Pisciculture et continuité écologique : Dr. Jekyll et Mr. Hyde

Un bras de la pieuvre géante qui habite l’Etat s’appelle le Ministère de l’Agriculture : c’est le Dr. Jekyll.
Le bras voisin est le Ministère de l’écologie : c’est Mr. Hyde.
Un bras de cette pieuvre psychopathe serait censé promouvoir la pisciculture d’eau douce.
Or, Mr. Hyde ne jure que par la continuité écologique.
Cette dichotomie entre le Ministère de l’agriculture et le Ministère de l’écologie n’est pas du tout sensible à Paris, qui n'a pas pris la mesure des enjeux contradictoires. La pisciculture française est en net déclin, le potentiel de production est notoirement sous exploité, la croissance mondiale  est à deux chiffres depuis 25ans… et nous devons avoir recours à des importations pour satisfaire les marchés.
Cette dichotomie devrait poser des interrogations dans les services déconcentrés: la DDT est en effet seule à faire appliquer sur un même dossier des règles censées satisfaire l’intérêt général, et le dogme de l’autre.
Force est de constater que Mr. Hyde fait pencher le fléau de la balance avec ses préceptes immatériels.

 

  • La DDT devrait-elle mener une double vie ?

Ø  Au titre de l’agriculture et de l’alimentation, la DDT pourrait renouveler toutes les autorisations trentenaires (en y apportant quelques prescriptions légitimes liées à la préservation du milieu naturel) et susciter la création de piscicultures pour répondre aux enjeux auxquels la France est confrontée : autosuffisance alimentaire, réduction de l’énorme déficit de la balance commerciale des produits aquacoles…

.Ø  Au titre d’une prétendue écologie, la DEB (Direction de l’eau et de la biodiversité) lui suggère fortement, circulaires à l’appui, de détruire tous les seuils de moulins et d'assécher tous les étangs de France, outils pourtant indispensables pour satisfaire sa mission première.

Elle devrait, à l’aune des enjeux, rejeter cette altérité. Mais refouler ses recensions et ses émotions sur chaque dossier peut conduire à la schizophrénie.

Elle a trouvé le remède : entre l'activité économique millénaire besogneuse mais silencieuse du Dr. Jekyll qu’il conviendrait de promouvoir, et un dogme né avec la LEMA 2006 porté et vociféré par une "poignée de penseurs", la DDT a choisi la voie de Mr. Hyde qu’elle applique, avec zèle.

  • Les retours d’expérience

Mr. Hyde se gausse et aime se vanter dans les médias. Il s’empresse de publier ses turpitudes qu’il baptise "retours d’expérience". Il n’est rien d’analyse multicritères et encore moins "d'expériences" : il s’agit simplement de comptes-rendus servant de propagande pour légitimer ses prochaines dépenses… sans gain environnemental qu’il est bien incapable de prouver.

  • Les préjudices

La lecture peu clairvoyante des besoins et les diagnostics funestes de la pieuvre, incapable de répondre aux enjeux, créent un préjudice considérable à l’Etat :

  • dans un plateau très chargé : les énormes dépenses de Mr. Hyde au titre de la continuité écologique,
  • dans l’autre plateau vide : une production de richesses en berne, une absence de rentrées fiscales, une augmentation des déficits de la balance commerciale liés aux importations.

La balance plombée, bascule avec son socle dans le néant. Telle est notre situation en 2016 pour les usages potentiels de l’eau.

  • Epilogue provisoire

Depuis le 21ème siècle, un bras écologiste de la pieuvre a pris du poids médiatique au détriment des autres : agriculture, pisciculture, économie, transition énergétique, industrie.

  • Prospectives

En 1886, le Dr. Jekyll était parfaitement conscient d'un nécessaire équilibre dans la dualité. Fort des constats de duplicité de la situation, en face de "double" il commentait dans ses notes: "échec total".

Mr. Hyde qui a pris temporairement l’ascendant, constatera trop tard, de son comportement mortifère.

La pieuvre, réputée intelligente, va-t-elle imaginer un renflouage du Dr.Jekyll ? Rien d'impossible: l’Etat, qui n’en est pas à une contradiction près, pourrait susciter prochainement la reconstruction à grand renfort de subventions tout ce qu’il a fait détruire avec des fonds publics au début du 21ème siècle.

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Surenchère des pseudo-environnementalistes

Un pseudo-environnementaliste est un individu à grandes œillères qui, pour résoudre un petit problème, préconise des interventions bien plus invalidantes pour l’environnement que l’impact du facteur à résorber, qui plus est, en faisant engager des dépenses dispendieuses d’argent  public.

.Le cas de la renouée du Japon est assez édifiant.

De nombreuses méthodes de lutte ont été imaginées mais elle n'ont produit aucun résultat significatif. Les plus simples, celles de bon sens, ont été oubliées.

Quels sont les réels problèmes?

- défaut systématique de prise en compte de l'ACA (analyse-coût-avantage) avant tout diagnostic,

- l’impact de la renouée est évident, mais elle peut aussi avoir des avantages. Or, le bilan n’a jamais été étudié. La catéchisme la stigmatise sans chercher plus loin, point.

- emploi d’engin mécaniques = contribution aux émissions de GES...le prétendu remède semble pire que le mal,

- utilisation de bâches = produit pétrolier jamais récupéré qui, tôt ou tard alimente l’océan de plastique.

- très accessoirement, en cette période de récession budgétaire = efficience des dépenses publiques. Collectivités territoriales, subventions Etat-UE, Agences de l'eau. L' argent coule à flots... mais la renouée se développe partout.

La question préalable à se poser avant d’émettre tout diagnostic : le recours à ces engins et ces matériaux pourrait-il nuire aux écosystèmes ? En d’autres termes : quelle est l’empreinte écologique de la technique préconisée ?

renouéé

Ces bâches, une fois déchiquetées termineront leur vie dans l'océan; photo ARRA

 Une première idée calamiteuse : "arrachage à la pelle mécanique, enterrement et recouvrement par une bâche"

Nous reproduisons ci-dessous un extrait d’un article de presse. On peut ajouter, dans le même type de démarches: la mise en décharge, pire, le comblement de gravière. N'a-t-on vraiment rien d'autre à mettre en décharge? N'existe -t-il pas d'autres options de valorisation des gravières? Cette vacuité cérébrale est affligeante.

 « NIÈVRE > GRAND NEVERS > COULANGES-LÈS-NEVERS 26/07/14

Les travaux de restauration écologique de la Znieff des Prés de Coulanges, se poursuivent sur ses 18 hectares. Les opérations de défrichage et d'aménagement sont effectuées par les employés de l'Anar.

Des agents du CPIE Bourgogne (Centre Permanent d'Initiative Environnement) sont venus prêter main-forte à l'équipe, pour combattre une espèce végétale envahissante: la renouée du Japon.

Sa destruction demande des méthodes et des précautions particulières.

Intervention du CPIE

Depuis quelque temps, le Centre permanent d'initiatives pour l'environnement (CPIE) expérimente une méthode radicale, mais assez laborieuse. Il arrache la plante avec des engins mécaniques, l'enterre sans déborder l'espace et recouvre la zone, pendant plusieurs années, d'une bâche opaque, amarrée au sol. La plante étouffée doit disparaître. Si des jeunes pousses arrivent à percer ce revêtement synthétique, les agents municipaux devront les arracher et les détruire. Des saules pourraient être plantés sur la zone. Ces travaux sont subventionnés à 80 %.

Pour cette première, plusieurs élus, dont Michèle Thomas adjoint au maire, étaient présents sur les lieux, accompagnés par leur collègue d'Urzy, Daniel Chalençon, conseiller communautaire, intéressé par la méthode. Magali Blondeau et Mathieu Parmentier, techniciens du Bassin-versant de la rivière Nièvre ont également assisté aux explications fournies par les intervenants du CPIE ».

 

Nos questions : combien de millions de tonnes de bâches jamais récupérées ont-ils été déposés dans la nature depuis 1990 ? Quelle étude scientifique préconise-t-elle cette mesure "corrective" ? Une bâche, qui plus est dans une ZNIEFF, est-elle plus favorable à la micro faune du sol et aux insectes qu’une espèce végétale? Quelle surface occupe la renouée dans les espaces publics ? Seront-ils tous bâchés ? Un taux de subvention élevé légitimise t-il à lui seul une technique dépourvue de bon sens?

 

Une seconde idée: "le broyage-concassage du substrat"

Une technique lourde et onéreuse donc, ipso facto, réputée "sérieuse" est proposée semble-t-il depuis quelques années : le broyage-criblage-concassage. C'est la surenchère!

Les curseurs sont poussés d’un cran en termes HQE (Haute qualité environnementale).

L’huile de coude ou la dent de l’animal apparaissent plus que jamais archaïques: il faut du lourd…et la facture suit.

Nous n’allons pas nous éterniser à développer les griefs attribués à ces méthodes : tant qu’il y aura des maîtres d’ouvrages crédules qui consentent à payer… des candidats arrivent pour profiter de cette manne.

Mais il n'est pas certain du tout que le bilan environnemental soit calculé de manière exhaustive. En tout état de cause, le fait que ces techniques s'arrogent "l'environnement" constitue une belle supercherie car elles n'ont strictement rien d'écologique.

 

Une idée de grand bon sens: le pâturage

Nous l’avons déjà écrit : le combat contre la renouée est plus simple que celui mené en son temps contre le chardon.

Concernant la renouée, dans les terrains accessibles il faut engager un arrachage précoce et à défaut, un recépage manuel très fréquent ou un pâturage régulier pour affaiblir les rhizomes. Si tel n’est pas le cas, inutile de se lamenter elle continuera à se développer. Un fauchage annuel n'a strictement aucun effet. Et dans les zones inaccessibles, fichons lui la paix.

Ce qui est qualifié "d’expérimentation" dans l'article de presse reproduit ci-dessous est une solution à développer. On semble y découvrir deux choses :

- les qualités fourragères de la renouée, alors que l'on sait qu'elle est comestible,

- les animaux peuvent être nourris tout simplement par le pâturage, alors qu'il s'agit d'une pratique plurimillénaire.

 

« Gestion pastorale. Arrivée de deux chèvres des fossés sur le ru de la Gondoire (Valmaubuée) 16/10/2013

C’est une expérimentation qui se déroulera sur deux mois avec un changement de site selon les besoins. L’objectif est l’élimination d’une plante invasive : la renouée du Japon. Chaque chèvre en mange environ 10 kg par jour. Un prestataire est en charge de l'ensemble des soins, amène les chèvres le matin et les retire le soir.

Cette action est menée en partenariat entre la Communauté d’agglomération et Initiatives 77 (agence départementale d’insertion). Cela s'inscrit dans le cadre de la politique de gestion pastorale des espaces verts initiée par la communauté d’agglomération.

La gestion pastorale fait partie des actions initiées par le schéma de cohérence et d’orientation paysagères (SCOP) ».

 

"Tout ce qui est excessif est insignifiant". L’extraordinaire dérive sémantique qui s’adresse à la renouée nous semble superfétatoire dans la mesure où elle se trouve à 95% sur des terrains publics. Par défaut d’entretien ou d’inattention des Collectivités, elle pourrait coloniser les propriétés privées en leur créant une charge dont elles n’ont pas besoin.

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lire aussi:

un concentré de techniques anti-écologiques et onéreuses: Actes_Renouees_ARRA_2011

http://cedepa.fr/renouee-du-japon/

http://cedepa.fr/renouee-du-japon-la-receper-au-lieu-de-se-lamenter/

 

Cette traçabilité-là : basta !

"produit dans l’UE ou ailleurs", "élevé en France ou dans l’UE ou ailleurs", "truite élevée en France ou en Espagne ou ailleurs", "mélange de miels originaires  et non-originaires de la CE"… de qui se moque-t-on, selon vous ?

PDF ici: traçabilité_étiquetage lacunaire

Un enfumage qui prétendrait être un progrès ?

Aujourd’hui 26 Avril 2015, France Inter relate encore un nième scandale sur la viande de bœuf cheval.

Le consommateur exige des garanties et il a raison… Les associations de consommateurs dénoncent les erreurs, malversations, lacunes et espèrent des contrôles. Elles ont raison.

Au lieu de leur apporter des garanties, l’état a édicté des normes. Nous ne serions pas surpris que ce jargon abscons atteigne le paroxysme du détail…en enfumant l’essentiel, si on en juge aux étiquettes ?

Ça suffit !

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Une régression

Sur le cliché ci-dessus de 1930, Jacques Alvard, qui arbore fièrement une médaille, vend une "nichée de lapins race métis élevés à la cuillère. A défaut de mère, par Jacques Alvard". Il pose, un lapin « race métis » dans la main gauche et une cuillère dans la main droite. C’est touchant et imprécis au sujet de la race et du prix, mais l’acheteur sait au moins d’où vient le produit et comment il a été élevé.

En 2015, nous régressons considérablement dans l’information sur la provenance, le mode d’élevage et l’absence quasi-totale de garantie sur l’espèce ou le produit vendu (filets de poisson, mixture de miel au mieux à la cire d’abeille, du cheval à la place du boeuf etc...) et avec l'aubaine des plats transformés, le phénomène va s'accentuer.

truite rose 02

La truite saumonée et la truite rose sont des espèces qui n’existent pas.

Le consommateur est trompé car il s'agit d'une truite arc-en-ciel (Oncorhynchus mykis) à laquelle un produit chimique de synthèse (astaxanthine) a été ajouté à l'aliment pour colorer inutilement la chair. En outre, le client ne sait pas si une truite coûte 2,25€ pièce, ou si pour 2,25€ le poissonnier lui en vend un kg.

Ne soupirez pas en levant les yeux au ciel : au ministère, ni les ministres encore moins les corpsards ne pourraient répondre. Ces Ingénieurs polytechniciens qui  ont fait une école d’application (Mines, Ponts, ENGREF) pour devenir hauts fonctionnaires servant dans les grands corps de l’Etat, sont des spécialistes es-normes. Le choc de complication, c’est eux.

Pourtant, des modifications essentielles nous semblent urgentes, et un recadrage/toilettage indispensables. Par exemple cette mention fréquente, qui devrait, à notre sens être interdite : "conforme à la réglementation en vigueur".

a)    Elle n’est mentionnée que pour tromper le consommateur. En effet, le respect d’un affichage réglementaire lacunaire laisse entendre que la "conformité" administrative, serait associée à la qualité du produit alors qu'il n'en est rien,

b)   Ce n’est pas au producteur à autoproclamer une notion de "conformité", mais aux services chargés du contrôle.

Enfin, il nous semble superfétatoire de dénoncer les modes d’élevage en Asie du sud-est au Chili ou en Norvège alors que les étiquettes en France ne renseignent même pas clairement sur la provenance. C'est antinomique.

Le consommateur a le droit d’acheter un prix bas, comme il devrait aussi avoir le droit de choisir un produit en connaissance de cause.

A ce jour, le compte n’y est pas.

des produits de la planète ou d'ailleurs

des produits de la planète ou d'ailleurs

 Le CEDEPA demande que l’étiquetage mentionne:

1)    la définition claire de la chose vendue par le nom commun, le nom latin et le mode d’élevage ou de pêche. Le nom latin est important pour distinguer des espèces homonymes (thons) dont les écarts de prix sont importants,

2)    le lieu de production d’élevage ou de pêche,

3)    l’adresse du site de transformation (pour avoir une idée sur les émissions de GES et le non-respect des droits sociaux dans les pays low cost)

4)    le nom et coordonnées du vendeur,

5)    le prix au kilo (avec mention du prix unitaire, car bon nombre de consommateurs ne font pas la relation. Celui qui nous semble essentiel est bien le prix au kg).

6)    Les ingrédients ajoutés au produit.

 

Une demande chimérique ?

A quelle échéance pourrons nous lire, sans avoir besoin d'une loupe, ces renseignements sur les étiquettes?

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pour plus d'infos, lire:

Un réseau de trafic de viande de cheval, basé en Belgique et opérant notamment en France, a été démantelé, annonce l'organe européen de coordination judiciaire Eurojust, dans un communiqué. Il souligne que 26 personnes ont été interpellées. «Les autorités françaises estiment qu'entre 2010 et 2013, 4.700 chevaux impropres à la consommation ont été abattus et introduits dans la chaîne alimentaire légale», indique Eurojust. Quatre cents passeports de chevaux présentant des anomalies ont été détectés en France.

L'enquête sur le principal suspect, un Belge qui opérait depuis la Belgique, a démarré en novembre 2012 en Belgique. En France, elle a débuté en juillet 2013, à Marseille. L'action, qui a également été menée vendredi aux Pays-Bas, en Allemagne, en Irlande, au Luxembourg et en Grande-Bretagne, a permis de saisir 37.000 euros en numéraire, des médicaments et 800 passeports; 200 chevaux seront examinés par des services vétérinaires.

Un autre scandale de la viande de cheval avait éclaté en 2013 en Irlande et en Grande-Bretagne avec la découverte de burgers surgelés fournis à plusieurs supermarchés, dont la chaîne Tesco, et contenant de l'ADN de cheval. Des lasagnes du géant suédois de l'alimentation, Findus, étiquetées «pur bœuf» mais qui contenaient de la viande de cheval, avaient également été découvertes. Des tests pratiqués par la suite dans l'Union européenne, dont les résultats ont été publiés par la Commission, ont décelé de la viande de cheval dans moins de 5% des produits censés ne contenir que du bœuf.

(Source : AFP)

Et aussi, publié le 15/02/2013 Le Figaro  : Le scandale de la viande de cheval résumé en cinq points

Ce scandale agroalimentaire majeur touche de nombreux industriels et pays européens. Il a mis en lumière la complexité du commerce de la viande en Europe.

 A- Comment le scandale a éclaté

L'affaire éclate en trois temps. Mi-janvier, les autorités sanitaires britanniques découvrent que des steaks hachés certifiés pur bœuf produits en Irlande contiennent de la viande de cheval. Dix jours plus tard, on apprend que des carcasses britanniques de chevaux, contaminées par un médicament interdit, ont été vendues en France en 2012. Pas de lien direct entre ces deux événements, mais ces scandales jettent un doute sur la fiabilité du système européen de traçabilité de la viande. Alerté par un sous-traitant, le géant suédois Findus conduit des tests sur ses produits et annonce ainsi début février avoir trouvé de la viande équine dans ses lasagnes, d'abord au Royaume-Uni puis en France. L'entreprise retire aussi par précaution ses moussakas et ses hachis Parmentier dans plusieurs pays européens.

B - Les protagonistes de l'«affaire Findus» Comigel et ses clients

Ce n'est pas Findus qui a produit les lasagnes incriminées, mais un sous-traitant français basé à Metz, Comigel. Cette entreprise a elle-même alerté son client suédois lorsqu'elle a réalisé, après enquête, que la viande utilisée par une de ses filiales luxembourgeoises, Tavola, provenait d'abattoirs roumains produisant à la fois du bœuf et du cheval.

L'implication de Comigel donne une nouvelle ampleur au scandale dans la mesure où la société fabrique des plats préparés pour au moins 28 entreprises dans 13 pays dont différents gros distributeurs tels que Picard, Carrefour, Auchan, Monoprix, etc.

» Viande de cheval: les recettes varient selon les marques  Spanghero

C'est cette entreprise française de transformation de viande qui a fourni à Tavola les pains de viande frauduleux. D'après le ministre délégué à la consommation Benoît Hamon, la société aurait changé l'étiquetage de la viande de cheval roumaine en «Viande bœuf origine UE». Son patron, Barthélémy Aguerre, nie toute fraude. Selon lui, «le gouvernement est allé un peu vite» dans les accusations faites jeudi.

Selon l'agence française anti-fraude (la DGCCRF), ce sont 750 tonnes de viande faussement étiquetées bœuf qui sont sorties de l'usine de Spanghero située dans le sud-ouest de la France. Quelque 550 tonnes ont été livrées à Tavola qui a cuisiné 4,5 millions de plats avec cette viande. Les éventuels destinataires des 200 tonnes restantes n'ont pas été identifiés. Il n'est pas non plus précisé si seules des lasagnes sont touchées.

» Mise en cause, la société Spanghero organise sa défense

» Les salariés de Spanghero abasourdis par le scandale  Draap Trading Ltd

Ce scandale a mis au jour la complexité du circuit commercial suivi par la viande en Europe. Dans le cas présent, la viande a été achetée en Roumanie via un intermédiaire chypriote, Draap Trading Ltd. Cette société faisait ses achats via une boîte postale belge et stockait sa viande dans un entrepôt frigorifique situé à Breda, aux Pays-Bas. Son directeur, un Néerlandais nommé Jan Fasen, a été condamné début 2012 pour avoir frauduleusement fait passer de la viande de cheval pour du bœuf via une autre société. Bien qu'il ait fait un temps office de suspect idéal, le trader de viande a toutefois été blanchi de tout soupçon jeudi par le gouvernement français.

» Les surprenants circuits mondiaux de la viande

C - Les pays touchés par de la viande de cheval non-signalée

Au moins six pays affirment avoir trouvé du cheval dans des lasagnes surgelées: la France, le Royaume-Uni, l'Allemagnela Suisse, la Suède et la Norvège. Les Pays-Bas, la Belgique et plus récemment la Russie annoncent quant à eux avoir retiré par précaution les produits suspects du commerce mais ne pas avoir de confirmation. Les steacks hachés irlandais par lesquels le scandale est arrivé ont quant à eux été vendus en Irlande et au Royaume-Uni.

Depuis, les contrôles se multiplient sur d'autres produits et laissent présager d'une multiplication de cas similaires. Au Royaume-Uni, sur 2501 produits testés, 29 contiennent au moins 1% de cheval a révélé l'agence de sécurité alimentaire. Un distributeur britannique a par exemple annoncé jeudi avoir trouvé de la viande de cheval dans une sauce bolognaise fabriquée en Irlande.

L'Autriche à elle annoncé vendredi avoir trouvé de la viande de cheval non-déclarée dans des tortellinis «au bœuf» d'un industriel allemand. La provenance de la viande frauduleuse identifiée dans ces deux produits n'a pas été communiquée. Les autorités danoises enquêtent enfin sur un abattoir qui aurait introduit du cheval dans de la viande présentée comme du bœuf et destinée à des fabricants de pizzas.

D - Le volet sanitaire

A priori, la viande vendue par la société Spanghero ne présente pas de risque. Des tests effectués en janvier dernier et ce jeudi ont en revanche montré la présence d'un médicament interdit, le phenylbutazone, sur des carcasses de chevaux britanniques. Cette substance peut provoquer chez l'homme des problèmes de moelle osseuse et notamment des anémies.

E - Les mesures prises en France et en Europe

La société Spanghero s'est vue retirer son agrément sanitaire à titre temporaire en attendant les résultats définitifs de l'enquête. En France, tous les produits contaminés vendus par Comigel ont en principe été retirés des rayons. De façon plus générale, la DGCCRF a assuré qu'elle renforcerait ses contrôles en 2013 sur tous les produits susceptibles de contenir de la viande de cheval. Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll souhaite par ailleurs renforcer la traçabilité de la viande dans les produits transformés. Des discussions seront menées en ce sens avec les distributeurs et les producteurs, a-t-il promis.

L'Union européenne a de son côté décidé de lancer une campagne de tests ADN sur les produits étiquetés «bœuf» dans tous les Etats membres pour contrôler la présence éventuelle de viande de cheval. Des tests complémentaires pour déceler la présence de phenylbutazone ont également été recommandés. L'ensemble de la campagne devrait coûter 3 millions d'euros.

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Les insectes attaquent

InsectesDepuis quelques mois, plusieurs articles et reportages apportent un coup de projecteur sur l’entomophagie. Nous n’allons pas nous en plaindre. Mais ce n’est pas notre appétence spontanée ! Ce qui nous intéresse plus particulièrement, c’est la valorisation des insectes en aliment d’aquaculture.
Quand nous évoquions cette éthique il y a 10 ans, nous passions pour visionnaire…Cela nous apparaissait d’autant plus paradoxal que des tonnages importants de larves étaient déjà produits (asticot, teigne de ruche…) pour approvisionner en appâts vivants les magasins d’articles de pêche, avant que ce débouché ne décline.

 Compte tenu du niveau des stocks halieutiques, du prix de revient des farines et huile de poisson, mais aussi des graves reproches en direction des protéines végétales (*) pour alimenter des poissons carnivores et de la richesse protéique des larves, les industriels vont se lancer dans cette voie.

Evidemment, l’UE va édicter un cortège de normes.

Espérons que les poissons et la pisciculture écologique n’auront pas à les gober et que ces normes, traduites en circulaires, se limiteront aux proies transformées.

(*) 90% des terres mises en culture illégale ces dernières années proviennent de forêts primaires défrichées. D’autre part, vouloir rendre à tous crins un poisson végétarien alors qu’il est carnivore, est une idée bien plus farfelue et déraisonnable que de lui donner une nourriture d’insectes.

 

​nous reproduisons ci-dessous un article publié ici:​   http://www.agrisalon.com/fr/permalien/article/7008355/L-elevage-d-insectes-valorisera-nos-dechets-pour-nourrir-nos-animaux.html

le 02/04/2015 

ALIMENTATION ANIMALE DE DEMAIN

L’élevage d’insectes valorisera nos déchets pour nourrir nos animaux

Si les insectes ne remplaceront pas tout de suite l’entrecôte dans nos assiettes, il est fort probable que les farines d’insectes, riches en protéines, entrent d’ici peu aux menus de nos poissons d’élevage, volailles, porcs, bovins en commençant par l’écuelle de nos chiens et chats.

Avec l'élevage d'insectes, c'est un nouveau domaine agro-industriel qui s'ouvre. « Les innovations de ce type, où tout reste à créer sont extrêmement rares, se réjouit Frédéric Marion-Poll, chercheur à Agro Paris Tech. Nous sommes face à un processus de domestication, qui promet de nombreuses découvertes et finalités encore insoupçonnées (molécules spécifiques, biomatériaux, bio fuel,..). Demain, les insectes nous serviront à mieux tirer parti des ressources et de déchets agro-alimentaires que nous sous-exploitons actuellement. »

1 millions d'espèces

Le règne des « insectes » rassemble plus d'un million d'espèces différentes aux régimes alimentaires et aux caractéristiques très variés, comme le prouvent depuis des millénaires l'abeille et le ver à soie domestiques. Actuellement, les recherches sur l'élevage d'insectes se concentrent sur les teneurs en protéines. Ainsi les vers de farine (ténébrions) se nourrissent de céréales, pulpes de betterave ou déchets de biscuiterie. Les mouches peuvent créer des protéines comestibles à partir de lisier ou de déchets d'abattoir ou de légumes abîmés s'ils n'ont pas été traités aux insecticides ! Plus intéressant encore, les termites sont capables de transformer la cellulose du bois ou de la paille. A l'image des légumineuses, certaines espèces de termites ont la faculté de synthétiser atmosphérique pour produire leurs protéines.

Les insectes sont des animaux à sang froid qui ne consomment pas d'énergie superflue sous forme de chaleur. Ainsi, leur taux de conversion est excellent : avec 10 kg de son de blé, il est possible d'obtenir 7 kg de vers de farine, un score légèrement supérieur au poulet de chair obtenu après plus d'un siècle de sélection génétique et de recherche zootechnique. La marge de progrès sur les rendements des insectes en élevage est encore inconnue.

Améliorer le coût de production

« Avant de voir apparaître une véritable filière insectes en France, il reste de nombreux verrous à ouvrir, avertit Samir Mezdour d'Agro Paris Tech qui mène depuis deux ans des recherches sur la confection d'une bio-raffinerie d'insectes. Il nous faut trouver des solutions pour mécaniser la production et la transformation en farine. L'objectif serait d'atteindre un coût de production entre 600 et 1 200€ la tonne d'insectes pour être compétitif face à d'autres sources de protéines. »

D'autres verrous concernent la réglementation européenne encore inexistante sur les conditions d'élevage et d'abattage des insectes ou les risques de toxicité (métaux lourds, mycotoxines). Et surtout revoir la réglementation sur les farines animales. En effet, aujourd'hui, les farines animales sont autorisées uniquement pour le marché du « pet food » (chiens et chats) et les farines de poisson pour l'aquaculture. Il se pourrait que d'ici quelques années Bruxelles autorise l'alimentation croisée entre certaines espèces, d'autant que les insectes sont génétiquement très éloignés des volailles, porcs, bovins ou humains.

Eleveur d'insectes, un métier d'avenir

 « Les chiens et chats sont pour le moment le seul marché ouvert en Europe, notre objectif est d'obtenir l'autorisation de placer la protéine d'insectes au même niveau que la protéine de poisson. L'aquaculture vit sous perfusion grâce à la pêche. Mais à cause de l'effondrement des stocks de petits poissons de mer, la farine de poisson a atteint les 2.000 dollars la tonne. Avec les insectes, nous visons un prix de vente inférieur. »

Eleveur d'insectes sera sans doute un métier à l'avenir…

Que risque-t'on à manger des insectes ?

"On le sait, l'alimentation à base d'insectes pourrait bien se généraliser"

Ce "on le sait", comme si nous l’avions toujours su, a un petit goût d’outrecuidance et de suffisance. Il faudrait lire « on le sait désormais ».

Car en fait, on ne sait encore rien du tout. Notre culture occidentale, contrainte et forcée à un brainstorming pour résoudre le défi alimentaire, découvre depuis le coup de projecteur de la FAO sur l’entomophagie, que les extrêmes orientaux, entre autres, la pratique depuis des millénaires.

Le plus grave pour nos cerveaux cartésiens, cet insupportable "flou juridique" et l’absence de "normes".

Dans sa schizophrénie normative, gageons que l’UE est déjà à la tâche !

Le pire est à venir

Une fois les normes édictées, le pire est à craindre et là, l’insecte nourricier ne sera plus la proie : ce sera le consommateur.

La cupidité et l’appât du gain, nonobstant les normes et textes juridiques indispensables, feront peser sur ces produits les pires suspicions.

Nos scandales alimentaires européens ne sont pas loin. Les chevaux anglais achetés à vil prix revendu au prix du boeuf et à la place du bœuf…Spanghero etc…

Les fraudes seront facilitées avec les insectes, car les sauces pimentées nous ferons avaler toutes les couleuvres.

 Une autre voie est possible

Elever des insectes pour nourrir les poissons.

Nous pourrions ainsi contribuer à réduire le déficit de la balance commerciale des produits aquatiques qui s’élève à 3 milliards d’euros/an et éviter de proposer au consommateur du panga à la traçabilité lacunaire. Ce panga parcourt des milliers de km pour arriver dans vos assiettes.

Lire cet article du Monde reproduit ci-dessous:  http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/04/09/que-risque-t-on-a-manger-des-insectes_4613087_3244.html#

L'Agence de sécurité sanitaire de l'alimentation publie un avis sur les dangers liés à l'entomophagie et appelle à établir une liste d'espèces autorisées au niveau communautaire.

On le sait, l'alimentation à base d'insectes pourrait bien se généraliser au cours des prochaines décennies. L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) s'est prononcée en faveur du développement de l'élevage de petites bêtes à grande échelle pour parvenir à nourrir plus de 9 milliards d'êtres humains d'ici à 2030.

Deux milliards de personnes en consomment déjà, particulièrement en Afrique, en Asie et en Amérique latine. En Europe, de plus en plus de restaurants, d'entreprises, et même de grandes surfaces, se lancent dans ce marché en éclosion. Mais que risque-t-on à les consommer? C'est à cette question que tente de répondre un avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) publié jeudi 9 avril 2015.

Cette étude, entamée à la fin de l'année 2013, a consisté à dresser un état des lieux des connaissances scientifiques sur le sujet, réalisé avec l'unité d'entomologie fonctionnelle et évolutive de l'université de Liège en Belgique, puis à réaliser une analyse approfondie auprès d'un collectif d'experts, spécialisés en biologie, chimie, alimentation animale ou encore allergies

Risques d'allergies

«Ces risques sont les mêmes que pour d'autres aliments plus communs, comme la viande. Mais leurs effets concrets sur l'homme et leur ampleur, comme les allergies croisées, ne sont pas connues, explique Stéphane Larreché, responsable de l'évaluation des risques biologiques des aliments à l'Anses. Il faut donc mener des recherches complémentaires, en ciblant les insectes qui pourraient être concernés par des élevages à grande échelle.»

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 Limite des connaissances

Car l'avis de l'Anses, au-delà des dangers potentiels, pointe surtout les limites des connaissances et de la réglementation en matière de consommation d'insectes. «Les études scientifiques qui existent portent seulement sur une dizaine d'espèces, comme les criquets, les vers de farine ou les mouches domestiques. Or, on estime qu'entre 2000 et 2500 insectes différents sont consommés dans le monde», ajoute Stéphane Larreché.

Ces recherches approfondies permettront, recommande l'Anses, d'établir une liste des différentes espèces et stades de développement d'insectes pouvant ou non être consommés dans l'Union européenne. Fin 2013, l'Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire belge avait dressé une telle liste, contenant dix espèces pouvant être mises sur le marché. Mais rien de similaire n'existe au niveau communautaire

 

Flou juridique

Car si de petites bêtes finissent–de manière marginale– dans les assiettes des consommateurs depuis quelques années à Bruxelles, de même qu'à Amsterdam, Londres, Berlin, Copenhague ou à Paris, les insectes ne sont néanmoins pas officiellement autorisés dans l'UE.

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Le règlement européen Novel food, qui s'applique à l'alimentation humaine, prévoit que les nouveaux aliments doivent faire l'objet d'une évaluation des Etats membres et de l'Autorité européenne de sécurité des aliments, avant une autorisation de mise sur le marché(AMM) délivrée par la Commission européenne. Sauf à pouvoir justifier d'une consommation significative avant 1997 en Europe, ce qui leur permet d'être directement introduits sur le marché.

Or, à ce jour, aucune consommation significative d'un insecte n'a pu être formellement prouvée dans l'Union et aucune demande d'AMM n'a été reçue ni accordée. Aucune espèce n'est donc, logiquement, autorisée à entrer sur le marché européen. Mais leur consommation est en réalité tolérée. «Il y a des ambiguïtés sur certains termes du règlement européen, notamment le fait qu'il ne vise que les “fragments d'animaux”. Certains industriels ont considéré que les insectes entiers n'étaient pas concernés par le texte, et les autorités n'ont pas de règlement clair sur lequel s'appuyer pour sanctionner», raconte Stéphane Larreché.

Le règlement européen est en cours de révision, la nouvelle mouture étant attendue pour 2016. «En attendant la mise en place de normes spécifiques et d'un encadrement adapté, conclut le rapport, l'Anses recommande la prudence aux consommateurs présentant des prédispositions aux allergies.»

Les moulins sont-ils responsables de la disparition de l’anguille ?

La logorrhée dogmatique qui stigmatise les ouvrages sur les cours d’eau en les déclarant responsables de la disparition des espèces piscicoles continentales mériterait d’être sérieusement étudiée.
Pour les espèces amphihalines (qui passent une partie de leur vie dans le milieu marin) emblématiques, les arguments deviennent peu convaincants : il faudrait impérativement étudier l'impact important de la pêche (légale et braconnage), la quantifier et tenter de la justifier pour des espèces déclarées menacées.

Il conviendra d'y ajouter l'impact direct -jamais étudié- du silure, dont les stocks explosent. Ces monstres ne peuvent pas atteindre des tailles supérieures à 2 mètres de long, peser régulièrement plus de 100 kg, sans exercer une prédation considérable sur toutes les autres espèces piscicoles, migratrices ou pas.
Les civelles valent de l’or. Ont-elles des chances de devenir des anguilles adultes en France…si elles furent massivement exportées en Asie ?  Avant d'être un préjudice fiscal, le braconnage de civelle est d'abord un problème technique: les ponctions dans le milieu ne devraient pas être supérieures à la capacité de reproduction naturelle. Encore faudrait-il l'étudier.

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Nous reproduisons un article ci-dessous aux fins d’inciter les détracteurs de moulins à regarder jusqu'aux estuaires, puis de s'associer (ce qu'ils n'ont jamais fait) aux campagnes qui dénoncent la PCP (Politique commune des pêches), la surpêche et la pêche illégale.

Ce genre d'analyses loyales et exhaustives, que ni l'Etat (1) ni la FNPF (2) n'ont intérêt à diligenter, permettraient de relativiser les accusations partiales proférées à l'encontre des seuils de moulins.

(1) La France devrait peser sur l'UE qui a dépensé des milliards d'euros pour suréquiper une flotte de pêche industrielle responsable du pillage des stocks halieutiques et mettre des moyens pour contrôler le respect des quotas.

(2) La FNPF ne va pas exiger l'interdiction totale de pêche des espèces amphihalines jusqu'à reconstitution des stocks. Elle se borne à déplorer la situation, à les déclarer menacées, et in fine accuser de faux coupables.

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Avec le moratoire, la contrebande d'anguille européenne s'organise ?

Les exportations d’anguilles européennes en dehors de l’Union Européenne toujours officiellement interdites

Le Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN), autorité scientifique française CITES, prend acte de l’amélioration du recrutement en Europe et des efforts des pêcheurs mais rend un avis défavorable à une reprise immédiate des exportations des anguilles européennes "Anguilla anguilla" notamment des civelles (alevins d'anguille). Les civelles sont très recherchées par les aquaculteurs d'Asie (Chine, Corée du Sud, Taïwan et Japon) qui les élèvent jusqu'au stade adulte. Confrontés également à des problèmes de ressources, ces quatre pays asiatiques se sont mis d'accord, en septembre 2014, pour limiter leurs captures de civelles "Anguilla japonica". Ils ont décidé de fixer des quotas annuels de civelles destinés à l'élevage : 21,6 tonnes pour le Japon, 36 tonnes pour la Chine, 11,1 tonnes pour la Corée du Sud et 10 tonnes pour Taiwan. Cette limitation qui a pris effet en novembre dernier, correspond à une baisse de 20% des captures par rapport aux années précédentes. Ces pays espèrent ainsi enrayer le déclin de l'anguille japonaise.

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La peur au ventre ? Déjà inscrite sur la liste rouge de l'UICN, mais pas sur la liste de la CITES, l'anguille asiatique échappera-t-elle aux restrictions commerciales ? (lire plus bas pour plus d'explications).

Pour en savoir plus sur la pêcherie de civelle en France : A la traque des braconniers de pibale dans les marais de Charente (cet article explique que le moratoire affecte principalement les petits pêcheurs licenciés en raison des prix très bas sur le marché intérieur entre 200 et 300 euros le kilo)

Suite au moratoire européen, les civelles valent de l'or sur le marché international...

anguille prix-kgLe prix de la civelle américaine "Anguilla rostrata" atteint des sommets à près de 3500 euros le kilo !!! Dans le Maine, la principale région de pêche aux USA, "la civelle vaut près de 6 fois son poids en argent car les aquaculteurs asiatiques cherchent désespérément des petites anguilles..." (1)

Dans un rapport (2) rendu préalablement à la présente campagne de pêche à la civelle 2014-2015, le MNHN, en tant qu’autorité scientifique française au sein du groupe scientifique CITES de l’Union Européenne, a rendu un avis de commerce non préjudiciable négatif concernant la reprise des exportations d’anguilles européennes en dehors de l’Union Européenne pour l’année 2015.Actant le passage au vert des indicateurs relatifs au recrutement d’alevins d’anguilles (civelles) et à la mise en œuvre des mesures de gestion en Europe, le MNHN souligne néanmoins que l’état du stock d’anguilles européennes, concernant notamment l’échappement d’anguilles argentées (stade reproducteur), demeure fragile sinon incertain à l’échelle de l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce. La possibilité de soumettre au groupe scientifique européen CITES, seul compétent en matière de commerce international d’espèces protégées dans le cadre de la convention CITES, la question de la réouverture des exportations de l’anguille européenne en dehors de l’Union Européenne pourra être réexaminée par le MNHN pour la prochaine année.

Et la contrebande s'organise ?

Le groupe d’experts tient à souligner que la coopération de tous les pays de l’aire de distribution de l’anguille européenne est primordiale et que les pays n’ayant pas de gestion adaptée mettent en péril l’ensemble de la population et pénalisent les pays ayant fait l’effort de mettre en place un plan de gestion et d’en évaluer ses résultats. Il est à noter que des stocks non négligeables d’anguilles européennes sont observés dans les zones hors UE notamment dans le Sud de la Méditerranée. On remarque que la Tunisie a adopté un quota de 135 T pour les spécimens de moins de 30 cm d’origine sauvage pour l’année 2010. Après le ban ‘zéro export’ pour la période 2011-2012, la Tunisie n’a plus adopté de quotas d’exportation et le Maroc apparaît comme le 1er exportateur (environ 66 000 kg) suivi de la Tunisie et de la Turquie. Le ban UE a permis au Maroc de devenir le premier exportateur et d’augmenter ses exportations de près de 29 000 kg en 2 ans (Tableau 2 ; cf. annexe 3 pour plus de détails (2,3)). Les chiffres disponibles suggèrent donc que des stocks d’anguilles peuvent être importants hors UE, et que ces pays peuvent exporter des volumes significatifs d’anguilles.

La raison de tout ce trafic : Unagi no Kabayaki, un mets de choix au Japon

L'anguille grillée, Unagi no Kabayaki, est, au Japon, ce que le foie gras est à la France : un fleuron de la gastronomie nationale. Dégustée non pas à Noël, mais... en plein été ! Toutes les explications sur cette recette japonaise par Camille Oger dans Le Manger (ainsi que dans Wasabi)
Philippe Favrelière (actualisé le 12 mars 2015) (1) APP (2013) : Maine fishermen caught illegally nettingeels worth $2,500 a pound(2)

Photographie de Serge Lucas: civelles (ou pibales), alevins d'anguille européenne "Anguilla anguilla"

Téléchargez le rapport complet du MNHN (3)

Forum Le pêcheur responsable : Trafics de civelles enfin démantelées

Autres articles :

Les lobbies gagnent... l’océan perd: un scénario récurrent.

Le chalutage profond est un mode de pêche qui permet aux spéculateurs de racler inlassablement les fonds marins au bulldozer. Cette technique est extrêmement destructrice.Mais elle est invisible... Elle est surtout portée par de puissants lobbies qui pratiquent la désinformation et exercent l’éternel chantage à l’emploi. Une recette efficace car ces méthodes suppriment plus d'emplois qu'elles n'en crééent. Les politiques tombent régulièrement dans cette nasse  en n’imaginant même pas que pour continuer leurs activités, ces industriels ont besoin d’employés. Il est scandaleux de ne pas leur faire changer leurs pratiques halieutiques dégradantes à l’aune des multiples contraintes environnementales qui pèsent sur tout porteur de projet ou propriétaire de bien rural en termes de respect du milieu naturel et des espèces.

L’environnement est pillé. Les pêcheurs, privés de ressource, sont mis à pied et les ONG comptent les points d'une guerre qui désigne toujours la même victime: la biodiversité et à terme le même perdant: l'homme.

http://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/2015/03/19/biodiversite-l-assemblee-rejette-l-interdiction-du-chalutage-en-eau-profonde-678789.html

L’Assemblée Nationale rejette l'interdiction du chalutage en eau profonde

L'Assemblée nationale a refusé jeudi d'interdire, par 16 voix contre 12, le chalutage en eau profonde comme le proposaient les écologistes, Ségolène Royal plaidant pour des mesures européennes sur les divers types de pêche plutôt que seulement françaises.

AFP  le 19/03/2015

Dénonçant "une pratique de pêche qui représente un massacre pour la biodiversité, pour un gain économique très faible", la chef de file des députés écologistes sur le projet de loi pour la biodiversité, Laurence Abeille, a souligné combien son groupe mais aussi les associations environnementales étaient mobilisées. L'amendement proposé ne fixait aucune date d'application, la renvoyant à un décret du gouvernement.

Selon ses détracteurs, la pêche en grande profondeur ne concerne qu'une douzaine de navires français mais elle abîme les sols marins et fragilise des espèces menacées, comme les requins d'eaux profondes. La maintenir est "une aberration""ne correspond pas à la loi sur la transition écologique et représente un très mauvais signe à la veille de la Cop21", organisée à Paris en décembre, s'est exclamé Noël Mamère. Après avoir rappelé sa "mobilisation" contre cette pratique de pêche qui fait "beaucoup de dégâts", et insisté sur sa "pression très forte sur les instances européennes", la ministre de l'Ecologie s'est opposée à l'interdiction. "S'il y a une interdiction unilatérale, cela ne s'appliquera qu'aux bateaux français, ce qui n'est pas acceptable pour la survie de la filière pêche, et cela pourrait freiner toutes les démarches au niveau européen pour réglementer la protection des écosystèmes marins pour toutes les filières de pêche", a notamment argumenté Ségolène Royal.

Sur ce "sujet important qui concerne beaucoup d'élus du groupe" socialiste, le chef de file des députés PS Bruno Le Roux a jugé "pas possible de prendre au détour d'un amendement une position contraire à celle du gouvernement depuis 2010" en faveur du concept de pêche durable, et défendu "un encadrement strict" plutôt qu'une interdiction.
Favorable à titre personnel à l'interdiction d'une pratique de pêche qui "n'a jamais été durable", la rapporteur Geneviève Gaillard (PS) a expliqué que la commission du Développement durable de l'Assemblée avait à l'inverse rejeté une "interdiction brute de décoffrage" au profit notamment de solutions alternatives et d'un plan pour les pêcheurs employés par les sociétés faisant du chalutage en eau profonde.

S'il a reconnu que "le chalutage en eau profonde pose problème", le député UMP du Morbihan UMP Philippe Le Ray a affirmé que "la France ne couvre que 20% de ses besoins en poissons", que "les professionnels ne pêchent pas n'importe quoi" et qu'une interdiction "unilatérale mettrait gravement en difficulté le port de Lorient". Considérant que le blocage est "uniquement un problème français autour de l'entreprise Scapêche, flotte d'Intermarché", l'UDI Bertrand Pancher a suggéré de "faire confiance dans un premier temps aux acteurs", vu "l'engagement de cette société de pêcher nettement moins en eau profonde".

Le Premier ministre Manuel Valls a écarté début décembre à Nantes une interdiction de la pêche en eaux profondes, même s'il a souhaité "trouver un chemin avec l'appui des scientifiques" contre "le laisser-faire". La Commission européenne avait proposé en 2013 l'interdiction du chalutage profond, mais celle-ci a été finalement repoussée en décembre par les eurodéputés, qui se sont contentés d'encadrer ce type de pêche.

La biodiversité, ça commence à bien faire!... les socialistes votent contre.

Il s’agit du résultat du scrutin public du 19 Mars 2015 sur l’amendement n°998 de Mme Abeille concernant l’art 56 du projet de loi relatif à la biodiversité.

Affichant une préoccupation environnementale de façade, instaurant les SRCE (Schéma régional de cohérence écologique) chronophages, tout est balayé d’un simple vote quand il s’agit de l' incohérence écologique halieutique. Elle est méconnue, invisible… et les lobbies sont trop puissants. Catastrophe écologique garantie.

http://www2.assemblee-nationale.fr/scrutins/detail/%28legislature%29/14/%28num%29/1082

Faire semblant de faire évoluer les choses en imposant de multiples contraintes (politique de l’eau, par exemple) et ne rien changer pour corriger les mauvaises pratiques devient de plus en plus abscons.

La continuité écologique jugée par l’UE. La vérité : "Paris ne sait ni améliorer ni évaluer".

La Commission européenne a publié le 9 mars 2015 une évaluation de la mise en œuvre par les Etats membres de la DCE (directive cadre sur l’eau) de 2000.

Résultat: les programmes nationaux ne sont pas à la hauteur des pollutions.

-pour 53% des eaux européennes l’objectif de la DCE d’atteindre le bon état écologique en 2015 ne sera pas atteint. Ce n'est pas un scoop! Tous les discours et certitudes martelés par les services en charge de l’eau deviennent dérisoires, mais les SDAGE reprennent dogmatiquement avec assurance certains axes qui n’ont pas eu d’impact environnemental probant.

-pour 42% seulement (on ne connait pas le sort des 5% qui restent), les eaux de surface « sont dans le vert », selon l’Agence européenne de l’environnement.

Un score écologique faible, mais on ne connait toujours pas l’état chimique de 40% des masses d’eau…une bagatelle !

 

1)   DEUX TIERS DES PROGRAMMES INCOMPLETS

2)   DEUX TIERS DES BASSINS SANS AMÉLIORATION

 Pour deux tiers des bassins hydrographiques, les actions ne parviennent pas à endiguer les pollutions diffuses. Preuve qu’elles doivent être complétées par d’autres dispositifs. Deux Etats membres seulement ont mis en œuvre un programme complémentaire définitif, alors que des fonds européens sont ouverts à ce type d’action (fonds de cohésion, fonds structurels, Feader.

Si huit Etats ont évalué la pression négative de l’agriculture, seule la Lituanie a effectivement quantifié la réduction nécessaire des intrants pour atteindre un bon état des eaux.

Même chose pour la pollution chimique. Les pays européens se contentent de programmer des actions sans pour autant évaluer leur efficacité sur la qualité des eaux.

 

3)   LES INSUFFISANCES DE LA FRANCE

Si on regarde les plans de gestion par bassin, seuls trois États membres -Autriche, Finlande et Pays-Bas- remplissent les trois critères définis par Bruxelles:

-l’analyse des différents impacts,

-l’évaluation des mesures sur l’état des eaux,

-le système de surveillance. 

La France, qui a été condamnée en 2013 pour non-respect de la directive nitrates par la Cour européenne, est loin d’être un modèle en Europe.

Selon le rapport de Bruxelles, "Paris parvient à identifier les menaces qui pèsent sur la qualité de ses eaux, mais ne sait ni améliorer cet état ni évaluer les éventuels progrès". Ce n’est pas présomptueux de notre part, mais cela correspond aussi à notre analyse concernant le défaut "d’évaluation et l’absence d’amélioration". Nous avons aussi des doutes sur l’appréciation polissée et complaisante de Bruxelles sur la capacité à "identifier les menaces" quand on voit les milliards dépensés à mauvais escient à l’aune des piètres résultats obtenus.

Bruxelles recommande particulièrement à la France de mieux justifier ses exceptions aux objectifs environnementaux, notamment le « bon état 2015 ».

Elle doit aussi «réduire les pollutions par l'azote et le phosphore, revoir sa règlementation sur l'utilisation des pesticides et fixer des limites précises aux agriculteurs. Enfin, elle doit rapidement développer ses mesures de restauration naturelle (amélioration de la qualité des eaux, protection contre les inondations, conservation des habitats) qui sont en général plus rentables que la construction d’infrastructures», souligne la Commission.

Turpitudes et intrigues subaquatiques de FNE à Sivens

Voir ci-après l'article de Bernard Viguié. C'est un peu long, mais nécessaire pour lire le dessous des cartes. Ces tenants et aboutissants, s'ils ont toujours existé, sont de plus en plus insupportables. D'autant plus indigestes quand ils émanent d'irréprochables "donneurs de leçons à toute la planète".
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COMMENT L'OPPOSITION AU BARRAGE S'EST FAITE EMBARQUER

06 MARS 2015 |  PAR BERNARD VIGUIÉ

Ayant été jadis avocat dans l'affaire du barrage de Fourogue (près d'Albi) et avant cela président d'une association agréée de défense de l'environnement, c'est à double titre et avec une particulière consternation que j'ai vu depuis la mort de Rémi Fraisse l'évolution de l'affaire de Sivens. Je ne sais ce qui me consterne le plus. Est-ce le résultat de tout cela aujourd'hui avec l'expulsion des occupants du site et le projet de nouveau barrage? Est-ce le détournement de l'action associative auquel se sont livrés Ben Lefetey et France Nature Environnement depuis 4 mois ou bien le sabotage des recours juridiques quand les mêmes ont refusé d’obtenir une décision de justice en faveur des opposants alors que tous, je dis bien tous les éléments étaient réunis pour en obtenir une ?

Aujourd’hui, 6 mars 2015, le Conseil général vient de décider de construire un barrage plus petit à Sivens, comme le lui avait demandé instamment Ségolène Royal. Le principe de libre administration des collectivités locales vient-il ainsi de voler en éclats ? Croit-on une seconde que les conseillers généraux auraient agi de la sorte s'ils avaient vraiment pensé que "leur barrage" était légal, comme ils le répètent depuis des mois ? Si pour les élus, le gouvernement et les experts mandatés par lui, le projet de barrage prévu initialement était entaché d’illégalité, pourquoi et comment aucune décision de justice n'a été rendue à ce jour en faveur des opposants ? C'est ce que je souhaite expliquer ici.

Avant toute chose, il faut savoir que l'opposition au barrage de Sivens s’est développée sur deux fronts: d'un coté, la "partie légaliste", représentée par Ben Lefetey et Collectif Testet qui est une association qui regroupe des adhérents individuels et des associations ; de l'autre coté, la "partie activiste" qui comprend les zadistes et les opposants dits "des Bouilles", qui ne sont pas regroupés en association. Ces groupes ne sont pas étanches de sorte que des opposants font partie des Bouilles et de l'association Collectif Testet. Une "coordination" essaie de relier tout le monde en se réunissant régulièrement.

Il faut savoir aussi que le barrage de Sivens a été autorisé par deux arrêtés préfectoraux des 2 et 3 octobre 2013 (déclaration d'utilité publique dite DUP et déclaration d'intérêt général dite DIG).

Ce que j'appelle "la partie légaliste" a attaqué ces arrêtés fin 2013 devant le tribunal administratif pour les faire annuler, l'affaire n'étant pas jugée à ce jour. C'est elle qui "détient" l'action devant le tribunal administratif. Ce que j'appelle la "partie activiste" a occupé le site ou soutenu les occupants par les moyens les plus divers. En ce qui me concerne, simple opposant au barrage, j'ai contribué à la fois au site de Collectif Testet et au site "Tant qu'il y aura des Bouilles".

Voilà pour la présentation du décor.

Maintenant, ce que je vais écrire dans ce texte l'est sous la réserve suivante: depuis novembre 2014, Ben Lefetey refuse de communiquer les requêtes introductives d'instance aux membres individuels de Collectif Testet qui les ont demandées ainsi qu'aux opposants des Bouilles. Pour refuser communication de ces documents de base aux adhérents, ce chantre de la démocratie a invoqué les "arguments" les plus fallacieux : qu'il fallait l'autorisation des avocats, qu'il ne fallait pas donner d'arguments à l'adversaire, "que n’importe quel probarrage/CACG peut être adhérent pour récupérer des infos." (sic) Or, il faut savoir que la procédure administrative est écrite, c'est à dire que les parties sont obligées de communiquer aux adversaires leurs mémoires devant le tribunal administratif. De sorte qu'à Sivens l'Etat, le Conseil général et la CACG ont les mémoires déposés par Collectif Testet alors que les simples adhérents de Collectif Testet ne les ont pas !

Que Ben Lefetey craigne que des juristes constatent que les dossiers ouverts en début d'instance n'aient pas été très bien défendus, cela importe peu depuis le mois d'octobre 2014. En effet, en octobre et novembre 2014, plusieurs arguments imparables ont été fournis aux requérants, clefs en main, pour faire annuler les arrêtés ou pour démontrer devant le juge administratif des référés qu'il y avait des doutes sérieux sur la légalité des décisions. Ce qui permet d'obtenir ce qu'on appelle la "suspension" de ces arrêtés, suspension qui permet elle-même d'accélérer les procédures en annulation...

Ces moyens de droit sont incontournables puisqu'ils ressortent dedocuments officiels, qu'il s'agisse du rapport d'experts commandé par Ségolène Royal ou de la mise en demeure-infraction N° 2014/2256 du 26 novembre 2014 de la commission européenne.

Ils sont si incontournables que nous venons d'apprendre par l'AFP (3 mars 2015) que la ministre de l'Environnement vient d'écrire au Conseil général du Tarn que "l’autorisation du projet initial est «soumise à un risque élevé d’annulation » par la justice administrative française"! Du jamais vu pour un ministre alors que les instances en annulation contre les arrêtés de l'Etat sont en cours.

Ce "risque élevé", certaines personnes le connaissent depuis fin octobre 2014. N'ayant pas alors de balance sous la main, j'avais pris moi-même... le risque de l'évaluer à "100%" dans mon entretien avec Nicolas Bérard (http://www.mediapart.fr/journal/france/031114/sivens-le-barrage-pourrait-etre-declare-illegal). Début novembre, en ma qualité de simple opposant au barrage, j'en avais informé Ben Lefetey, porte-parole-dirigeant de Collectif Testet, et j'avais alors demandé l'ouverture d'une procédure de référé, ce qu'avec France Nature Environnement il a refusé de faire comme on va le voir. 

Sans entrer ici dans les détails du rapport Forray-Rathouis, tous ceux qui l'ont lu savent qu'il est accablant pour les promoteurs du fameux barrage. Comme je l'avais indiqué à Médiapart début novembre, "l'insuffisance des études", qui est un moyen de droit souvent difficile à soutenir devant un juge, y est démontrée de la manière la plus nette. Il est écrit que le dossier a été monté  "sans réelle analyse des solutions alternatives possibles", "sur des données anciennes" et dépassées, en termes polis que "le contenu de l'étude d'impact est considéré comme très moyen, au-delà de la stricte question des solutions alternatives", qu'alors que la CACG faisait état de 81 bénéficiaires... "nous estimons que le nombre de bénéficiaires du barrage de Sivens se situant dans l’optique sécurisation/substitution est de l’ordre de 30" , chiffre qui apparaît aujourd'hui surévalué par rapport aux dernières études de terrain ! Et j'en passe...

Si Collectif Testet avait invoqué ce moyen de droit devant le juge des référés, imagine-t-on son adversaire, l'Etat, soutenir que le rapport Forray-Rathouis ne tenait pas debout, et que les études faites par la CACG pour ce barrage étaient un modèle du genre ? Alors qu'il est démontré qu'elles sont un parfait exemple de ce qu'il ne faut pas faire !

Et que dire du dimensionnement du barrage, sauf qu'il relève d'une "erreur manifeste d'appréciation" du maître d'ouvrage comme on dit en droit administratif. Rapport, page 3: "la mission conclut à une surestimation des besoins de substitution de l'ordre de 35%. Elle propose de ramener le volume contractualisable de substitution de 726 000 à 448 000 m3" 

Imagine-t-on l'Etat, auteur des arrêtés de DUP et de DIG, soutenir devant le juge des référés le contraire du rapport qu'il venait lui-même de commander ? Pourtant, les "opposants légalistes" ont décidé de ne pas se servir de ce rapport devant le juge des référés! Ce rapport qui concluait :" la mission souhaite que Sivens soit considéré comme un tournant dans la gestion de l’eau en Adour-Garonne, dernier projet d’une époque(souligné par moi) première étape d’une évolution majeure."

Et comme si cela n'était pas suffisant, la commission européenne a caractérisé les infractions à la directive européenne sur l'eau du 23 octobre 2000 dans sa mise en demeure du 26 novembre 2014. Cette mise en demeure de 18 pages détaille plusieurs infractions ! Accessoirement, elle revient de manière très précise sur l'insuffisance de l'Etude d'impact. Notez que cette question particulière, toujours invoquée par les requérants dans les dossiers de ce type, est très difficile à défendre devant le juge administratif qui refuse généralement de prendre parti dans les appréciations des uns ou des autres, faute de documents probants pour étayer les arguments. Mais à Sivens, il y a un document officiel pour la défendre ! Et les opposants légalistes ont aussi décidé de ne pas s'en servir devant le juge des référés!

Fin novembre, les opposants légalistes disposaient donc d'au moins trois motifs imparables pour obtenir une décision de justice en leur faveur. Alors qu'UN SEUL motif suffit légalement, ils ont décidé délibérément de ne pas le faire. Pourquoi ?

Pour une raison bien simple, qui ressort de nombreux communiqués et déclarations de Ben Lefetey et de FNE depuis novembre 2014: ils ont choisi une approche politicienne et partisane, celle du compromis, et cela malgré tout ce qui venait de se passer et malgré la mort de Rémi Fraisse. Exemples parmi tant d'autres : Ben Lefetey à l'AFP, 5 novembre 2014 :" "Un processus de négociations est lancé pour identifier un compromis de sortie de crise" ou, communiqué de Collectif Testet, 20 décembre 2014:"lors de l’entretien avec la Ministre hier midi, le Collectif Testet, France Nature Environnement et la Confédération Paysanne ont rappelé leur volonté d’aboutir à un compromis au plus tôt".

Pour FNE, si prompte à dénoncer chez les autres les conflits d'intérêts, l'affaire est entendue. Comment croire que cette fédération, financée essentiellement par l'Etat et certains de ses organismes sous tutelle, puisse pousser le bouchon et aller au bout d'un conflit dans lequel la responsabilité de l'Etat était si gravement engagée ?

(sur cette question voir: https://tantquilyauradesbouilles.files.wordpress.com/2014/12/limportance-et-la-nc3a9cessitc3a9.pdf )

Pour Ben Lefetey, il se trouve qu'il est ouvertement engagé chez Europe Ecologie avec le petit noyau dont il s'est entouré pour diriger Collectif Testet. Depuis début novembre, il utilise visiblement sa position de dirigeant de Collectif Testet pour entrer dans un jeu médiatico-politique. Il a abandonné la bataille juridique qu'il avait lui-même lancée. En novembre et décembre 2014, en lieu et place d'agir pour obtenir enfin une décision de justice favorable, il n'a eu de cesse que de mettre en avant l'action de Catherine Grèze, députée EELV, devant la commission européenne (action que nul ne conteste au demeurant). Le 19 novembre, il déclare (AFP Gazette des communes) :  « Je m’attends à ce qu’ils lancent [la commission] une procédure d’infraction » (...) « Cela arrangerait le gouvernement car tout le monde se renvoie la patate chaude et il pourrait alors dire que c’est Bruxelles qui a arrêté le projet ». Comme si Bruxelles pouvait arrêter un tel projet !

Dans un mail adressé collectivement aux Bouilles le 30 décembre 2014, pour justifier son refus d'agir en justice, il écrit :"Actuellement, Sivens s’est pris un rapport officiel critique et une infraction européenne, inutile qu’un échec au TA de Toulouse vienne redorer le blason du barrage !"(sic)

Ben voyons! Ayons peur d'utiliser de tels moyens de droit devant un juge !

Pourquoi maintenir l'action en justice alors ? Pourquoi même l'avoir engagée puisque les difficultés qui ont conduit à l'arrêt du chantier sont essentiellement les difficultés générées par les opposants activistes ?

Mais le sommet a été atteint quand nous avons appris qu'une demande d'abrogation des arrêtés avait été déposée le 21 novembre 2014, sans que l'association Collectif Testet et à plus forte raison sans que les autres opposants n'en aient discuté (par exemple à la "coordination" des opposants).

Stupéfaction quand nous avons fini par apprendre, après plusieurs demandes, le 4 décembre, que cette lettre était signée par FNE national (qui n'est pas partie aux procès de Sivens!), FNE Midi-Pyrénées et surtout par Ben Lefetey "au nom de Collectif Testet"! (sic) Alors que personne n'en avait discuté en assemblée de l'association, alors que les instances en annulation étaient en cours, ce chantre de la démocratie a bien signé une lettre au préfet lui demandant d"Abroger sans délai toutes les autorisations administratives que vous avez délivrées sur ce projet, entachée d’évidentes erreurs d’appréciation : une telle décision apparaît comme la seule envisageable pour restaurer la confiance des citoyens envers l’appareil étatique" .

De nombreux opposants se sont émus de cette démarche ahurissante qui a généré une grosse polémique.

voir:https://tantquilyauradesbouilles.files.wordpress.com/2014/12/le-point-sur-la-situation-juridico.pdf

Des explications ont été demandées à Ben Lefetey.

Aucune explication ou justification valable n'a pu être donnée depuis début décembre 2014.

Et pour cause :

Dès lors qu'une instance en annulation d'une décision est en cours ET que cette instance a toutes les chances d'être gagnée, il ne peut y avoir qu'une raison pour le demandeur de demander l'abrogation de la décision : un arrangement entre les parties ou un projet d'arrangement entre les parties !

Une telle demande d'abrogation pourrait, certes, relever d'une grave incompétence de quelque requérant agissant sans avocat (je plaisante un peu... mais ça c'est vu), mais quand on note que cette demande a été cosignée par Denez L'Hostis, président de FNE national, et cautionnée par au moins un avocat (qui certes a été jadis salarié de FNE - là je ne plaisante pas...) on peut penser qu'elle est délibérée. FNE étant subventionnée chaque année à hauteur de plus de 1 million d'euros par le seul ministère de l'Environnement, on peut aussi comprendre la démarche...

Fort heureusement, sans accord formel du Conseil Général et de la CACG, une telle demande ne pouvait aboutir. C'est ce qui s'est passé en décembre 2014. FNE et Ben Lefetey savaient ce qu'ils voulaient labourer mais ils avaient mis la charrue avant les bœufs... D'où la situation depuis 3 mois.

Nous sommes début mars 2015, le Conseil général vient de décider la construction d'un barrage plus petit à Sivens, qui va tout de même porter gravement atteinte à la zone humide du Testet qui était une des zones humides les plus intéressantes du Tarn.

Ben Lefetey va sortir un livre ... préfacé par José Bové, dont le titre comprend le mot "démocratie". Une association que je ne nomme pas par courtoisie propose "Un reçu fiscal pour déduire de vos impôts 66% du montant de votre don" s'il est supérieur à 50€, avec en prime le livre de Ben Lefetey et des autocollants... On ne perd pas le nord chez Lefetey.

Depuis novembre 2014, FNE a fait plusieurs appels aux dons et adhésions en invoquant explicitement la mort de Rémi Fraisse et les actions en justice à engager, alors que Rémi Fraisse était à Sivens à titre individuel avec ses amis les 25-26 octobre, à une manifestation à laquelle FNE Midi Pyrénées n'avait pas appelé, et alors que FNE a refusé d'agir en justice depuis novembre! On ne perd pas le nord non plus chez FNE. Vous me direz qu'il se vend sur internet des dessins dédicacés gratuitement pas Cabu.

Depuis novembre, dans les conditions qui viennent d'être évoquées, aucune décision favorable n'a été rendue par le juge administratif en faveur des opposants, de sorte qu'on a pu entendre des élus tarnais et la FNSEA nous chanter le refrain de "l'Etat de droit", eux qui n'ont rien dit (bien entendu) quand le barrage de Fourogue a été construit en toute illégalité en 1997 malgré les décisions de justice (voir mon articlehttp://www.liberation.fr/politiques/2014/11/02/l-etat-de-droit-a-geographie-variable-de-morlaix-a-albi_1134663).

Depuis novembre, MM Folliot et Valax ont pu rabâcher que les opposants ne pouvaient pas contester des décisions qu'ils "avaient prises légalement". "Tous les décideurs savent dorénavant qu’un projet administrativement, financièrement et juridiquement bordé peut être arrêté par la volonté d’une minorité agissante appuyée par des casseurs, et ce, malgré le rejet des procédures intentées contre lui" déclarait M.Folliot à l'Assemblée Nationale le 26 nov 2014...

Pourtant, MM Folliot, Valax et autres ont abandonné en chœur aujourd'hui le fameux dossier si bien "financièrement et juridiquement bordé". Vu l'état des lieux à Sivens, où tout a été rasé, on peut dire qu'ils ont capitulé en rase campagne devant l'Etat !

La FNSEA a répandu tranquillement en ville des tonnes de fumier et de lisier...

Ces jours ci, elle a barré les routes dans la région de Sivens en violation flagrante de l'article L412-1 du code de la route (délit d'entrave). Ses adhérents ont empêché des habitants de la région de circuler librement sous l'œil complaisant des forces de l'ordre. Ils ont fait le coup de main pour expulser les zadistes de terrains... qui ne leur appartiennent pas (pas plus qu'ils n'appartiennent aux zadistes c'est vrai aussi!), pour un barrage qui ne les concerne pas directement pour la plupart.

On peut entendre partout dans les médias que la vingtaine d'agriculteurs qui devaient bénéficier du barrage prévu pour 8,5 millions d'euros sont devenus "les agriculteurs". Oui, ces 20 personnes sont "les agriculteurs" en général, ce qui est très fort j'en conviens et qui ferait exploser le budget de la nation si on appliquait aux agriculteurs le coût du barrage de Sivens par agriculteur concerné. Très fort. Aussi fort que la fameuse phrase"les agriculteurs ont besoin d'eau", qui devrait permettre d'avoir saccagé Sivens et surtout de pouvoir faire n'importe quoi ailleurs, d'où la présence à la manifestation d'Albi du 15 novembre 2014 d'agriculteurs du Gers, des Landes, du Lot et Garonne, etc

Comme il n'y a pas eu de décision de justice en faveur des opposants, depuis novembre et encore plus ces derniers temps, des conseillers généraux et la FNSEA ont pu claironner qu'il fallait défendre "l'Etat de droit", en tout cas le leur.

Ce sont Ben Lefetey et FNE qui leur ont donné le pavillon du clairon. Ils avaient l'embouchure depuis longtemps.

Les sept péchés capitaux de la pêche

Au fur et à mesure des articles et des documentaires, les graves péchés attribués à la pêche sont évoqués de façon récurrente depuis 1990. Rien n’y change. Mesures correctives: néant. La machine s'est même emballée après 2000.

Il nous semblait intéressant de dresser une synthèse succincte.

Nous les avons classés dans l’ordre croissant.

  • prospectives : imagination pusillanime des remèdes et surtout, absence de volonté politique d’affronter les lobbies pour les mettre en œuvre,
  • contrôles : impuissance dans la surveillance du non-respect des quotas, défaillance des contrôles, impunité de la pêche illégale,
  • préjudice social et fiscal : importation en Europe des produits aquatiques provenant de la pêche illégale et de la pêche indurable,
  • espèces en voie de disparition : massacre des espèces marines non valorisées rejetées en mer et extermination d’espèces emblématiques,
  • gestion technique aveugle : pêche en eau profonde et pillage des stocks réputés inépuisables il y a encore peu de temps,
  • RMD (rendement maximum durable financier maximum) : business spéculatif encouragé par les subventions de l’UE et l’appât du gain immédiat.

Il faut relativiser : tout cela ne serait pas si grave…nous gardons le pire pour la fin, qui pourrait bien être la vraie fin:

  • préjudice environnemental : la ruine des écosystèmes.

Le remède

Eriger en priorité le fait d'accentuer ce septième péché capital permettrait de résoudre tous les problèmes : continuons à ruiner et polluer des écosystèmes invisibles et les six péchés précédents disparaîtront ipso facto. C’est la voie que nous empruntons.

après la surpêche...

après la surpêche...

 

L’avenir

A défaut de produits aquatiques, les marchés s’orienteront vers des actifs immatériels : des  "bons", des "certificats", des  "tonnes-équivalent- corail" ou des "tonnes-équivalent-baleine", d'authentiques "permis de détruire". Ils permettront de pérenniser la spéculation.

Ainsi, la boucle du durable est bouclée avec ce paroxysme : les promoteurs (ceux-là même qui ont contribué à détruire) de ces outils financiers, s’autoproclament désormais les véritables protecteurs de la nature…