de l’ONG, et il reconnaît que le travail de terrain peut être respectable.

 

Une stratégie accablante: la course aux financements

WWF ferme les yeux sur les pratiques du groupe Marine Harvest n°1 mondial du saumon. Les côtes du Chili sont sinistrées...Les plus hautes instances du WWF négocient avec de grandes sociétés multinationales et les contestent de moins en moins, au point de couvrir voire de favoriser l’expansion de pratiques inacceptables. Il analyse ainsi les rapports avec Coca Cola, les liens avec les défenseurs de l’apartheid, avec Monsanto et les grands producteurs d’huile de palme et de soja. Il confronte les intentions affichées par le WWF avec les réalités sur le terrain. Or, toutes les enquêtes de terrain menées par W. Huismann montrent que les entreprises liées au WWF ne respectent pas leurs engagements… pourtant bien limités. Malgré ces constats alarmants, le WWF continue de prétendre qu’il contribue à l’amélioration des pratiques de ces grandes sociétés, en Afrique, au Mexique, au Brésil, en Argentine, en Inde et en Indonésie. L’enquête montre qu’elles poursuivent la déforestation, la destruction des sols, des ressources en eau. Elles sacrifient des communautés indigènes et paysannes et le WWF soutient cette politique, malgré ses engagements en faveur des droits des indigènes.  

Loin de contribuer à la protection de la nature et des populations qui en vivent, selon W. Huismann, le WWF couvre les turpitudes et les pratiques scandaleuses des sociétés qui le financent.

Pire, il permet ainsi à ces multinationales d’étendre leurs activités destructrices, comme en Indonésie, au Chili ou en Argentine.

Vendre son honneur est une chose. Ces collusions financières portent un préjudice inestimable et irréversible à l'environnement.

A l'époque cruciale où les ONG auraient pu infléchir certaines pratiques, WWF laisse les process industriels s'emballer.

 

Wilfried Huismann, Pandaleaks : The Dark Side of the WWF, éd Nordbook, Bremen, 2014, 260p

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