La renouée du Japon : une plante tueuse hors de prix

L’imagination et la bêtise humaine n’ont pas de limites. C'est l'écologie doctrinale nuisible à l'environnement.

Commentons ces photos trouvées sur internet. L’endroit où ont eu lieu ces travaux est très secondaire. C’est la démarche qui importe : nous implorons un peu de retour au bon sens de la part de ceux qui lancent des chantiers à grands frais, simplement après avoir écouté le dogme du technicien qui répète ce qu’il a entendu sur la renouée. Sur la base de l’intime conviction et de la croyance sans science. Cela suffit pour bomber le torse dans les médias et de partir en croisade contre une plante en négligeant les sujets essentiels.

Ces photos concernent une tentative d’éradication de la renouée du Japon qui a colonisé un talus surplombant un ruisseau. Cette décision résulte inévitablement de la réputation exécrable infligée à cette plante (tellement performante qu'elle en est envahissante).

Le syndicat de la rivière a de l'argent. Il fut donc procédé à l’arrachage mécanique, à l'évacuation, puis au tamisage de la terre pour en extraire les rhizomes et enfin au talutage de la terre tamisée.

Soit pour l'ensemble du chantier, une grosse émission de GES (gaz à effet de serre) pour aucun gain environnemental.

arrachage mécanique

arrachage mécanique

Nous allons de surprise en surprise :

  • le talus abrupt semblait être parfaitement stabilisé par la renouée,
  • il aurait pu y avoir mort d’homme sur ce chantier,
  • très accessoirement, le prix de revient a dû être très élevé,
  • s’il pleut avant que le talus ne soit enherbé, toute la terre colmatera le ruisseau...alors que l'objectif était "le bien" que le syndicat voulait prodiguer au ruisseau. Une bagatelle depuis Grenelle que de s'arroger le droit "faire du bien à la nature", même en ayant recours à des techniques dépourvues de bon sens et/ou non éprouvées.

Nous n’aurions évidemment pas émis le même diagnostic et nous nous serions, au préalable,  interrogé sur les points suivants :

- la renouée à cet endroit: est-elle nuisible ou a-t-elle une fonction?  Non seulement elle stabilise le talus, elle évite l’érosion mais elle est décorative, attractive pour les insectes, volontaire (puisqu'aucune plante ne voulait assurer ces bons offices environnementaux), pérenne et...toujours très accessoirement, ne nécessite aucun frais d’entretien,

- combien vont coûter ces travaux superflus?  En ce sens, consentir autant de frais pour la renouée lui confère une valeur économique,

- l'acharnement contre la renouée a occulté les conséquences d’un orage en fin de chantier sur de la terre tamisée et l'impact sur le ruisseau.

Après avoir répondu à ces questions simples, il serait apparu clairement qu’il était urgent de ne rien faire du tout à cet endroit, surtout sans pouvoir apporter la garantie d'améliorer la situation de manière significative. Ce bon sens n'imaginait même pas que l'on puisse prendre des risques humains et écologiques (risque potentiel du colmatage du ruisseau) pour un chantier inutile. 

qui risque de tomber en premier sur le bob? le bras de la pelle ou le tamis?

qui risque de tomber en premier sur le bob? le bras de la pelle ou le tamis?

Prendre des risques physiques pour détruire une jolie plante relève de l’inconscience. L’inspecteur du travail n’est heureusement/malheureusement  pas passé sur la route ce jour-là…les ouvriers qui ratissent les rhizomes latéralement  au tamis et celui qui évolue sous le bras de la pelleteuse auraient pu être victimes d’un malencontreux coup de godet dans cet édifice facile à ébranler.

La renouée du Japon aurait justifié, malgré elle, son qualificatif dans certains articles de "plante tueuse". Voila bien une preuve irréfutable qu'elle est extrêmement dangereuse: elle suscite les dysfonctionnements cérébraux.

tamisage

tamisage

comment colmater un ruisseau?

comment colmater un ruisseau?

Si l'idée infondée consiste à combattre la renouée : n'oubliez pas que les bâches et les produits chimiques sont désastreux pour l'environnement.

Il nous semble néfaste d'inventer des "remèdes" plus invalidants que ceux attribués à la plante à combattre. L'empreinte écologique doit être calculée avant toute prise de décision.

La coupe très fréquente des parties aériennes est la solution pour affaiblir les rhizomes. Mais à quoi bon ?  Dans 99% des cas, l'homme s'épuise avant la renouée -c'est comme cela qu'elle est envahissante-.  

Enfin, si elle se trouve dans des endroits inaccessibles, fichez lui la paix: elle a le mérite d'apporter de la verdure dans les zones minérales.

lire: 

cedepa.fr/renouee-du-japon/ 

http://naturamosana.be/documents/renouee_oasis_biodiversite.pdf

 

les rivières de l'ouest de la France sont-elles seulement des infrastructures naturelles?

Cet article de Reppaval  résume et présente un prochain ouvrage. Nous imaginons un argumentaire à charge, comme la plupart des publications depuis le 31/12/2006. (LEMA). Au 01/01/2007 rien ne va plus dans la nature qu’il faut renaturer rapidement. Il y aurait urgence à agir pour la planète ! Peu importe si l’objectif est mal ciblé. 

Un plaidoyer pour les seuils et moulins nous surprendrait, mais attendons la publication et notamment les pistes de réflexion pour une meilleure prise en compte des enjeux sociaux et économiques.

l’article :

“Les rivières de l’Ouest de la France sont-elles seulement des infrastructures naturelles ? Les modèles de gestion à l’épreuve de la DCE” par Marie-Anne Germaine et Régis Barraud, celui-ci  traite des enjeux liés à la gestion de l’abondant héritage constitué des seuils, barrages et chaussées de moulins, témoins de l’intensité de l’exploitation de cours d’eau de petite dimension dans l’Ouest de la France. L’article s’interroge sur l’étape charnière dans laquelle se situe aujourd’hui la gestion des vallées en lien avec la fin d’un système, celui des moulins et de la rivière aménagée, aujourd’hui révolu mais dont l’influence sur le fonctionnement des hydrosystèmes et la physionomie des paysages reste importante. Deux grands modèles de patrimonialisation semblent s’affronter : l’un envisage ces héritages, le moulin à eau et les infrastructures hydrauliques qui lui sont associés (seuils, biefs, vannes) en particulier, comme une ressource à conserver dans le cadre de la valorisation des paysages de vallées tandis que l’autre les considère comme un obstacle au bon fonctionnement des corridors écologiques. Dans ce modèle,  les cours d’eau et zones humides associées sont envisagées comme des infrastructures naturelles linéaires. Dans un premier temps, l’inventaire et l’analyse de l’arsenal réglementaire mis en place récemment aux échelles européenne et nationale conduisent à suivre les infrastructures naturelles de gestion des cours d’eau qui s’opère en France depuis les années 1990. Celui-ci est ensuite mis en regard du modèle techniciste de la rivière aménagée et du modèle écologique émergeant. Leur confrontation permet enfin de proposer de nouvelles perspectives pour la mise en œuvre de projets de rivières partagées.

Résumé : Les nouvelles lois sur l’eau entraînent une multiplication des opérations de restauration écologique des cours d’eau. Qu’ils se traduisent par le désaménagement d’ouvrages ou par la volonté de maintenir des paysages « sauvages » dans les fonds de vallées, ces projets suscitent localement des oppositions et conflits qui témoignent de la diversité des usages et représentations de ces espaces. L’analyse des alternatives proposées au modèle de la rivière aménagée conduit à s’interroger sur les décalages entre alternatives proposées et les attentes exprimées par les populations locales. À partir de l’étude d’opérations achevées ou en cours dans les petites vallées de l’Ouest de la France, des pistes de réflexion pour une meilleure prise en compte des enjeux sociaux et économiques sont proposées pour la mise en œuvre de projets de « rivières vivantes ».

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                   commentaires rapides du Cedepa 

rivières de l’Ouest de la France: s’il y a des rivières surnaturelles, c’est bien dans l’ouest de la France! Qu’est-ce qu’une "rivière naturelle", en existe-t-il encore ?

Les modèles de gestion à l’épreuve de la DCE : pour l'instant, les rapportages de la France sont plutôt sévérement jugés par l'UE

la fin d’un système…aujourd’hui révolu : une affirmation pétrie de certitudes, empreinte d’une grande fatuité, déniant l’ingénierie du passé, n’imaginant même pas un instant que nous serons peut-être contraints de tout remettre en œuvre en 2030 pour valoriser les multifonctionnalités du cours d’eau : production d’électricité, pisciculture (pour réduire un déficit grave de la balance commerciale) loisirs (accueil, gîtes, chambres d’hôtes, restauration…). Au lieu de le qualifier de révolu, le système pourrait être valorisé avec un investissement bien moins élevé que celui consacré aux effacements des seuils.

influence sur le fonctionnement des hydrosystèmes: Nous l'admettons et en prenons acte, mais cette influence prétendument rhédibitoire n’est pas étudiée. L'impact physique très relatif des seuils n’affecte qu’à la marge la qualité de l’eau. La nature a recréé d’autres écosystèmes depuis des siècles. Les uns valent certainement les autres. La mise en oeuvre du concept politique de "continuité écologique" provoquerait des perturbations écologiques graves.

des modèles de patrimonialisation semblent s’affronter:  présentation dévoyée : il n’y a pas d’affrontement. L’un existe : il a contribué à l’essor de la France, l’autre n’est qu’une agression philosophique récente, déconnectée de la technique et qui prétend être "écologique".

valorisation des paysages:  dichotomie très forte entre ces boucs-émissaires et le très fort engouement social pour les moulins et les étangs. La journée 2013 des moulins et du patrimoine va encore le confirmer.

PDF : paysages vallées_Barraud_Poitiers

considère comme un obstacle au bon fonctionnement: c’est bien le nœud gordien: les uns « considèrent »... mais sur quels fondements ?

corridors écologiques: un concept de Grenelle; pourquoi limiter l'écologie aux corridors?

infrastructures naturelles:  balivernes ! s’il reste 1m² "naturel" en France, il faut le chercher dans les zones montagnardes inaccessibles, certainement pas près des cours d’eau, objet de multiples aménagements depuis homo sapiens,

restauration écologique des cours d’eau : pour qui et pour quoi ? http://cedepa.wordpress.com/2012/07/14/eau-et-sediments/

maintenir des paysages « sauvages » : inexistants en France,

alternatives proposées : lire alternatives "imposées" par une ultra minorité, sans que strictement personne n’ait rien demandé. Les alternatives administratives du PARCE ne sont pas encore validées…la précipitation et l’excitation actuelles pour modifier des écosystèmes qui fonctionnent harmonieusement depuis des siècles ne semble ni pertinente ni urgente.

les attentes exprimées par les populations locales : une forte mobilisation contre les arasements, un engouement social très ancré pour les étangs et les moulins, confirmé par les Collectivités qui cherchent à les acquérir. Cette "attente exprimée" sur le papier ne correspond pas ce que les usagers, touristes et populations locales apprécient.

"rivières vivantes": un concept politique dogmatique qui s’arroge l’écologique. Certains cours d’eau sont "morts" à l’issue d’une irrésistible agonie chimique.

 

Observatoire de la Continuité Ecologique. OCE

Présentation et appel à contributions

Améliorer la qualité physique, chimique, biologique et écologique des eaux françaises (superficielles, souterraines) est une nécessité. Mais elle suppose de faire les bons choix en terme de priorité, d'efficacité et d'équilibre dans l'action publique. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. La France accorde une place excessive à la question de l'hydromorphologie et de la continuité écologique : ce choix singulier se traduit par des retards sur les causes premières de dégradation de qualité de l'eau, par des conflits avec d'autres dimensions ou d'autres usages des rivières (énergie, irrigation, régulation, paysage, patrimoine), par des coûts économiques considérables sans garantie ni mesure de résultats.

Rappel : DCE et lois françaises La Directive-Cadre sur l'Eau (DCE), édictée par l'Union européenne en 2000, a fixé le cadre normatif de la politique de l'eau des Etats-Membres. Son objectif est l'atteinte du bon état chimique et écologique de deux-tiers des masses d'eau d'ici 2015, et de toutes les masses d'eau d'ici 2028.
La France a promulgué la Loi sur l'Eau et les Milieux Aquatiques (LEMA 2006) et la loi Grenelle 2 de 2010 (Trame verte et bleue), ainsi que divers dispositifs comme le Plan de Gestion de l’Anguille. Ces textes ont accordé une place importante à l'hydromorphologie, c'est-à-dire aux caractéristiques physiques des masses d'eau : pente, substrat, forme du lit mineur et majeur, berge, annexes hydrauliques, etc.

Continuité écologique
Au sein de l'hydromorphologie, l'effort public est principalement consacré à la continuité écologique : assurer le bon transport des sédiments (charge solide) et la circulation amont/aval des poissons, ainsi que la connectivité des milieux. Cette continuité préconise l'effacement ou l'aménagement des "obstacles à l'écoulement" en lit mineur (continuité longitudinale) ou en berge (continuité latérale), essentiellement les seuils et barrages.
Selon le Référentiel des obstacles à l’écoulement, il existe à ce jour plus de 60.000 obstacles sur les rivières françaises. Le nouveau classement des cours d'eau en liste 1 ou liste 2 impose l'aménagement ou l'effacement d'un grand nombre d'entre eux sur une période courte, 2013-2018 (délai de 5 ans prévu par la loi de 2006).

Problèmes observés
La continuité écologique pose d'ores et déjà de nombreux problèmes au regard des choix de gouvernance, des travaux pilotes et des publications disponibles : diffusion incomplète de l'information, défaut de recueil des données préalables sur la pollution, absence de suivi systématique des effets, engagements financiers très importants sans analyse-coûts-avantages préalables, manque de robustesse scientifique sur la place relative des facteurs de dégradation des rivières, ignorance de plusieurs dimensions importantes des rivières, des étangs et de leurs aménagements hydrauliques (patrimoine, énergie, paysage, etc.).
Plus fondamentalement, les orientations ne résolvent aucunement le problème prioritaire de l'eau : la pollution, qui n'est pas correctement traitée ni même mesurée avec les bons indicateurs.

Observatoire de la continuité écologique
Nous avons décidé de lancer un Observatoire de la Continuité Ecologique et des usages de l'eau.
L'Observatoire a pour vocation de rassembler et de relayer une information pertinente et indépendante sur la continuité écologique, d'analyser les problèmes qu'elle rencontre et de proposer des pistes de réflexion en vue de trouver des solutions conformes à l'intérêt général, soucieuse de la qualité de l’eau que nous consommons, de la nature des sédiments et de l’eau que nous restituons à l’océan.

Appel à contributions
L'Observatoire est une structure ouverte à la réflexion. Il se propose de réunir des analyses, des témoignages, des expériences, des expertises afin de produire des synthèses thématiques qui permettront d'éclairer l'opinion. Nous garantissons l’anonymat de chaque contributeur particulier, professionnel ou association.

Contact : oce2015(a)gmail.com

L’Observatoire : Philippe Benoist (Cedepa), Charles-François Champetier (Hydrauxois)

sauver les poissons migrateurs

Sauver les poissons migrateurs, vocifèrent-ils !
"Les poissons migrateurs (saumon, esturgeon, anguille, aloses, truites de mer, lamproies) peuplaient autrefois l’ensemble des fleuves et rivières de notre pays. Barrages, obstacles divers, pollutions et excès de l’agriculture irriguée ont conduit certaines espèces au bord de l’extinction. On pense en particulier au saumon de la Loire, à l’anguille et à l’esturgeon. Le WWF agit pour enrayer cette dégradation : soutien à l’opposition aux nouveaux projets de barrages sur le bassin de l’Adour et la Garonne ; promotion de la restauration des rivières les plus emblématiques : campagne pour faire effacer les barrages de Poutès sur l’Allier, Vézins et La Roche qui Boit sur la Sélune, en Normandie".

ce n'est toujours pas celui-là qui se reproduira...

ce n'est toujours pas celui-là qui se reproduira...

Sauvons les poissons migrateurs…mais comment ?
WWF cite en premier lieu « barrages et obstacles divers » bien avant la pollution, les intrants et oublie carrément la surpêche. Un point de vue très partial avec des œillères. WWF avec désinvolture prétend envoyer les 2 millions de m3 de sédiments de la Sélune dans la baie du Mt St Michel...probablement pour encourager le tourisme et favoriser la conchyliculture? Preuve que barrages et seuils ne sont pas responsables de la disparition des poissons : la morue et le thon rouge espèces 100% d’eau salée. La première quasi disparue, la seconde est très menacée. Et les autres? Heureusement qu’elles ne sont pas amphihalines car seuils et barrages auraient encore été incriminés!
Le WWF rève et n’explique pas comment les sauver. Tant que le saumon sera la proie des marchés, que la civelle vaudra 450€/kg, tant que l’esturgeon aura la mauvaise idée de produire du caviar… peu de chance de voir augmenter les populations sauvages dont un nouveau concurrent direct supplémentaire, le saumon OGM échappé des élevages, entre dans l'arène.
Surpêche et pollution, tel est notre diagnostic concernant la raréfaction des poissons dans nos rivières...nous ne pensons pas être bien loin de la vérité. Et il semble que des voix s'élèvent partout en France pour s'opposer à cette rhétorique aberrante.

...celui-là non plus

...celui-là non plus

Sauvons les poissons migrateurs : une idée sympathique relevant de la maltraitance animale ?
Qui aime bien châtie bien : nous leur offrons des égouts à ciel ouvert comme la Loire à Orléans, des fleuves chargés en métaux lourds ou les rivières radioactives du Limousin. Une cynique incohérence.
Nous souhaitions en savoir un peu plus que WWF. Nous avons donc demandé à l’Institut PISOS, spécialisé en pisciculture, d’effectuer une enquête approfondie. Sur un échantillon de 1000 poissons interrogés, la question suivante a été posée: « comment préférez-vous votre rivière » ? (classez les critères suivants par ordre de priorité)
Réponse A : un substrat physique agréable,
Réponse B : une température fraiche constante,
Réponse C : une eau non polluée, sans produits chimiques ?
Résultat : à une écrasante majorité, toutes tailles et espèces confondues, la réponse « C » l’emporte.
En commentaire annexé au rapport confidentiel, PISOS nous confie : « les poissons apprécient évidemment un cours d’eau agréable, mais quand un habitat ne leur plaît pas, non seulement cet habitat peut convenir à une autre espèce mais ils s’empressent de nous rappeler : quand il y a de l’eau, nous savons nous déplacer (1)… et d’ajouter : …sur un linéaire donné, nous finissons toujours par trouver un milieu propice…alors que la pollution, elle, invisible à l’œil est partout. Ils se plaignent de devoir manger des proies au goût infecte. Ils ont bien conscience d’accumuler dans leur chair toutes ces toxines dont l’homme se débarrasse dans la rivière et constatent que ces perturbations endocriniennes les rendent de moins en moins féconds ».

Conclusion :
Même en imaginant éliminer tous les moulins, les grands barrages et étangs réunis, la DCE n’atteindra pas ses objectifs. Il faudra alors bien reconnaître que leur impact réel est marginal et qu’ils n’ont jamais été impliqués dans la dégradation chimique de la qualité de l’eau. Et on continuera à vociférer : « sauvons les poissons migrateurs ».

Ph.Benoist.
A lire:
http://cedepa.wordpress.com/2012/12/09/dce-epistemologie/
http://cedepa.wordpress.com/2011/11/20/la-dce-sur-le-bon-etat-des-cours-deau-en-2015-une-galejade/
http://cedepa.wordpress.com/2012/12/27/la-dce-arasement-des-seuils/

(1) un brochet parcourt 15km les doigts dans le nez dans sa journée ; un saumon 40 à 50km à contre-courant (montaison) et une truite peut remonter 20km pour trouver une frayère.

Application aveugle de la continuité écologique

Les sédiments de l’ex-base de loisirs de St Berthevin (53) ne risquent pas de migrer jusqu’à Angers: ils se retrouveront d’abord dans les seuils des moulins en aval. C’est une manière de traiter le sujet du transit sédimentaire: les envoyer chez les plus proches voisins en aval, qui deviendront ipso facto le problème et à qui on transfère la responsabilité de les gérer. L'étude sur plusieurs années du milieu concerné n'intéresse pas les prescripteurs: la continuité écologique prime avant toute autres considérations.

Vicoin sauvage_cote

Un exemple parmi de nombreux autres :
Un plan d’eau artificiel de 3ha sur un affluent de la Mayenne à St Berthevin se comble avec des sédiments. 53 000m3 curés depuis 1988, ça coûte. On convainc donc facilement M. le Maire que le site sera beaucoup plus attractif sans le plan d’eau. Malgré des oppositions, la décision est prise d’araser le seuil.
Aurait-t-on agit sur les sédiments incriminés? A-t-on cherché leur origine anthropique dans le bassin versant ? A en diminuer les volumes en modifiant les pratiques?
Stupéfiante étude bornée sur quelques hectomètres alors qu’une analyse globale multicritères serait à considérer : depuis la source pour analyser les causes de cet apport et jusqu’à St Nazaire pour les conséquences. Aucune étude sérieuse n'a été conduite sur les écosystèmes en place, sur la perte environnementale consécutive aux travaux: l'unique objectif est la destruction.

A Lisieux, l’effacement du barrage a été « valorisé » par une visite de terrain organisée par l’Onema en présence de la secrétaire d’État en charge du développement durable. Un reportage télévisé a été diffusé au journal d’une grande chaîne nationale. Cest quasi la seule « valorisation de l’opération ». La présence de la télévision vaut désormais argument scientifique.

On pense aussi aux 900 000 m3 de sédiments du barrage de Maisons Rouges (86) qui nourrissent le bouchon vaseux de la Loire, aux  2 000 000 m3 de sédiments bloqués par les barrages sur la Sélune. Ce cas d'école semble pointer les incohérences du dogme sur l'arasement car ce stock arriverait en peu de temps au pied du Mont St Michel. En clair, les barrages en tête de bassin versant doivent être arasés. On fait fi des sédiments. Quand on s'approche de l'estuaire et a fortiori d'un site grandiose comme celui du Mont St Michel, l'Administration semble tergiverser. Des millions d'euros ont été investis précisément sur le problème d'envasement/ensablement de la baie. Il s'agit bien d'une gestion à court-termiste, prétendument écologique, car les sédiments, quelle que soit leur provenance et leur état chimique, terminent toujours leur chemin au même endroit. Cela créée une charge très onéreuse de dragage que la collectivité .paye deux fois: en amont au titre du "transit" et en aval 

On cherche en vain dans ces destructions de barrages, des éléments probants susceptibles d'améliorer la qualité chimique des masses d'eau.

Attendons les résultats.

 

 

 

Le sacro St Grenelle

Tous ceux qui n’ont pas l’immanence écologique ont subitement, comme si une puce les avait piqués depuis St Grenelle, repris en coeur un bombardement sémantique sur ce néologisme hyper médiatisé et galvaudé  sur ce qui doit désormais être bon pour l’homme et la planète (1): le durable.

Discours exclusif et pontifiant de ceux qui viennent de prendre le train et qui n’avaient jamais, mais strictement jamais, entendu parler ni d’écologie ni d’environnement de nous expliquer doctement les trois fameux piliers …et autres balivernes pédagogiques sur ces trois cercles excentriques où tout et son contraire deviennent  "durable". Même le cercle "économique" est durable par hypothèse...donc tout est durable...une vrai concept innovant !

L’environnement pour les nuls !

Il y a bien eu "l’informatique pour les nuls" (2),  imaginons "le durable pour les nuls"(3)…à la seule condition qu’ils ne viennent pas, après indigestion du nouveau concept durable pour eux, nous l’expliquer à nous (comme on dit dans le sud) !!

(Article en cours de rédaction ; cela prend un peu de temps de pointer toutes les activités indurables qui s’autoproclament durables)

(1) ce qui est bon et suffisant pour l'homme , c'est l'usage immodéré du terme "durable" et de l'usage seul; car la planète n'a strictement rien gagné: depuis, tout s'aggrave puisque les comportements ne changent qu'à la marge. 

(2) nous l'avons souvent consulté.

(3) nous pourrions l'écrire.

Les poissons, les sédiments et l'eau dans la continuité écologique

PDF ici: Les poissons, les sédiments et l'eau dans la continuité écologique

La grande découverte sémantique  est d’avoir imaginé et associé au concept de "continuité", le mot "écologique". Comment peut-on imaginer un instant travailler en faveur de l’écologie en prétendant araser 60 000 seuils et barrages? L’eau deviendrait-elle subitement de meilleure qualité ? Elle s’est considérablement dégradée après 1950 alors que les ouvrages existaient depuis des siècles.

Nous allons évoquer la biodiversité et analyser d’un peu plus près ce qui se cache derrière la "continuité écologique". Ce qu'elle prétend et ce qu'elle oublie de considérer. 

1) Les poissons

Empoissonnements massifs

Pendant les "30 glorieuses ", les congés payés et le début des loisirs, la pêche a connu un essor considérable. Les sociétés de pêcheurs, faisant fi de la biologie des espèces, de la biodiversité, ont introduit dans les cours d’eau des milliers de tonnes de poissons pour satisfaire la passion de leurs clients. Cette gestion aveugle a sonné le glas des espèces sauvages. Elle fut également désinvolte dans l’introduction d’espèces réputées plus attractives pour la pêche que celles du peuplement naturel, Elle fut enfin irresponsable en ayant introduit des espèces exotiques.  Mépris total des autres espèces, ignorance du cours d’eau uniquement considéré comme un réceptacle, comme un grand réservoir, ignorant un milieu naturel dont l’écosystème fonctionnait de manière équilibrée depuis des siècles.

Comme les chasseurs, les pêcheurs ont décrété des espèces indésirables, nuisibles  à leurs yeux, envahissantes et imaginé les cours d’eau comme ils devaient être. Point.

Les poissons dans les piscicultures, gavés aux granulés pour atteindre la taille portion à la date de livraison, sélectionnés par les fédérations en fonction de leur prix, ont été introduits dans les cours d’eau avec une charge dépassant toujours la capacité d’accueil du milieu naturel. Il fallait un apport quantitatif qui puisse satisfaire le pêcheur du dimanche. Malgré tout, on entend encore évoquer des "souches" de telle ou telle espèce. Un terme employé quasi religieusement pour se convaincre. A part de très rares exceptions dues à l’inaccessibilité du cours d’eau et à la présence d’un obstacle infranchissable en aval (cascade), les souches originelles de poissons sont disparues depuis des lustres. Même en amont d’un seuil ou d’une digue d’étang en tête de bassin versant, les alevinages ont tellement perturbés les peuplements piscicoles qu'ils n'ont, dans bien des cas, plus rien à voir avec le peuplement d’origine. Quand les dernières introductions sont anciennes, les espèces amont peuvent afficher un génotype et phénotype différents par rapport à celles en aval d’un seuil. Les exemples existent, mais les vraies « souches » continueront surtout à nourrir l’imaginaire du pêcheur.

Cette gestion piscicole aveugle, désinvolte, égoïste et anti-écologique ne peut en aucun cas autoriser les pêcheurs dogmatiques à nous expliquer ce que devrait être la continuité écologique. Les pêcheurs de terrain tiennent souvent, avec bon sens, des propos très différents.

En résumé, que la gestion des peuplements piscicoles incombe aux fédérations de Pêcheurs selon la loi, nous en avons pris acte. Qu'elle soit conduite pour satisfaire leurs clients, pourquoi pas ? Pêche > empoissonnements > pêche… Mais dans ce mode de gestion piscicole, que l’on n'inflige aucune charge aux publics hors circuit et surtout, que l’on n’invoque pas les prétendus besoins des écosystèmes martyrisés depuis des décennies. Le cycle fonctionne comme la chasse dans un parc de chasse : la forêt déconsidérée n’est qu’un support à l’activité. Le biotope se reconstituera lentement quelques années après la fermeture du parc.

Soit les centaines de millions d'euros dépensés depuis 10 ans produisent les effets piscicoles et environnementaux escomptés et on doit arrêter les empoissonnements, soit l'eau n'est que le support à l'activité de pêche -encore une fois, cela ne dérange strictement personne- et on doit "arrêter d'emmerder les Français" comme disait Pompidou, avec la continuité écologique.

Sans du tout remettre en cause  la chasse et la pêche, faire l’amalgame entre la pêche intensive (qui prélève plus que le milieu ne puisse produire) et l’écologie nous semble aussi cocasse qu'illégitime.

 Sur ce premier point, le concept de la libre circulation des espèces artificielles pour satisfaire la continuité piscicole apparaît oiseux.

 Les espèces amphihalines

Les espèces amphihalines devenues des "enjeux majeurs" … des centaines d’enjeux majeurs depuis 1960. Aussitôt énoncés, aussitôt oubliés. Comment ces espèces ont-elles été érigées au sommet de la pyramide ? Quand on voit ce que nous infligeons aux baleines, aux éléphants décimés pour l'ivoire, à l’ours polaire et chez nous aux abeilles… en quoi le poisson  mériterait-il tant d’investissements ? En quoi le saumon serait-il "indispensable" alors qu’il s’élève facilement au contraire des espèces en voie d’extinction ? Qu’il fasse l’objet d’attentions, c’est bien la moindre des choses. Mais ils continuent à faire l’objet de pillage, de braconnage, victimes de la surpêche, du silure et …décimé par les pollutions.

silure 00

Les stocks mondiaux sont menacés. Ceux qui s’échappent des élevages OGM des cages en mer risquent de sceller prochainement le sort des derniers saumons naturels.

Le paradoxe réside dans le fait que l’on veuille consacrer des centaines de millions d’euros pour des espèces qui hélas pourraient disparaître à court terme. Ce n’est certes pas une raison pour baisser les bras, mais avant d’engager ces dépenses colossales, agissons en priorité sur les causes réelles du déclin de ces espèces : la pollution et la surpêche, au lieu de faire croire que la "continuité écologique" ressuscitera les populations en péril.

 Sauvons les poissons  migrateurs…pour les pêcher

"une belle prise" dixit Georges Pernoud. N'empêche que celui là remontait l'Adour pour aller se reproduire...c'est loupé!

Ce saumon de 11 kg remontait l'Adour pour aller se reproduire

Nous pourrions comprendre et accepter cet objectif de sauvetage des migrateurs s’il était accompagné d’une interdiction stricte de pêche. Ce n’est pas le cas. Les sommes considérables consenties au titre de la "circulation des espèces piscicoles" représentent une charge financière exorbitante au profit d’un petit groupe.

> financièrement, c’est très inéquitable,

> sur le plan éthique, tant d’efforts pour pouvoir continuer à ponctionner les stocks constitue une grande incohérence,

> asseoir en grande partie les préceptes de continuité piscicole et de continuité écologique sur les espèces amphihalines nous apparaît totalement dérisoire eu égard à la gestion des stocks mondiaux.

2) Le transit sédimentaire

dessouchage de la bande rivulaire

dessouchage de la bande rivulaire et terrain nu = érosion garantie

Ce ne sont ni les seuils ni les barrages qui créent la charge solide. Les meuniers ont toujours géré ce transit sédimentaire. A défaut, leur ouvrage n’aurait plus fonctionné. Pendant des siècles, il y eut un équilibre qui constitue la dynamique fluviale entre le transport solide alimenté par l’érosion naturelle et le transport liquide. C’est à bon droit que la loi reprend cette obligation de transit sédimentaire à la charge du moulin. Cependant, depuis 1960, les conditions ont radicalement changé : les volumes sont incomparablement plus importants. Ils provoquent des atterrissements que le courant plus faible dans le bief a du mal à charrier. Certains modes opératoires provoquent l’érosion de dizaines voire centaines de m3/ha/an entraînant la dystrophisation. Chaque coupe rase forestière, chaque sol agricole dénudé en hiver en attente du semis de maïs, chaque chantier de travaux publics, chaque carrière, devrait avoir son bac de décantation, correctement dimensionné et sans dispositif de vidange. 

direction- le ruisseau

par les ornières, la boue rejoindra le ruisseau

En quoi le propriétaire du seuil devrait supporter les frais de curage de ces milliers de m3 de  sédiments illégitimes ? La Collectivité ne pourrait-elle les prendre en charge au titre des CRE (Contrat de Restauration et d’Entretien) ou d'une DIG, au lieu de les laisser hypocritement dévaler pour alimenter les bouchons vaseux après l’arasement du seuil?

L’eau est translucide.La turbidité n’est pas la norme. Si les seuils ne captent pas les sédiments, on s’en remet à l’océan comme pour la pollution et les déchets flottants qui forment la mer de plastique. Le « tout à la rivière », c’est la palme de l’hypocrisie environnementale. Observer la couleur de l’eau, remonter jusqu’à l’origine de cette charge en M.E.S (matières en suspension) et admettons enfin que seuils et barrages sont plus victimes que responsables.

3) L’eau

Ce point essentiel de la qualité de l’eau est quasiment passé sous silence par la prétendue restauration de la continuité écologique. Elle s’acharne sur l’hydromorphologie alors que l’écologie pourrait aussi, accessoirement, étudier les critères chimiques. Un cours d’eau en parfait état physique mais très pollué, ce n’est pas génial pour le poisson, mais c’est encore moins drôle quand l'eau arrive au robinet. L’hydromorphologie devrait être à sa juste place dans l’échelle des valeurs. Le critère vital est la qualité chimique de l’eau, ensuite sa quantité. Une belle morphologie sans hydro...c’est un oued.

épilogue

Le discours qui consiste à affirmer qu’il faudrait araser tous les obstacles au franchissement est dogmatique, sans fondement scientifique et dénué de bon sens. Il occulte les problématiques croisées de modification du niveau de la nappe phréatique, des puits, des réserves d’eau soutien d’étiage, de l’assèchement des zones humides. Il occulte la nature chimique des millions de m3 de sédiments, leur impact sur les ouvrages d’art édifiés en aval des seuils, la ruine de la filière conchylicole…

conclusion

Insistons donc sur les facteurs chimiques, sur la qualité et la gestion quantitative de l'eau. Pour être crédible, la "continuité écologique" devrait évoquer en priorité les facteurs dégradants et s'interroger sur l'origine de ce que l'on peut baptiser la "surcharge" solide.

 

 

La mer de plastique

Le plastique: une catastrophe écologique ... Les idées lumineuses et novatrices des paysagistes, des restaurateurs de continuité écologique des cours d'eau, des techniques d'aménagements dits "paysagers" des Conseils Départementaux qui utilisent à profusion les bâches, manchons de protections des plants etc... portent une part de responsabilité dans l'alimentation de la mer de plastique et dans la pollution des océans. L'homme se sent obligé de verdir chaque chantier et chaque ouvrage. Quand on observe certains aménagements "paysagers" très onéreux et les matériaux utilisés, on ne peut pas s'empêcher de penser qu'il eût mieux fallu laisser oeuvrer la nature.

La recherche de la facilité, la mise en oeuvre de techniques et le recours à des matériaux non durables illustrent l'égoïsme, l'irresponsabilité et l'absence de considération pour l'environnement en dépit de l'idée initiale qui était d'intervenir en sa faveur.

Pour prendre conscience de l'ampleur du désastre, il suffit d'arpenter des parcelles riveraines de cours d'eau après une crue. Chaque bosquet, haie ou clôture recèle les échantillons de tout ce que le cours d'eau charrie en grande quantité et en permanence vers l'océan.

Les commentaires semblent superflus: visionnez plutôt ces vidéos

 lire:

 http://cedepa.wordpress.com/2014/05/11/continuite-ecologique-effets-pervers/

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la forêt de plastique

 

en cours de rédaction

voici déjà quelques  photos: des milliers de tonnes de matières plastiques en forêt. essentiellement des manchons de protection: il y en existe de toutes hauteur, nature, conception, en fonction du gibier. Comme si une bonne plantation se jugeait à l'aune du nombre de manchons/ha...peu importe que les plants soient crevés, les manchons sont les garants d'un chantier "sérieux".

 

 

 

 

 

 

 

 

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