continuité écologique : Joël Quillacq, un Maire avisé dans les Landes

Le bon sens existe. Puissent les autres élus locaux s’inspirer de cet excellent exposé qui a nécessité une analyse de fond de tous les points abordés.

Nous reproduisons in extenso cette délibération clairvoyante.

 

Département des LANDES – COMMUNE DE LOUER

EXTRAIT DES DELIBERATIONS DU CONSEIL MUNICIPAL

Séance ordinaire du 14 mars 2014. Nombre de membres afférents au Conseil Municipal : 10 ; en exercice : 10. qui ont pris part à la délibération : 8

Date de la convocation : 03/03/14 Date d’affichage : 03/03/2014. L’an deux mille quatorze et le quatorze mars à dix-huit heures,le Conseil municipal de cette commune, convoqué en session ordinaire, s’est réuni au nombre prescrit par la Loi, dans le lieu habituel de ses séances, sous la présidence de M. Joël QUILLACQ, Maire.

Étaient présents : BAGET Nicole, RACAUD Monique, VINCENT Gérard, FERREIRA Christian, BOROWIECKI Jean, DUCOURNAU Mireille, GAUVIN Jérôme, QUILLACQ Joël. Excusés : LALAU Véronique, BARREALES Jésus.  Madame Monique RACAUD est nommée secrétaire de séance.

 

OBJET : 08-15 MOTION DU CONSEIL MUNICIPAL DE LOUER EN REPONSE AU COURRIER DU SYRBAL DU 13/02/14

Position du Conseil Municipal de Louer sur la question des barrages et seuils transversaux sur les rivières du SYRBAL.

Un constat : la qualité des eaux superficielles et souterraines est médiocre, voire mauvaise, et les poissons migrateurs sont en voie de disparition.

La loi

 La Directive cadre européenne oblige à l’obtention du bon état écologique et chimique des eaux pour 2015 ; les actions doivent concerner, en priorité, la reconquête de l’état biologique c’est-à-dire la lutte contre les pollutions de toutes origines industrielles, agricoles, urbaines etc… ; ensuite, la reconquête de l’état hydro- morphologique c’est-à-dire le rétablissement de la continuité écologique pour la circulation des sédiments et des poissons migrateurs.

Si ces objectifs ne sont pas atteints, l’Etat devra payer des amendes, ce qui est déjà le cas, et la France a du retard.

En France, la LEMA 2006 (Loi sur l’eau et les milieux aquatiques) s’applique, l’ONEMA en a la charge du contrôle, et sur notre territoire, l’Institution Adour diligente une étude globale pour l’aménagement des obstacles prioritaires dans les Landes.

Dans ce contexte, les barrages sont en ligne de mire, et tous les barrages ; 2 solutions sont proposées : soit l’arasement financé à 100%, soit l’équipement en passes à poissons financé à 80% ; tout est fait pour opter pour l’arasement car les 20% restant représentent une somme très importante qui dépasse les capacités des propriétaires dont les moulins ne rapportent plus rien.

Quelles sont les conséquences ?

Sur le plan écologique 

il n’y a aucune certitude que ces opérations aient un résultat positif, ni sur la continuité écologique car ces petits barrages laissent passer les sédiments en période de crue, ni sur la qualité de l’eau puisque celle-ci se détériore depuis une cinquantaine d’années alors que certains ouvrages existent depuis plus de 400 ans, ni sur la population des poissons migrateurs dont les causes de la raréfaction sont ailleurs : pollutions, surpêche, modification des milieux ….

Par contre, ces barrages ont plusieurs avantages : ils contribuent à freiner la vitesse de l’eau et constituent des zones d’eaux profondes et calmes pour les espèces comme carpes, gardons, brochets, surtout en période d’étiage ; ils n’ont jamais empêché la remontée des anguilles ; ils ont contribué à créer des écosystèmes intéressants en amont et en aval ; ils n’ont jamais empêché que les rivières aient été très poissonneuses.

Donc, leur arasement aura pour conséquences de faire baisser la ligne d’eau, d’encaisser le cours d’eau, d’augmenter l’érosion des berges, de raboter le fond du lit mineur, donc de détruire les habitats piscicoles, d’assécher les dernières prairies humides pourtant protégées pour leur flore et leur faune, d’empêcher le rechargement de la nappe d’accompagnement et également, de priver les irrigants d’une ressource à laquelle ils ont droit et pour laquelle ils payent des redevances aux Agences.

Les rivières du SYRBAL s’écoulant dans des terrains fragiles, surtout en aval, vont devenir de gros drains collecteurs sans eau ou avec un débit trop faible l’été. Et les syndicats de rivière n’auront plus les moyens de réparer les dégâts causés aux berges. La solution de l’équipement en passes à poissons peut se comprendre à condition qu’elles servent à quelque chose. Or, rien n’est moins sûr car les migrateurs sont en voie de disparition pour d’autres causes évoquées plus haut.

Sur le plan financier

dans les deux cas, arasement ou équipement, ce sont des sommes considérables d’argent public qui vont être mobilisées : 10 millions d’€ pour les Landes, 1 million d’€ pour 10 barrages concernés du territoire du SYRBAL. Et ce n’est qu’une première étape qui ne concerne pour le moment que les ouvrages prioritaires (100 000 € en moyenne par barrage) ! Or, il n’y a aucune certitude que ces opérations aient un résultat positif, ni sur la continuité écologique, ni surtout sur la qualité de l’eau qui est l’objectif principal.

Donc, le risque est d’engloutir des masses considérables d’argent public 2 fois inutilement : le résultat imposé par l’Europe ne sera pas atteint et il faudra continuer à payer des amendes.

Sur le plan juridique

Pourquoi les propriétaires souhaitant conserver le barrage de leur moulin auraient à payer 20% alors qu’ils ne sont pas responsables, ni de la dégradation de l’eau, ni des poissons migrateurs ?

Ils ne rentrent pas dans le cadre pollueur-payeur qui est le principe de redevances aux Agences de l’eau.

De plus, ces opérations supposent des études d’impact sérieuses sur les milieux, une information et une participation des propriétaires riverains et des élus des syndicats de rivière.

Sur le plan social et économique : c’est un patrimoine rural très intéressant sur le plan des savoirs faire artisanaux qui a aussi façonné les paysages de nos campagnes. Ce serait une perte considérable pour les propriétaires et pour la collectivité.

Conclusion

Nous ne sommes pas certains que le rapport coût-bénéfice soit prouvé : le financement des opérations sur les barrages se fera au détriment des opérations de reconquête de la qualité ce qui empêchera de parvenir à l’objectif de bon état des masses d’eau pour 2015 ni pour 2022.

Pour toutes ces raisons, nous demandons une approche beaucoup plus raisonnée du rétablissement de la continuité écologique : par exemple, équiper le premier ouvrage et évaluer les résultats (c’est une obligation pour l’administration et le rôle des fédérations de pêche) ; distinguer les grands barrages hydro-électriques des fleuves, de nos petits barrages des rivières.

Nous demandons un respect de la DCE dans ses préconisations c'est-à-dire la reconquête du bon état bio chimique des eaux et une prise en compte de la consultation sur les enjeux du bassin d’avril 2013.

Le public a majoritairement qualifié de prioritaires les enjeux suivants :

- Renforcer la lutte contre les pollutions liés aux nitrates et aux pesticides au regard de leurs impacts sur la santé publique et la biodiversité, à 75%.

- Lutter contre des substances dangereuses et poursuivre l’élimination des métaux lourds et solvants, à 72%.

- Assurer tous les usages de l’eau et la bonne santé des milieux aquatiques dans le contexte du changement climatique et de sécheresses récurrentes, à 62%.

Deux autres enjeux sont jugés importants : une meilleure connaissance des milieux aquatiques (51%) et le développement des partenariats locaux entre les collectivités, les acteurs économiques et associatifs (44%).

Il ne s’agît pas de montrer à l’Europe que la France fait quelque chose pour ne pas avoir à payer d’amendes, mais d’être efficace en matière de qualité de l’eau puisque c’est de cette qualité dont la santé dépend.

La santé humaine est aussi importante que celle des migrateurs.

Restaurer la qualité de l’eau et des milieux, protéger les zones humides est le grand enjeu de notre société et les passes à poissons ne sont pas la panacée.

Encore faut-il mettre l’argent où il faut, sachant que ce n’est pas uniquement une question d’argent mais de politiques publiques.

 

Fait et délibéré, les jour, mois et an que-dessus,

Pour copie conforme, LOUER, le 17 Mars 2014

Le Maire,

JOEL QUILLACQ

.

Gestion quantitative de l'eau: un exemple remarquable devenu indésirable?

Qu'est-ce qu'une levada ?

« levada » du portugais « levar » signifie porter. Les levadas, typiques de Madère, sont des cours d’eau créés à partir du XVème siècle pour « porter » les eaux pluviales de la région humide au nord de l’île, vers la région sèche et ensoleillée du sud où la production de banane, de canne à sucre et de raisin a prospéré grâce à l’irrigation. Construits au cours des cinq derniers siècles, les levadas sont un système complexe de 200 cours d’eau sculptés dans les roches qui sillonnent l’île sur près de 2000 km.

canal d'irrigation à Madère

canal d'irrigation à Madère

Située en plein océan Atlantique, au large du Maroc, l'île de Madère ne connaît pas les terrains plats. Elle est composée de montagnes très escarpées qui ont contraint l'homme à s'adapter. Avec beaucoup d’ingéniosité, de persévérance et de travail, les Madériens ont creusés les levadas, ces canaux d'irrigation qui avaient pour fonction d'acheminer l'eau du nord-ouest de l'île, versant le plus arrosé, jusqu'au sud-est, région plus sèche mais plus propice à l'agriculture et à l'habitat. Au total, ce sont plus de 1500 à 2000 kilomètres de levadas qui tranchent les flancs des montagnes, traversant tunnels et villages.

levada pour irrigation

levada pour irrigation

Ces constructions ont débuté au XVe siècle par les colons et la dernière a été achevée en 1940. 

Servant à la fois à l'irrigation des cultures, des plantations, des jardins et à l'alimentation en eau des villages, les levadas illustrent parfaitement ce que l’homme peut faire quand il a besoin d’eau… l’ingénierie au service du sens de l’observation…et un peu de pugnacité pendant quelques siècles. Elles peuvent servir aussi à la production hydroélectrique.
Un sentier qui se rétrécit ou s'élargit en fonction de la nature du terrain longe la levada et permet son entretien.

levada: canal d'irrigation à Madère

levada: canal d'irrigation à Madère

Elles sont désormais valorisées en sentiers de randonnées. Ces levadas, devenues "véritable patrimoine culturel de Madère", font aujourd'hui le bonheur des promeneurs et un outil touristique apprécié tout en assurant leur fonction initiale d’irrigation.

De l’irrigation à la gestion durable de l’eau

L'idée de continuer à construire ces aménagements remarquables, dont on trouve de multiples exemples dans le sud de la France (avec les ASA par exemple), ne résisterait pas à lorgnette du Code de l’environnement. Désignés canaux et rigoles depuis Louis XI, ils sont désormais plus sérieusement qualifiés, dans la sémantique administrative « de masses d’eau ». Puis, de masses d’eau, ils tombent dans le classement de « masse d’eau de surface artificielle et fortement modifiée ».  Et là, qui dit "artificielle  et fortement modifiée" ne souffre aucun espoir de duplication. Le Code de l'environnement et les procédures à respecter se chargent d'annihiler toutes velléités de projets d’aménagements… si tant est que quelqu’un ait pu imaginer au 21ème siècle pérenniser un modèle qui a bien fonctionné depuis 20 siècles  en termes de gestion quantitative de l’eau ? 

 

lire: http://cedepa.fr/canal-ecologique/

 

.

.

.

.

.

.

 

 

 

Une filiale d'Areva relaxée après une pollution des eaux

 

Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir ".

La Société des mines de Jouac, une filiale 100% d’Areva, a exploité sur la commune de Jouac (87) un complexe minier depuis les années 1970 pour extraire de l’uranium. Ce site a été fermé et réaménagé. Il est maintenu "sous surveillance environnementale". Parfait !

Tout va donc pour le mieux à Jouac.

Cette société a été relaxée le 15 Mai 2014 pour la pollution des eaux de la commune de Saint-Pierre (15).

Des associations, des habitants et la commune, qui s’étaient constituées partie civile dans cette affaire de pollution des eaux, sont stupéfaites après la relaxe du pollueur.

Cette filiale d’Areva comparaissait en décembre 2013 à Aurillac pour deux infractions:  la pollution des eaux du lac de Saint-Pierre et l’abandon de déchets dangereux. Billevesée… car l’ONEMA s’acharne sur les petits impacts concernant l’hydromorphologie mais pas sur un gros facteur réellement dégradant, invisible à l’œil : la pollution. Absence d’état des lieux avant, absence de mesures pendant l’exploitation, absence d’état des lieux après…affaire à classer ?

Des sites paradisiaques pour développer le tourisme rural en Fance.

Des sites paradisiaques pour développer le tourisme rural en France.

Le délibéré a été rendu le 15 Mai 2014 par le tribunal correctionnel : relaxe !

Le tribunal n’a pas tranché sur la complexité technique du dossier car les spécialistes du nucléaire sont venus à l’audience pour introduire le doute. Ils ont simplement expliqué l’incapacité à déterminer si la radioactivité était d’origine naturelle ou liée à l’intervention de l’homme. Belle parade, argutie imparable !

En effet, en termes de droit, le juge doit avoir la preuve pour condamner… et la preuve absolue 12 pour condamner Areva.

A défaut de preuve, pour les parties civiles, il y a au moins une certitude : elles supportent une triple peine :

1) vivre sur un site avec une radioactivité très élevée,

2) Areva aurait commis des fautes engendrant cette pollution et aggravant le risque ? Balivernes...c'est très subjectif.

3) le tribunal prononce la relaxe.

 

Ils ne seront donc jamais indemnisés.

La nature et les poissons non plus.

 

.

Continuité écologique: la goutte d’eau qui fait déborder le bief…et proliférer halobates sericeus

Les partisans désinvoltes des rivières sauvages font peser un triple préjudice :

- sur le cycle de l’eau continentale : aucun écrêtage des crues ni aucun soutien d’étiage ne peuvent intervenir,

- sur la survie de la filière conchylicole : les apports massifs de sédiments pollués et d’eau turbide (la terre a besoin d’eau mais la mer n’a pas besoin de terre),

- sur les écosystèmes marins (la mer a encore moins besoin de plastiques).

des plages paradisiaques

des plages paradisiaques

Ce dogme sur ce qui prétend être "bon pour la rivière" se situe aux antipodes des remèdes souhaitables : des cours d’eau aménagés pour tenter de garantir la ressource en eau et accessoirement intercepter les déchets flottants nous apparaîtrait une vision plus responsable.

 

Nous reproduisons in extenso un billet d’Hydrauxois : http://www.hydrauxois.org/

Nous avons reçu Sur le devant de la Seine, le bulletin d’information du Sicec (Syndicat intercommunal des cours d’eau du Châtillonnais) et de Sequana, contrat de rivière Seine Amont sur les bassins de Seine, Ource, Laigne, Aube, Sarce et Arce. 
En pages 2 et 3, un article sur le classement des rivières et la continuité écologique. Le bulletin étant (notamment) financé par les fonds versés par l’Agence de l’Eau Seine-Normandie, et l’Agence de l’Eau Seine-Normandie étant (notoirement) championne dans la politique aveugle de destruction des seuils et barrages, le contenu de l’article est (évidemment) un éloge de l’effacement présenté comme "solution optimum".

une rivière aménagée permet de capter nos déchets

Selon le Cedepa et Hydrauxois, une rivière aménagée permet de capter nos déchets

Information ou propagande ?
A l’appui de cet «argumentaire», le dessin ci-dessus. Il résume à lui seul la vision totalement biaisée de nos interlocuteurs. On voit la rivière «en présence d’un ouvrage», et c’est évidemment la désolation : des poissons morts, des bouteilles vides, des boites de conserve, un tas de sédiments que l’on imagine à peu près aussi pollués qu’un site Seveso. Tout cela ayant évidemment pour cause le seuil en rivière. Seconde image : la même rivière sans son barrage. Et là, miracle : les poissons nagent dans une eau limpide d’où toute pollution aurait disparu.
Cette image est un pur exercice de désinformation. Et un exercice que nous jugeons extrêmement regrettable pour un syndicat de rivière ayant pour mission une information objective des citoyens et des élus.
La réalité des seuils en rivière pour les meuniers et usiniers, ce sont des monceaux de détritus qui sont retirés par eux chaque année de l’eau, car récupérés dans leurs grilles de bief.

Cette pollution, c’est nous, c’est vous, c’est la France entière qui prend ses rivières pour des poubelles. Des dizaines, des centaines voire des milliers de kilos de détritus. Demandez par exemple aux petits producteurs de l’Ouche à l’aval de Dijon, qui récupèrent toutes les immondices de la Préfecture et de son si peu écologique lac Kir. Il est vrai que les anciens biefs de la capitale de Bourgogne furent pour la plupart asséchés par des «modernisateurs» avisés,  donc leurs héritiers et «décideurs» de nos rivières n’ont sans doute plus tellement la culture hydraulique des Navier, Bazin et Darcy.

hydrauxois 02

Même dans les rivières les plus modestes, même à proximité de leurs sources, on trouve de tels déchets. Voilà ci-dessus la vérité des rivières, la vérité que ne veulent apparemment voir ni les syndicats, ni les agences de bassin ni les autorités en charge de l’eau.
La réalité est donc à l'opposé du discours du Sicec : des seuils et biefs bien gérés contribuent à la qualité de l'eau.

Répéter 100 fois un mensonge n’en fait jamais une vérité…
Sur le fond, il est inacceptable de continuer à laisser croire que les seuils et barrages forment la première cause de dégradation des rivières. Répéter 100 fois un mensonge n’en fera jamais une vérité.
Il n’existe aucune base scientifique robuste à la désignation des seuils et barrages comme cause principale ou même importante d’altération de la qualité de l’eau. Si les 50.000 à 70.000 moulins de France détérioraient gravement la faune piscicole, il n’y aurait plus un seul poisson dans nos cours d’eau depuis longtemps. Si les 50.000 à 70.000 moulins de France empêchaient le jeu de l’érosion, du transport et de l’alluvion, leurs retenues seraient comblées depuis belle lurette. Car des moulins, il y en avait plus encore voici 150 ans, et ni les truites ni les écrevisses ne manquaient à l’appel.  Quand des impacts existent – et ils peuvent très bien exister –, ce sont des aménagements simples et de bon sens qui doivent les corriger, pas des destructions prétendument écologiques à la pelleteuse financées par le contribuable sans lui demander son avis.
Le pire est que le Sicec est bien placé pour le savoir : il a réalisé en 2011-2012 un état zéro du bassin de Seine Amont qui concluait que les premiers facteurs d'impact restent les pollutions. Mais alors, pourquoi ce premier numéro de Sur le devant de la Seine n'est-il pas justement consacré à ce problème prioritaire? Pourquoi encore et encore rabâcher le catéchisme de la destruction du patrimoine hydraulique?

L'échec de la politique de l'eau se cherche des boucs émissaires et des écrans de fumée
Mais peu à peu, on commence à comprendre la vérité des rivières et des aquifères : la France a 20 ans de retard sur le traitement des pollutions d’origine agricole, industrielle, ménagère, pharmaceutique. Les seuils et barrages paient l’échec des politiques de l’eau, échec acté par la Cour des Comptes, et encore l’année dernière par le rapport Lesage et par le rapport Levraut, échec qui vaut déjà à la France une nouvelle condamnation pour non-respect de la directive Nitrates de 1991, échec qui lui vaudra soyons-en sûr sa condamnation future pour non-respect de la Directive cadre sur l’eau 2000, de la Directive Pollutions de 2008 et de la Directive Pesticides de 2009.
Ceux-là mêmes qui sont les premiers responsables de ce désastre – les Agences de l’eau créées en 1964, les responsables successifs du Ministère de l’Ecologie et de sa Direction de l’eau, les lobbies ayant l’écoute de Matignon ou de l’Elysée et ayant construit un Grenelle bancal qui ne traite aucun problème de fond mais saupoudre de l'illusion d'action efficace – et qui devraient en rendre des comptes aux citoyens et aux élus essaient depuis quelques années de travestir leur inaction passée par un surcroît stérile d’agitation sur la question des seuils et barrages.  
Au fond, ce dessin caricatural promu par le Sicec nous dit une vérité sans bien s’en rendre compte. On ne lutte pas contre la pollution, on se contente de la faire disparaître du regard. De la faire filer au plus vite vers les estuaires et vers les océans, loin de notre vue. Cela permet à chacun de dormir tranquille. 

 

lire:  http://cedepa.wordpress.com/2012/07/14/la-mer-de-plastique/

.

.

.

.

 

PISCEnLIT : une lueur d’espoir ?

Le contexte

Le triptyque  pêche mondiale-production aquacole- besoins en protéines   a atteint ses limites dans son fonctionnement actuel. L’aquaculture doit donc augmenter ses volumes. Mais le concept de production intensive est en disgrâce. Depuis Grenelle, il faut que l’intensification soit absolument "écologique" .... comme dans tous les autres secteurs, le "verdissement" sémantique est de bon aloi, voire très pratiqué.
Nous avons vraiment eu du mal, au fil des pages, à trouver des aspérités et des angles en lisant ce rapport, finalement plus ronronnant qu’innovant. Guide+PISCEnLIT+2014

Car il s’agit d’un "rapport" -compilant études et nombreuses publications-... pas d’un "guide".  C’est sa lacune essentielle : tout y est évoqué, mais rien n'est réellement approfondi. On ne peut déduire aucun cahier des charges: que ce soit sur le diagnostic d'une exploitation, sa conversion, sur l’intensification, sa gouvernance. On mentionne des outils (ACV, Emergy) mais en simple survol.

Le besoin de se justifier

En introduction, ce curieux besoin de se justifier et de se situer par rapport à l’agro-écologie… comme si la filière était incapable d’inventer sa propre voie de production écologique avec son identité, ses indicateurs spécifiques.

La définition

Une répétition [53 et 59] de la définition qui ressemble à un roman ratissant très large…mais qui oublie le producteur et le consommateur. Elle ne cherche pas à lui proposer un produit de haute qualité à la traçabilité rigoureuse, elle vise à « améliorer sa productivité ».

a-e-i-dc3a9finition-02_piscenlit

Rien sur le producteur ni sur la qualité du produit

L’ambigüité

PISCEnLIT : " la pisciculture écologiquement intensive" est un titre attractif et séduisant. Mais il s’efface immédiatement pour laisser la place à  "l’intensification écologique ", terme omniprésent et indéfini. Cette définition nuageuse peut engendrer la suspicion sur la position du curseur intellectuel: vers 100% écologique ou vers l'intensif?

Une réelle motivation écologique ou un virage contraint ?

"minimiser la dépendance aux ressources externes " [52]

aei_grenwashing_-motivation-c3a9cologique-ou-virage-contraint

aei_grennwashing-consommateurs

La question-clé n’est pas tranchée, ni même définie avec clarté : à quel moment / selon quel critère un processus d'intensification écologique n'a-t-il plus rien d'écologique mais relève de la simple intensification, du gain de productivité?

Autrement dit, avant de vouloir "intensifier" et faire dans "l'écologique", peut-être faudrait-il définir les seuils d'intensité et caractériser les problèmes écologiques ? Après tout, en quoi les systèmes extensifs « non intensifiés » posent problème ? Et à l'autre extrémité, en quoi les systèmes industriels posent problème ? On croit comprendre que l'intensification écologique se situe entre les deux : être plus efficace que l'aquaculture vivrière traditionnelle, sans devenir aussi polluant que la forme industrielle. Mais faute de clarté, on ne sait pas trop où est la zone d'intérêt dans la réalité, quels sont les déséquilibres environnementaux à rectifier, où sont les garanties que « l'intensification » ne va pas elle-même induire des déséquilibres, etc…

Les besoins exprimés

Les principes de base et les indicateurs ne sont pas posés [123]. Ils sont exprimés... mais en attente.

L’AEI  attend de "nouvelles normes réglementaires" une "nécessité d’une gouvernance adaptée qui nécessite des mesures institutionnelles", attend un accompagnement, de nouvelles aides, des subventions.

Suggestion de création d’un nième nouveau label [119], d’un "écolabel" plus vert que vert? Quid du label « bio » ? La multiplicité des labels décrédibilise les labels : le consommateur ne fait plus confiance à ces étiquettes publicitaires, aux cahiers des charges édulcorés et permissifs.

Toute la partie relative à la gouvernance et aux institutions apparaît franchement jargonnante. Un exemple parmi bien d'autres de langue de bois s'écoutant penser en boucle : "Quelles que soient ces situations, l’appropriation du concept implique des processus concertés qui relèvent des conditions d’appropriation des innovations mais aussi des processus d’engagement et d’enrôlement collectif qui doivent être progressifs et auto-renforçants". C'est illisible et abscons.

Une bonne chose dans ce rapport

L’apparition de la prise en compte de l’ACV (Analyse du cycle de vie), à condition qu’elle soit exhaustive. Pour éviter toute tromperie du consommateur, l'ACV, d'une manière générale, devrait être calculée par des organismes indépendants reconnus.

Le concept de marchandisation

"Amélioration de l’intégration territoriale et la production de services non marchands, diversifier les services écosystémiques marchands".

-nous laissons aux écologistes le soin d’apprécier ce concept de marchandisation de la nature…sauf si, par stricte équité, celui qui pollue l’air et l’eau, dégrade les paysages, en paie le juste prix grâce aux méthodes d’estimation inventées pour la circonstance (de quoi alimenter la cagnotte de l’Agence de la Biodiversité).

-nous sommes stupéfaits que cette suggestion oublie la leçon des crédits carbone. Cette supercherie transformée avec grande simplicité en escroquerie a coûté 10 à 20 milliards d’euros, voire plus, aux Etats Européens. 1,6 milliard pour la France…mais qui a profité aux gros pollueurs mondiaux.

Gagner de l’argent avec la nature…finalement, pourquoi pas si cela profitait à ceux qui s’y éreintent pour un revenu horaire dérisoire !  Mais inventer des mécanismes simples de marchandisation qui seront immédiatement dévoyés en systèmes mafieux complexes…Bercy appréciera.

Il n’y a pas de cotation ni d’argus pour les actifs naturels. Toutes les dérives seront imaginées...et immédiatement mises en oeuvre.

De nouveaux scénarios à co-construire

L’AEI prétend construire un nouveau référentiel, co-construire des scénarios. L'approche diffère de la pisciculture écologique qui, au lieu d’être une technique, est avant tout une éthique de production: la partition étant déjà rédigée par la nature. La lecture en est complexe, difficilement interprétable par un grand nombre de pisciculteurs donc pas facile à vulgariser. La construction de scénarios est en effet un préalable qui permettrait de guider les professionnels dans cette voie de l'AEI.

L'AEI est l'émergence d’une nouvelle technique de production qui veut se démarquer de la production industrielle mais dont les indicateurs ne sont pas encore identifiés... d’où l' importance redondante  accordée aux futurs services écosystémiques, comme s’ils devenaient déterminants dans la prise de décision? Cet axiome ne nous semble ni établit ni pertinent. Intellectuellement, cette présentation de « la prise en compte des services écosystémiques » est curieusement inversée [33]  puisque ces « services » résultent automatiquement d’une gestion écologique. Ces services indéniables méritent d'être étudiés, c’est important de les mettre en exergue. Mais ils entrent très rarement dans la prise de décision, sinon toutes les productions agricoles conventionnelles seraient converties. En quoi ces futurs services écosystémiques primeraient l’acte de production dans la présentation... si ce n’est pour commencer à introduire le concept de demandes de financements liés à ce type de référentiel ? Ce levier ne nous semble pas nécessaire. L'autosuffisance alimentaire, la production de qualité, la création d'emplois, la redynamisation rurale, les circuits courts, sont des leviers légitimes à marteler.

Les étangs

450 000 ha notoirement sous-exploités en France. Ce chapitre mériterait un ouvrage spécial.

Contradictions écologiques

1) "les aménités socio-environnementales des étangs" [42], unanimement appréciés. Nous sommes d’accord… alors qu’ils sont en totale disgrâce au regard de la continuité dite  "écologique". Cette fameuse continuité écologique figurait-elle dans les 26 « services » proposés ?

2) « écologiquement » ou « intensive » ?

aei_photo
Illustration de l'écologie?

Le recyclage de l’eau peut être une opération éminemment écologique. Quand il dévore de l’électricité nucléaire, du PVC et une multitude d’autres matières premières, c’est du recyclage. Point. Une gestion qui économise l’eau à très bon escient, certes, mais qui n'a rien d’écologique.

3) un oxymore qui constitue un aveu: « l’écologie industrielle »…tout comme Leclerc serait le promoteur des circuits courts et l’agriculture intensive qui évoque désormais l'agroforesterie, par exemple ? Des verdissements de façade récupérés par la grande distribution et l’agroalimentaire.

Il faudrait rectifier ces erreurs manifestes d’utilisation du mot « écologique ».

L’appropriation par les pisciculteurs

La longue évocation des cas outre-mer apporte-t-elle quelque chose au pisciculteur français ? Elle risque d’être anti-pédagogique s’il conclut que ces concepts sont applicables dans tous les autres pays…sauf en métropole. En fait, il ne peut pas y avoir d’autres exemples d’aquaculture écologique ou d’AMTI (aquaculture multitrophique intégrée) qu’à l’étranger puisque tous les projets écologiques financés par la France et la FAO le sont outre-mer. Ces thématiques de développement n’ont pas été menées en France.

aei_04

Les photos peuvent accréditer cette sensation d’identification/duplication locale improbable, alors que l’éthique de production écologique reste la même. Seule la chaîne trophique et les écosystèmes diffèrent.

aei_01

aei_02
"Puis-je travailler comme cela chez moi"?

Cette insistance à « souligner l’intérêt d’une co-construction pour faciliter l’appropriation des scénarios par les pisciculteurs et leur reconnaissance par les acteurs des territoires » [79] apparaît elle aussi très étonnante.

S’agit-il de laver l’image prétendument négative de la production piscicole colportée par auto-flagellation par la filière alors que les scandales alimentaires frappaient toutes les autres productions intensives et que leurs excès devenaient de moins en moins supportables par le consommateur ?

Alors qu’il n’existe aucune prospective ni de volonté politique effective (1) pour encourager la pisciculture (2) nonobstant les nombreuses déclarations, le tableau 4 [79] constitue une feuille de route tellement compliquée qu’il nécessitera un financement public pour encourager les éventuels porteurs de projets.

Il semble pourtant n' y avoir aucune hostilité individuelle ni politique quand un producteur bio, adepte des circuits courts, s’installe. Quel facteur justifierait de consacrer toute cette énergie à la "co-construction" pour créer une activité de production d’emblée bien accueillie, qui serait de surcroît écologique ? L’intégration territoriale semble toute acquise.

A qui s’adresse ce rapport ?

On ne sait pas trop à qui est destiné ce rapport : aux pays du Nord ou du Sud, aux fonctionnaires chargés d'encadrer l'activité ? Une certitude, il s’adresse avec insistance aux élus… Pas certain, avec ce que doit ingurgiter un élu local, que le poisson, fusse t-il de qualité, soit son premier souci. Un gros lobbying national sur les enjeux serait plus efficient.

Conclusion

D’une lueur d’espoir  "la pisciculture écologique" … à une relative déception : "l'écologiquement" semble  irrésistiblement supplanté par "l’intensif".  Le CEDEPA prône le contraire : intensifier l’écologie -encore mystérieuse- (en soi un défi passionnant) pour la mettre à disposition de la pisciculture.

PISCEnLIT, qui réclame un nouveau cadre législatif (c’est parfait si..(3) semble une introduction claire à de nouvelles demandes de subventions (c’est très bien) et aux prémices de marchandisation des actifs naturels (c’est dangereux limite scabreux). Le consommateur et la nature n’étant pas stricto sensu dans les objectifs prioritaires, le terme "écologique" nous semble encore usurpé, une sorte de floutage vert.

Ce guide constitue un bon début d’effort de réflexion mais nous restons sur notre faim : on ne sent pas à quoi il pourrait aboutir ni comment il serait opérationnel.

(1) de bonnes dispositions de l'UE qui insiste sur le nécessaire développement de l'aquaculture. Mais elles étaient déjà affichées depuis 10 ans...sans relais ni écho national.

(2) ni aucun Schéma régional de développement de l’aquaculture continentale http://cedepa.wordpress.com/2010/11/28/schema-regional-de-developpement-de-laquaculture-continentale/

(3)  parfait si  le "choc de simplification" en faveur de la pisciculture s'applique au Code de l’environnement, puis à l’accès aux aides de l’UE. Depuis 20 ans, par exemple dans un autre domaine, des centaines de kilomètres de pistes forestières ont été créés résultant d’une volonté politique, puis d’un financement Etat-UE de 50%. Les annonces ont été suivies des faits.

"l’aquaculture est un secteur où les projets d’investissements ne sont pas assez nombreux. Le développement de ce secteur économique doit être une priorité pour la France qui doit enrichir sa stratégie d’alimentation en produits de la pêche d’eau douce" Michel Barnier (2007). La France "doit"…on ne sait jamais si les auteurs –Barnier et autres- des bonnes intentions subliminales, qui détiennent toutes les rênes du pouvoir et des finances ordonnent à la presse, à l'enseignement, aux producteurs sans aucun pouvoir... ou à eux-mêmes ?  résultats ?  la production stagne alors qu'elle progresse de 20% au niveau mondial et nos importations augmentent pour satisfaire une demande croissante des marchés.

L’ACV prise en compte dans l’étude PISCEnLIT

Le concept de l’écobilan, de l’énergie grise puis de l’ACV (Analyse du cycle de vie) est apparu dans les années 90. En 2002, l’AFNOR a établi une norme de qualité environnementale dédiée qui intègre le contenu énergétique des biens de consommation. Elle est régie par des normes ISO.

lire le rapport: Guide PISCEnLIT

L'ACV permet de quantifier les impacts d'un produit sur l'ensemble de son cycle de vie, depuis l'extraction des matières premières qui ont permis de la fabriquer jusqu'à leur élimination en fin de vie, en passant par les phases de distribution et d'utilisation. L'ACV est la méthode la plus aboutie en termes d'évaluation globale et multicritère. Elle réalise le bilan quantifié des flux de matières et énergies liés à chaque étape du produit exprimée en impacts potentiels sur l'environnement.
Entre 2005 et 2010, cette notion restait extrêmement confidentielle. Si elle commence à être considérée en aquaculture et en pisciculture, c’est une avancée significative.

Les enjeux

L'enjeu majeur du concept de l'ACV concerne la santé humaine et l’environnement.

Une meilleure prise en compte des impacts sur l’environnement doit devenir un critère supplémentaire d’appréciation et d’arbitrage dans le choix des techniques pour le producteur et un élément pouvant guider l’achat du consommateur.

Cette analyse des impacts résultant de l’acte de production doit désormais éclairer les choix techniques et hiérarchiser les priorités d'amélioration.
Cette nouvelle évaluation peut conduire à imaginer différentes méthodes alternatives et à les étudier. La démarche peut augmenter les marges, offrir de produits de meilleure qualité au consommateur et valoriser les produits présentant un impact environnemental plus faible.

les "fournisseurs" affichent l'impact le plus lourd

l'impact environnemental des "fournisseurs" est le plus lourd dans cette filière

Le contexte

Dans le cas où le poisson est nourri avec des granulés, le calcul de l’ACV du poisson ne signifie pas grand-chose si on ne lui associe pas l’ACV de l’aliment. Or, avant que cet aliment n’arrive chez le pisciculteur, sa chaîne de production impacte lourdement l’environnement :37% des captures mondiales de poissons sont affectés à la fabrication de granulés.

-pêche minotière au large des côtes Chiliennes ou du Pérou (pourquoi le Chili ? parce que ce pays est un gros producteur agro-alimentaire. Au fur et à mesure qu’il augmentait sa capacité de production, la courbe d’importation des intrants chimiques augmentait proportionnellement)

navire de pêche minotière

navire de pêche minotière

-transport des poissons par camions vers les usines de fabrication,

camion 02

-transport des granulés par camions vers les cargos

-transport maritime vers l’UE

acv_transport maritime

Ces quatre échelons très invalidants pour l’environnement correspondent aux « fournisseurs » dans le schéma ci-dessus.

Puis,

-acheminement des cargaisons énormes par camions jusqu’aux usines en UE,

et enfin seulement, s’il n’y a pas eu d’étapes intermédiaires,

-livraison des granulés chez le pisciculteur.

La vie du poisson d’élevage n’est pas commencée, que la planète a déjà payé un lourd tribut.

Concrètement

Pour que ce critère ne soit pas discrédité aussi vite que les labels, il convient, a minima, que son calcul soit exhaustif. Que des pans entiers de l’acte de production ne soient pas sciemment occultés et les autres édulcorés. La publication des résultats, par transparence, devra énumérer toutes les critères pris en compte. Que la première étape consiste à dresser la méthodologie, l’inventaire et la définition des indicateurs conformément à la norme ISO 14040 nous semble la démarche indispensable pour le calcul de l’ACV.

l'aliment représente 50 à 60% des charges en pisciculture (colonne marron)

l'aliment représente 50 à 60% des charges en pisciculture (colonne marron)

Journée mondiale de l’eau le 22 Mars. Bilan J+1

Vous avez certainement vécu hier une journée d’intenses émotions ?

Tous les médias, jusque dans vos foyers, ont fait écho à cet événement mondial ?

Vous avez dû, à cette occasion, visiter des réalisations remarquables concernant la gestion de l’eau :

-      des visites de réservoirs tampons récemment créés à la suite des crues dévastatrices de cet hiver?

-      des stations d’épuration écologiques ?

-      d’autres réalisations d’intérêt ?

Mais que fait donc l’ONU pour la France ?

Au lieu de s’occuper d’un milliard d’êtres humains qui crèvent de soif, l’ONU ferait mieux de s’occuper de la France…et bien non…nous sommes trop peu nombreux !

Plus sérieusement :

Historique de la Journée mondiale de l'eau

La Journée mondiale de l’eau, dont l’objectif est d’attirer l’attention sur l’importance de l’eau et de promouvoir la gestion durable des ressources en eau douce, se célèbre le 22 mars de chaque année.

En 1992, la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED) a recommandé qu’une journée internationale soit consacrée aux ressources en eau douce.

Et en France ?

Dès la fin de cet après-midi, les médias vont nous ressasser les victoires des uns et des autres aux élections municipales. Certes, la démocratie est très importante. Nos aïeux ont payé cher pour l’obtenir… mais l’eau est vitale.

Demandez donc à un assoiffé s’il préfère la monarchie, la dictature, l’anarchie, la démocratie… ou une gourde pleine d’eau ?

On a oublié que nos anciens allaient la chercher dans le puits qu’ils avaient creusé de leurs mains, créé des mares et des rigoles pour abreuver le bétail, imaginé des canaux d’irrigation pour arroser les cultures. Cela forgeait le bon sens.

Après 1960, désinvolture générale. Depuis qu’elle coule abondamment au robinet, le sujet n’intéresse plus personne, à part celui qui nous la vend.

Le français consent à lui consacrer des milliards d’euros sans mot dire, il la gaspille généreusement et laisse filer l’hiver vers l’océan celle dont il a besoin l’été…

Peu nous importe... pour peu qu’elle coule encore au robinet.

Claude et Lydia Bourguignon

Claude est quasiment seul à tenir ce discours : « le sol est le patrimoine de l’agriculteur ».

l'alchimie infernale

Depuis 1960, le sol a été considéré uniquement comme un support.

Pour nourrir la plante on lui apporte des engrais, pour l’entretenir on épand des herbicides, pour la soigner on applique des produits phytosanitaires et pour traiter les parasites on a recours aux fongicides et insecticides. L'homme et la nature ont-ils gagné quelque chose? A qui cela a-t-il profité?

Le résultat

Plus de biodiversité, plus de micro faune du sol, plus d'insectes, plus de vers de terre. Le sol ne reçoit plus de carbone. Cet écosystème vivant qui s’est construit pendant des millénaires est mort. Assassiné en 40ans. Complétement inerte et compacté, il est devenu incapable d’absorber l’eau de pluie en hiver et doit être arrosé l’été. Destructuré, il ne résiste pas à l’érosion : le lessivage emmène la couche superficielle dans les cours d’eau…des centaines de tonnes/ha et Claude Bourguignon a le sens de la formule : « la terre a besoin d’eau mais la mer n’a pas besoin de terre ».

tous les ans, le ruissellement produira les mêmes effets

tous les ans, le ruissellement produira le même effet érosif

Les conséquences

Un schéma dramatique pour notre alimentation, calamiteux pour la gestion de l’eau et funeste pour l’agriculteur contraint à labourer la roche mère et à pousser le curseur plus à fond…mais dans quel sens ? les OGM ?

le ruisseau au fond à droite  (eau claire) et un affluent à gauche

le ruisseau au fond à droite (eau claire) et un affluent à gauche

P1010855

Machet production et la continuité écologique

Un exemple remarquable pour notre transition énergétique

Sur la commune de St Sauveur (54), il n’y a pas besoin de s’interroger sur la transition énergétique : c’est une activité très ancienne. La dernière scierie qui subsiste fonctionne grâce à l’énergie hydraulique. Il en en fut répertorié 11 sur ce petit cours d’eau depuis le XVIème siècle.

En aval de la scierie du Marquis (en ruines) –à droite sur le plan-,  la prise d’eau sur le Val alimente un bief creusé à flanc de coteau. Au bout de 2km, le dénivelé de 40m par rapport au ruisseau permet d’obtenir une chute d’eau captée dans une conduite forcée qui actionne une   turbine.                                                        http://www.machet.eu/#histoire

Un canal assis sur une courbe de niveau,  a permis d’obtenir une chute de 40 m

Un canal assis sur une courbe de niveau, a permis d’obtenir une chute de 40 m

Aménagement du territoire et valorisation hydraulique.

Que peut-on faire avec de l’eau et du bois en 2012 ?

Première solution : (1) laisser filer l’eau dans des « rivières sauvages » vers l’océan et exporter le bois en Chine.

Alternative écologique, économique et sociale : exploiter la forêt, scier le bois sans recourir à l’énergie nucléaire, transformer, valoriser les produits locaux  et … très accessoirement, créer des emplois.

L’aménagement du territoire rural ne se résume pas à cet exemple remarquable, mais c’est l’addition de ce genre d’activités qui contribue au maintien du tissu rural.   http://machetproduction.wordpress.com/sciage-facon-force-eau-hydraulique/

 Un aménagement cependant contraire au dogme et aux textes actuels sur l’eau

Cet ingénieux canal (2) … est très mal vu par la continuité écologique alors qu’il serait nécessaire d’en créer de multiples dans le cadre de la transition énergétique   http://cedepa.fr/gestion-de-leau/

 Potentiel hydraulique de la France

Ces possibilités de valorisations énergétiques offertes par l’eau et le relief, tournées en dérision quand la production est inférieure à 200 kW, ne sont pas prises en compte dans l’estimation du potentiel hydroélectrique national qui nous semble à cet égard très sous-estimé.

 (1 ) ce scénario est très en vogue en 2012.

(2 ) « Machet » est porté par une Collectivité. Il faudrait aussi susciter des Machet privés : des milliers de sites en France pourraient recouvrer un usage sans le frein dogmatique et l’étau administratif.

Inondations: une fatalité?...la coupe est pleine

Après avoir imperméabilisé toutes les zones urbaines, industrielles et commerciales, après avoir drainé et imperméabilisé les terres agricoles, arasé les talus puis rectifié le lit des cours d'eau, les inondations sont elles...une fatalité ? Depuis 1960 agriculteurs et forestiers n'ont eu de cesse d'élimer au plus vite et au plus efficace l'eau des parcelles. Cinquante ans plus tard, on redécouvre que les végétaux ont besoin d'eau. L'eau éliminée transforme les ruisseaux en torrents et fait sortir les rivières de leur lit à une vitesse impressionnante. Du "jamais vu ça" aux dires des anciens. C'est un truisme puisque l'homme a modifié l'hydraulique des bassins versants sans en mesurer les impacts. L'hiver 2013-2014 a été émaillé de catastrophes en Bretagne et dans le sud notamment.

L'inondation, sur le plan humain ce sont des vies sacrifiées. Sur le plan économique, elle engendre des pertes financières directes puis des dépenses colossales. Enfin, au niveau technique, elle provoque des dégâts irréversibles... une érosion et une pollution  considérables jamais estimées.

Depuis longtemps, l'hydrologie fait l'objet de nos préoccupations. La littérature est très riche. Mais en profite t-on réellement?

hydrologie 02

Des remèdes à mettre en oeuvre existent pour en atténuer les impacts des crues:  ce croquis empirique illustre le concept  d'interception et de stockage de l'eau. "L'interception" entre les bassins de stockage dépend de la couverture du sol (prairie, forêt) et en grande mesure, des pratiques culturales.

 

interception -stockage

hydrologie

Quels sont donc les freins?

- A part le cas bien spécifique de Paris qui ne veut plus revoir de crue comme celle de 1910, ailleurs, le fond du sujet n'intéresse pas vraiment. C'est une certitude. De copieuses études ponctuelles dispendieuses, des tonnes de paperasses archivées, des procédures de plus en plus compliquées, des notaires qui doivent y consacrer des pages...à titre informatif lors de la rédaction d'un acte de vente, des plans de prévention qui donnent l'impression de servir à disculper les responsabilités: les plans de gestion des crues (quand elles arrivent) sans plan de gestion des pluies (par anticipation)... des PPRI incapables de fermer les robinets....et on attend les crues successives en courbant l'échine, en incriminant à 100% les éléments naturels. Une culture latine millénaire: "alea jacta est". Et depuis peu, le changement climatique devient le bouc émissaire alors que les désordres actuels sont souvent le fruit de notre approche désinvolte des "aménagements" depuis  1960. 

- le coût des travaux devrait être consenti par les Collectivités territoriales situées en amont, pour éviter des catastrophes subies par d'autres Collectivités territoriales en aval...le bât intellectuel blesse de manière rédhibitoire. C'est aussi le corollaire du mille-feuille territorial avec les missions renforcées des Collectivités locales: "chacun pour moi"... alors qu'une gestion cohérente, par un EPTB par exemple, à l'échelle d'un sous-bassin versant semblerait incontournable.

- la technique serait simple à édicter, mais très complexe à mettre en oeuvre au plan humain en raison de nombreux critères qui interfèrent.... avec leur cortège d'opposants. Tant est si bien que pour l'instant, après chaque inondation, les élus désemparés veulent agir. C'est légitime et urgent, mais ne changera pas foncièrement les données du problème

Durban

Si le curage est une opération nécessaire, les interventions homéopathiques ne modifieront et ne retarderont pas les débits maximum.

Les uns n'ont pas le droit de curer, les autres n'ont pas le droit de créer de digue...la coupe est pleine. L'absence de prospectives et les lourdeurs administratives risquent de voir se multiplier ces actions "jugées utiles".

Il serait intéressant de lancer des opérations pilotes en priorisant les secteurs qui ont beaucoup souffert en 2014. La population étant sensibilisée à ces catastrophes, les élus accepteraient peut-être d'imaginer, en termes de remèdes, ce qui devrait être réalisé très en amont de leur commune.

 

lire: http://cedepa.fr/le-potentiel-hydroelectrique-de-la-france/

Pour laver sa réputation, le poisson d’élevage va devoir partager ses bassins

« Ce n’est pas le concept intellectuel des cages qui est en cause, c’est sa gestion industrielle qui illustre la désinvolture et l’hérésie environnementales. Au lieu d’un élevage intensif, monospécifique, ayant un recours massif aux intrants, une exploitation écologique d’espèces complémentaires, aux chaînes trophiques différentes serait à inventer ». (CEDEPA  07/11/2013)

Terraéco publie le 14/01/2014 l’article suivant que nous reproduisons :

Toxique pour l'environnement et nocive pour la santé selon ses détracteurs, l'aquaculture accumule les scandales depuis six mois. Pourtant, des chercheurs planchent sur de nouveaux modèles qui associent différentes espèces.

L’aquaculture a, depuis quelques mois, mauvaise presse. Dans l’œil du cyclone, notamment, le saumon norvégien. Secoué en juin par une enquête du quotidien norvégien Verdens Gang mettant en garde femmes enceintes et enfants, le salmonidé a dû encaisser, en novembre, une enquête d’Envoyé spécial pointant sa toxicité. Mais alors que ses détracteurs dénoncent un élevage intensif aux conséquences environnementales et sanitaires sévères, d’autres imaginent un avenir bien différent pour la filière.

Au Canada, on bûche ainsi depuis une dizaine d’années sur l’aquaculture intégrée multi-trophique. L’AIMT, késako ? Le système est, en décodé, la traduction d’un vieil adage, souligne Thierry Chopin, professeur de biologie marine à l’université du Nouveau Brunswick (Canada) et responsable du réseau canadien sur l’AIMT : « Ce qui est déchet pour l’un sera de l’or pour l’autre. » En clair, il s’agit d’associer à l’élevage initial d’un poisson (saumon, bar, dorade, etc.), la culture d’autres espèces - algues mais aussi moules ou huîtres - qui se nourriront de ses rejets et ce, afin de créer une coexistence vertueuse. « Les matières inorganiques (ammonium, phosphate) compris notamment dans l’excrétion des poissons sont valorisés par des producteurs primaires - des algues - qui s’en servent pour grandir. Les matières organiques - les fèces des poissons - peuvent, pour leur part, être une source de nourriture pour certains organismes hétérotrophes comme par exemple des invertébrés », précise Myriam Callier, chercheuse à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) qui mène, depuis moins longtemps, des expérimentations sur le sujet.

Une parade contre le pou de mer

Cette bonne idée n’est d’ailleurs pas tout à fait nouvelle. Le système « est déjà utilisé en Asie. Dans des grandes baies, on associe l’élevage de poissons avec des bivalves (huîtres, moules, etc., ndlr) et des algues. Ce n’était pas forcément planifié au départ. C’est arrivé simplement parce que des cultures se sont mises à profiter des élevages de proximité. »

Or l’AIMT semble avoir beaucoup d’avantages. Ecologiques d’abord puisque les sels nutritifs (azote, phosphore) absorbés par les autres espèces ne se retrouvent plus dans la nature. Sanitaires aussi. Parce que « si un animal est dans un milieu marin sain, il est moins stressé et donc moins vulnérable aux maladies », précise Thierry Chopin. Mieux, dans certaines études « on a vu que les bivalves (moules, huîtres, certains coquillages …, ndlr) pouvaient filtrer les larves de poux de mer (le fléau des élevages de saumon, parfois traité par l’insecticide diflubenzuron, ndlr) avant qu’ils ne se fixent sur les saumons. Donc on peut imaginer que mettre des bivalves tout autour des saumons pourrait réduire la présence de poux de mer même si ça ne résoudra pas le problème à 100 % », poursuit le chercheur qui ne veut pas crier à la solution miracle.

Des algues dans notre assiette ?

Et économiquement ? A priori cette polyculture ouvre de nouveaux horizons aux éleveurs puisqu’à côté de leurs poissons, ils peuvent espérer écouler des moules, des huîtres ou des algues. « Deux récoltes supplémentaires sans nourriture supplémentaire donc pour pas grand-chose », précise Thierry Chopin. Myriam Callier opine : « Sur le papier, l’AIMT paraît techniquement viable parce que cela permet de valoriser ce qui pourrait être perdu. Mais ça ne peut être rentable qu’à condition de choisir des espèces qui ont une valeur commerciale. »

Or, si on sait vendre des huîtres et des moules en Europe ou en Amérique du Nord, le marché des algues y est – contrairement au marché asiatique – encore microscopique. « Dans les sociétés occidentales, les gens sont toujours un peu refroidis à l’idée de manger des algues. Mais on peut trouver des débouchés dans l’alimentation des saumons », précise Thierry Chopin qui poursuit : « Les professionnels cherchent à remplacer les petits poissons qui constituent la nourriture des saumons par des plantes comme le soja et le maïs. Mais pourquoi utiliser des plantes terrestres ? Les algues c’est déjà dans la mer, ça n’a pas besoin d’irrigation ni d’engrais et c’est plutôt une bonne source de protéines. » La cosmétique est une autre issue possible. A la ferme marine du Douhet sur l’île d’Oléron (Charente-Maritime), par exemple, on cultive des algues pour épurer les rejets de l’élevage de dorades, des algues qui sont vendues ensuite au secteur de la cosmétique et de la pharmacologie. Restent les agro carburants. « Pas sûr que ce soit un bon débouché, nuance Thierry Chopin. Si on veut produire ces agro carburants en grande quantité, il faudra une surface énorme. En Chine, à Taïwan, en Corée ils sont habitués à ces champs d’algues mais pas sûr qu’en France ou au Canada, ce soit très acceptable. »

Bouleverser les cultures

Autre épine dans le pied de l’AIMT : « Les techniques de récolte sont très différentes. Pour les saumons – une fois la première année passée dans des bassins d’eau douce - c’est un cycle de deux ans en mer, les algues se récoltent annuellement, les moules tous les ans et demi. Il faut donc imaginer des rotations avec des espèces qui n’ont pas la même durée de cycle. Mais comment fait-on avec sa main d’œuvre, comment forme-t-on des gens qui sont habitués à élever uniquement du poisson ? », s’interroge le Canadien. Reste enfin que cette polyculture pourrait se heurter à des résistances culturelles : « L’aquaculture dans les pays occidentaux c’est surtout une monoculture de poissons. Alors pour faire changer les mentalités, ça prend du temps », souligne Thierry Chopin. « Les pays occidentaux ont beaucoup développé l’aquaculture mono spécifique. C’est le cas en Norvège. Ils ont misé sur le saumon qui est devenu l’une des premières ressources économiques du pays et ils ont essayé d’être efficace et productif dans cet élevage », abonde Myriam Callier.

Mais une fois surmontées ces réticences et les premières années difficiles pour modifier les infrastructures et former la main d’œuvre : « Je pense que ça pourrait être rentable », souligne Thierry Chopin. D’autant que le modèle actuel risque de l’être de moins en moins. Mieux, pour Myriam Callier « il peut y avoir une meilleure acceptabilité du public vis-à-vis de ce type d’élevage plus respectueux de l’environnement, intéressant du point de vue sanitaire et rentable à condition de trouver un bon modèle économique. Des nouvelles générations d’aquaculteurs vont probablement s’approprier ce principe », prédit la chercheuse.