L'aquachimie

 

Comme les poulets et  les porcs, les saumons sont élevés dans des élevages industriels. Comme les poulets et  les porcs, les saumons produisent une quantité considérable de déchets. Mais pour les poulets et les porcs , on peut récupérer l’aliment non consommé et les excréments .

Pour le poisson : impossible, tout est déjà dans l’eau. Sur les nutriments présents dans la nourriture pour poisson, un quart seulement reste dans l'organisme du poisson ; le reste est rejeté dans la mer et finit dans les sédiments. Or, un excès de nutriments  entraîne le développement d'algues nuisibles et  prive l'eau d'oxygène.

En Écosse, le WWF  estime que les saumons d'élevages produisent cinq fois plus d'azote que la population de la ville de Glasgow. Les élevages de saumons du Chili sont responsables d’un désastre environnemental et humain. En outre, au fur et à mesure que la courbe de production augmentait de manière exponentielle, la courbe des importations d’antibiotiques augmentait dans la même proportion.

Toujours plus :

Plus de poissons dans les bassins ou dans les cages affaiblissent leur système immunitaire  et les rend vulnérables aux maladies que l’on génère. Plus on déplore de pathologies, plus on a recours aux produits chimiques. Plus on utilise d’antibiotiques, plus les bactéries y deviennent résistantes…. et les pathologies provoquées par ces bactéries résistantes sont plus graves et requièrent l’utilisation d’antibiotiques plus forts. A la pandémie, on arrête tout, on attend un peu et on recommence.

La chimie au secours des élevages :

Tétracycline, oxyytétracycline, acide oxolinique florfénicol, fluméquine, sulfadiméthoxine/ormétroprime, sulfadiazine/trimétoprime , deltaméthrine pour traiter le pou de mer…

Plusieurs cas de résistance à la sulfadiméthoxine/ormétoprime et à l’oxytétracycline sont observés.

En 2002-03 commencent à apparaître des souches bactériennes qui présententune résistance à plus d’un antibiotique à la fois, c’est ce qu’on appelle la résistance multiple aux antibiotiques incluant le florfenicol, et certaines se révèlent résistantes aux trois antibiotiques actuellement disponibles sur le marché. De telles souches de bactéries ne peuvent plus être traitées efficacement avec les antibiotiques homologués en pisciculture et présentent donc un risque élevé .

AU  Canada  on a trouvé des «taux détectables» d'un pesticide illégal, la cyperméthrine, sur des saumons d'élevage recueillis dans des fermes marines appartenant à deux firmes importantes.

La cyperméthrine est très nocive pour le homard et les autres crustacés.

Dans un communiqué, Northern Harvest Sea Farms a affirmé qu'elle n'avait pas utilisé de cyperméthrine .

« Environnement Canada » mène deux autres enquêtes, à la suite de la mort  de homards , à Grand Manan et à Deer Island.

 Des saumons d'élevage ont été prélevés pour analyse après un autre épisode de morts de homards,  cette fois à l'île de Campobello.

Aucune enquête ne vise la plus importante société du secteur, Cooke Aquaculture, même si deux de ses fermes étaient près du lieu où les homards sont morts à Deer Island , ce qui a soulevé des soupçons chez les pêcheurs de homards.

«Nous n'approuvons pas l'emploi de pesticides illégaux», dit Nell Halse, porte-parole de Cooke Aquaculture.

Mais du même souffle, Mme Halse estime que les autorités sont trop lentes à approuver de nouvelles substances  permettant de lutter contre les parasites du saumon.

Un traitement contre le pou de mer appelé salmosan vient d'être approuvé, dit-elle, mais il était trop tard pour cette année. Elle dit que les autorisations officielles ont aussi tardé pour l'utilisation d'un bateau spécial, qui permet de traiter les saumons avec du peroxyde d'hydrogène.

L'ingrédient de l'insecticide Raid dans l'eau :

La cyperméthrine est l'ingrédient actif dans l'insecticide Raid. Il agit sur le système nerveux des insectes et crustacés. Son usage est interdit en milieu marin au Canada, mais autorisé aux États-Unis dans une formulation spécifique pour l'aquaculture de saumon.

La cyperméthrine est aussi mortelle pour le homard, mais à des doses  élevées. «C'est en fonction de la surface du corps, dit John Burka, pharmacologue à l'Atlantic Veterinary College, de l'Université de l'Île-du-Prince-Édouard. Comme le homard est beaucoup plus grand que le pou de mer, il faut augmenter la dose d'autant. Je dirais qu'il faudrait une dose assez forte pour tuer des homards.»

Les biologistes marins s'inquiètent de la dépendance de l'aquaculture aux pesticides.

Selon Peter Wells, professeur à l'Université Dalhousie et ancien directeur de la recherche scientifique sur les écosystèmes marins à Environnement Canada.

 «Il me semble qu'ils se fient beaucoup aux produits chimiques pour combattre le pou de mer, dont les ravages étaient prévisibles étant donné la densité de poissons dans les cages d'élevage ».

 

 

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