La pêche "durable" d'Intermarché

 Vous connaissez le bulldozer.

En mer, une technique de pêche, le chalutage de fond,  équivaut au passge d'un bulldozer sur terre : rien n'est épargné, rien ne résiste.

la comparaison n'est pas du tout excessive à tel point que le bulldozer passe une bonne fois pour toutes , ou alors, assez exceptionnellement 30ans plus sur la même parcelle...

 en mer,  ni vu ni connu, le chalutier ou le chalutier voisin  peut, parait-il, passer plusieurs fois au même endroit: ils appellent ça "la pêche durable".

ne manquez pas cette édifiante vidéo:

http://www.youtube.com/watch?v=MrIa4JmrKoE&feature=related

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>><<<<<<<<<<<<<<<<<<<<

Lorient - Envoyée spéciale - Le Julien-Coléou est à quai pour une escale inhabituelle. Ce chalutier de 30 m va rester à Lorient, son port d'attache dans le Morbihan, le temps de régler quelques problèmes techniques. Puis il rejoindra les six autres unités de la Scapêche dans l'Atlantique Nord-Est. La relève des équipages se fait par avion : vol direct Lorient-Lochinver, un petit port à la pointe de l'Ecosse.

Comme le reste de la flottille de la Scapêche – de son vrai nom Société centrale des armements Mousquetaires à la pêche, filiale du groupement des Mousquetaires, connu pour son enseigne Intermarché –, ce bateau-là est la bête noire des mouvements de défense des océans. Il a le tort d'être équipé pour capturer des poissons d'eau profonde, très profonde : jusqu'à 1 500 m sous la surface, du côté du tombant du plateau continental, là où les fonds plongent vers les abysses.

"Le chalutage de fond figure parmi les méthodes de pêche les plus destructrices jamais inventées", accuse Greenpeace, qui réclame un moratoire international sur ce "véritable scandale écologique, fruit d'une aberration européenne" revenant à "engraisser les flottes industrielles". Fin octobre, un équipage de Greenpeace s'est interposé devant un de ces chalutiers, à l'ouest de l'Irlande. Le 9 novembre, les opposants ont encerclé un autre navire de la Scapêche, au large de l'Ecosse. Un de leurs canots s'est pris dans un câble du chalut et a chaviré. L'armement s'apprête à déposer plainte.

INTERMARCHÉ ACHÈTE DES PAGES POUR PLAIDER SA CAUSE

De son côté, Intermarché achète des pages dans les journaux pour plaider sa cause et communiquer sur son approche d'"une pêche responsable". Entre les uns et les autres, le dialogue de sourds est solidement établi.

A première vue, pourtant, le Julien-Coléou n'impressionne pas plus que ça. Sa passerelle n'aligne pas davantage d'écrans d'appareils électroniques que certains bateaux de pêche artisanale, à part peut-être une modeste caméra qui surveille le pont. Le directeur général de la Scapêche, Tristan Douard, et son adjoint, Jean-Pierre Le Visage, sont d'accord pour tout montrer : les cabines des huit hommes d'équipage, la petite cuisine, la machine à fabriquer la glace, l'atelier de mise en caisse du poisson. Plus bas, 170 m3 de cales peuvent contenir mille caisses de 25 kg, généralement pleines de lieu noir, baudroie, merlu, et d'espèces spécifiques des grands fonds : lingue bleue, sabre noir, grenadier. Les soutes de ses grands frères de 46 m de long sont 3,5 fois plus vastes.

Le chalut est, pour l'heure, paisiblement enroulé sur son treuil. C'est lui qui cristallise la colère des écologistes : ce lourd filet conique détruit les habitats marins en raclant les fonds et sa gueule, tenue grande ouverte par deux panneaux, emprisonne aussi des espèces non consommées et donc rejetées en mer, mortes. "Greenpeace prétend que son ouverture serait aussi large qu'un terrain de football. N'importe quoi ! Nos plus grands chaluts ont une surface cinquante fois inférieure", peste Jean-Pierre Le Visage. Un équipement de cette sorte permet de remonter, par exemple, de 100 à 200 kg d'espèces d'eau profonde et 500 kg de lotte.

"Certes, nous touchons les fonds, mais comme les pêcheurs à la coquille Saint-Jacques dans la baie de Saint-Brieuc : toujours aux mêmes endroits ! Nous chalutons les mêmes secteurs de plaines vaseuses et sableuses depuis vingt-cinq ans, se défend Tristan Douard. Nous évitons toutes les zones de coraux qui accrochent nos engins de pêche et sont, de toute façon, protégées."

L'ENTREPRISE PAIE BIEN SES MARINS

Grosse consommation de gasoil, absence de rentabilité : le jeune directeur, habitué à ces griefs récurrents, a réponse à tout. Le carburant est plafonné à 25 % du chiffre d'affaires, assure-t-il. Et le résultat net de l'entreprise s'est élevé à 1,38 million d'euros en 2010. Ne pas gaspiller, ne pas compromettre l'abondance des stocks : tels sont, dit-il, les fondements d'une "pêche responsable", garante de l'avenir des professionnels de la mer.

La ressource ne baisse-t-elle pas ? "Notre problème n'est pas de trouver le poisson, mais de ne pas dépasser les quantités autorisées, insistent les deux hommes. Nos bateaux ne vont plus sur certaines zones parce qu'un coup de chalut y suffit à dépasser le quota de la semaine. Or, il nous faut étaler les captures dans le temps." Toute une filière de commercialisation et de transformation doit pouvoir travailler à terre toute l'année.

"Nous allons moins loin et moins bas qu'il y a quelques années. Pour les grenadiers, on est remonté à – 1 100 m au lieu de – 1 500 m, un niveau où on attrapait aussi des petits", assure Tristan Douard. Du comité des pêches aux mareyeurs, impossible de trouver, à Lorient, des détracteurs à l'armement. L'entreprise paie bien ses marins et sa débarque est essentielle pour le port de pêche.

Les scientifiques de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) sont pourtant circonspects. "L'écosystème des profondeurs est moins productif, donc plus vulnérable, dit Pascal Lorance, biologiste à Nantes. Dans les années 2000, ce type de pêche n'était pas géré du tout, il y avait une forte surexploitation qui interdisait le renouvellement des stocks. Depuis, on observe quelques tendances favorables, pour la lingue bleue notamment."

LES NAVIRES DE LA SCAPÊCHE SURVEILLÉS PAR SATELLITE

Alain Biseau, expert en halieutique à Lorient, explique, en substance, qu'il ne faudrait pas mettre toutes les espèces dans le même filet. "La pression a beaucoup baissé", note-t-il. Chacun souligne que l'action des écologistes reste utile.

La Scapêche met en avant son fonctionnement transparent. Le moindre de ses traits de pêche est analysé par l'Ifremer, avec lequel elle a signé un partenariat – elle a même embauché un de ses chercheurs. Ses navires sont en permanence surveillés par satellite, ils embarquent des observateurs, livrent dans des ports attitrés où ils sont contrôlés. Sa flotte compte actuellement dix-sept bateaux. Sur les huit qui visent les grands fonds, l'un navigue dans les mers australes et antarctiques et obtient un satisfecit de la part des associations pour avoir préféré la palangre au chalut.

"La pêche est critiquée pour ce qu'elle a été, pas pour ce qu'elle est, plaide Tristan Douard. A la fin des années 1970, c'était "open bar", l'âge d'or de la logique productiviste. En Bretagne du sud, des chalutiers de 68 m, il y en avait à la pelle. Trop : les rendements ont baissé, on est parti pêcher d'autres espèces, plus loin et plus profond. Les écologistes disent vrai sur ce point. Mais c'est fini."

Depuis 2003, l'Union européenne a pris des mesures drastiques : les autorisations ont chuté de 60 % pour certaines espèces des grands fonds et ont entièrement disparu pour d'autres, comme l'empereur. Le nombre de bateaux français a été divisé par trois, les Ecossais ont perdu leur droit de pêche, puis les Irlandais.

La Scapêche, même en ayant réduit d'une bonne moitié la puissance de sa flotte, reste le principal des trois armements d'eau profonde basés en France. Elle ne souffre donc pas de la concurrence. Mais elle peut s'inquiéter d'une dégradation de son image qui pourrait finir par déplaire aux consommateurs.

Martine Valo

.

Les poissons, espèces en voie de disparition totale

La surpêche se poursuit. A l’origine de plus en plus de zones mortes dans les eaux du plateau continental, elle menace maintenant les grands fonds marins qui sont par ailleurs l’objet d’enjeux industriels.

En cinquante ans, la capacité de la flotte européenne a triplé et celle de la flotte asiatique a été multipliée par quinze. Les radars qui localisent les bancs de poissons démultiplient l’efficacité des  campagnes. Résultat, les équilibres seraient totalement détruits, et la prise mondiale de poisson est en déclin régulier à cause de l’épuisement de la ressource. Daniel Pauly, professeur à  l’université de Colombie-Britannique à Vancouver, ne laisse guère d’espoir: à 100 ou 200 mètres de profondeur, sur le plateau continental, il ne resterait plus que 1% à 2% des stocks d’antan!

Des espèces fragiles, vite décimées

Alors, les techniques ont évolué pour aller chercher le poisson à de plus grandes profondeurs. Des profondeurs qui étaient restées un réservoir de biodiversité aussi longtemps qu’elles n’avaient pu être explorées. On les imaginait vierges de toute vie, et l’on a découvert une autre faune, d’autres écosystèmes peuplés d’individus parfois géants et capables d’atteindre des âges très élevés, mais toujours fragiles, commente Antje Boetius qui a participé à une quarantaine d’expéditions sous-marines en tant que chercheur à l’Université de Brême.

De nouvelles espèces comme le grenadier ont fait leur apparition sur les étals des poissonniers… en filets le plus souvent compte tenu de leur aspect souvent rébarbatif. Mais les équilibres sont précaires. Dans dix ou quinze ans, ces espèces seront épuisées à l’image de l’empereur, qui a déjà quasiment disparu dans l’Atlantique nord-est alors que sa capture à une échelle commerciale ne remonte qu’aux années 1980. Et pourtant, ce poisson aurait une durée de vie de 60 à 150 ans. La conclusion est simple: l’espèce a été décimée en une génération, sans qu’on ait laissé aux individus la possibilité de se reproduire.

Le constat établi à l’Institut océanographique de Paris, à l’occasion d’un colloque international pour une gestion durable des grands fonds marins, pêche-t-il par catastrophisme? Les avis de chercheurs du monde entier convergent. Et le secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, qui dépend de l’ONU, va dans le même sens lorsqu’il souligne que les zones mortes côtières ont pratiquement doublé chaque décennie depuis 1960. 

Les guerres de l’anchois et du cabillaud

On pourrait rappeler l’exemple de l’anchois qui déclencha une véritable guerre dans l’Europe bleue entre le parti du poisson et celui de la pêche, le premier dénonçant un risque d’épuisement de la ressource et le second l’accusant de noircir à dessein la situation.

Il y eut d’autres précédents.

Les eaux de Terre-Neuve étaient foisonnantes; le cabillaud canadien était leur richesse. Il a aujourd’hui disparu, à cause d’une pêche excessive qui épuisait la ressource plus vite qu’elle ne se reconstituait. Et aujourd’hui, c’est le cabillaud européen qui pourrait connaître le même sort que sont cousin canadien, car l’état de la ressource ne permet plus de pérenniser l’espèce.

La Commission européenne a réagi, en imposant des quotas. En juillet dernier, constatant que les stocks de cabillaud ne se reconstituent pas, la Commission a même proposé de réduire de 50% les totaux admissibles de capture. Mais pour la survie de l’espèce, des scientifiques considèrent qu’un moratoire serait nécessaire.

Les quotas, un filet de sécurité troué pour le thon rouge

Le thon rouge, aussi, est très menacé. Selon l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), les captures atteignaient 53.000 tonnes par an au milieu des années 2000 alors qu’elles n’auraient pas dû dépasser 25.000 tonnes pour préserver la capacité de reproduction de cette espèce. Des quotas limitèrent les prises à 32.000 tonnes par an; insuffisant. Lorsque le prédateur –l’homme– bouleverse à ce point les équilibres, la régénération de la ressource devient simplement impossible.

De toute façon, les quotas de pêche sont dépassés de 40%, affirme la Cicta (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique). La Commission européenne continue d’intervenir, comme au cours de la dernière campagne de pêche lorsqu’elle a imposé à l’Espagne d’interdire à ses pêcheurs de poursuivre leur activité en raison de l’épuisement de leurs quotas.

Toutes les espèces ne sont pas en péril. Par exemple, les ressources en hareng et le lieu noir ne posent pas problème. Et celles du golfe de Gascogne en sole s’améliorent au grâce au programme de reconstitution des stocks dont elle a bénéficié. En revanche, la situation du poisson plat en Mer du Nord est devenue très critique.

On craint pour le merlan, le turbot, la raie, le lieu jaune… Globalement, la ressource se raréfie. C’est ce qui explique une baisse de 20% des prises des pêcheurs de l’Union européenne en dix ans. Et une augmentation des importations, l’Europe ne pêchant plus dans ses eaux que 40% du poisson qu’elle consomme.

Un poisson sur cinq pêché pour rien

Un effort particulier devrait être porté à la pêche sélective, afin de mettre fin aux rejets. Environ 20% des prises aujourd’hui seraient rejetées à la mer; un poisson sur cinq pêché pour rien. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, ces rejets porteraient globalement sur 13% des prises en Atlantique nord, mais plus de 30% à l’ouest de l’Irlande et de l’Ecosse en fonction des flottes, des espèces ciblées et de la profondeur.

Problème: la pêche au chalut pratiquée sur les grands fonds marins est incapable de sélectivité. Elle racle les fonds, détruisant des écosystèmes qui ont mis 8.000 ans à se construire. Tout cela parce que les subventions existent, et que la rentabilité des opérations ne prend pas en compte les coûts de maintenance et de restauration des fonds sous-marins.

Les enjeux industriels des grands fonds

Ajoutons à tout cela l’exploitation les perspectives d’exploitation minérales (comme les nodules polymétalliques) et énergétiques (à l’aide de plateformes pétrolières offshore) des grands fonds marins, et on aura une vision assez apocalyptique de l’avenir des poissons. Mais là encore, les scientifiques ont raison de réclamer une gouvernance internationale des fonds marins.

Un exemple: 25% de la production pétrolière mondiale (86 millions de barils/ jour) vient aujourd'hui de l'offshore. En 2030, il faudra 115 millions de barils par jour. Mais dans l'intervalle, les réserves d'où sont pompés 60 millions de barils auront été asséchées. Il faut donc découvrir, d'ici là, l'équivalent d'une production de 90 millions de barils/jour. Principalement grâce à l'offshore profond.

Dans quelles conditions? Avec quels risques notamment dans l’Arctique rendu accessible par la fonte des glaces du Pôle nord, ou l’Antarctique dont la sanctuarisation est parfois remise en question? Et quelles conséquences pour la faune marine? La question de la gouvernance pour un développement durable est clairement posée.

Gilles Bridier

surpêche, surexploitation des stocks halieutiques

.

Surpêche, surexploitation des stocks, capacités excessives de pêche… peu importe le vocable: la ressource, pourtant réputée intarissable, s’épuise.

Les ressources pélagiques constituent un enjeu socio économique important qui dépasse la seule autonomie alimentaire.

Quand nous aurons fini de perturber de manière irrémédiable la chaîne écologique qui a merveilleusement fonctionné depuis des millénaires, certains stocks ne pourront plus jamais se reconstituer. Des espèces vont disparaître faute de nourriture. Le phénomène est en cours. La nature ayant horreur du vide, elles seront remplacées.

 Comment et par quoi ?

Il n’est pas certain, en mer comme sur terre où le pillage est aussi bien ordonnancé, que l’homme soit gagnant.

Situation, constat, exemples :

•••  de l’aveu même de l’UE , « Les mesures prises pour protéger les ressources ont souvent fait l’objet de contournements ou d’infractions plus ou moins graves. Ces infractions aux règles communes ont des conséquences importantes et multiples.Elles empêchent les politiques menées pour assurer la durabilité des activités de pêche d’atteindre leurs objectifs.Si toutes ces règles étaient respectées de manière rigoureuse, les problèmes de surpêche et de durabilité de la ressource seraient en train d’être résolus dans les eaux européennes ».

 •••   A l’ouest des côtes africaines, les pêcheurs équipés de pirogues ne peuvent plus lutter à armes inégales avec des chalutiers pélagiques russes. En cause : des autorisations accordées à l’armada industrielle.

Peut-être que sous couvert de considérations techniques, le signataire des autorisations pourrait-il être séduit par les propositions financières des compagnies minotières ? Nous n’osons pas imaginer l’être humain cupide au point de vendre à vil prix le droit de piller les océans au détriment de la pêche artisanale locale.

« Certaines ressources pélagiques partagées, présentes en haute mer sont très insuffisamment exploitées par notre flotte nationale de pêche aussi bien artisanale qu’industrielle qui ne peut opérer à cette distance, c’est-à-dire dans des zones de pêche comprises entre 20 et 35 miles nautiques », précise le ministère sénégalais de l’Economie Maritime.

« le Sénégal a donc souverainement décidé d’exploiter ce stock afin que le trésor public puisse en bénéficier »

 •••  Les prélèvements excessifs de la pêche industrielle ces dernières années conduisent à un épuisement des stocks.  Les chalutiers peuvent racler les fonds marins jusqu’à …fois/an. Nous n’irions pas les plaindre de se tirer une balle dans le pied sur la pérennisation de leur activité commerciale, mais ces industriels font fi de la chaîne écologique, de la biodiversité…pire : ils tirent une balle dans la tête de toute la pêche artisanale.

On comprendrait presque de la part des pêcheurs artisanaux, qui ont des charges de plus en plus lourdes à payer, des familles à nourrir, qui exercent un métier extrêmement difficile, dangereux, au péril de leur vie, qu’ils soient tentés de temps en temps  de se comporter comme des pilleurs de troncs…

Après tout, un tien vaut mieux pour moi tout de suite plutôt que pas grand-chose  demain peut-être pour un autre…

On observe précisément le contraire : conscient des enjeux, respectueux des écosystèmes, les adhérents  de l’Association « Les Ligneurs dela PointeBretagne » par exemple s’imposent la non-pêche pendant la période où le bar     (dicentrarchus labrax) se reproduit de décembre au 15 mars, limitent volontairement leurs prises…. Sage gestion dite « en bon père de famille ».

Leur récompense :

Ils ont tout loisir d’observer depuis quelques années les chalutiers pélagiques, [pavillon (?) provenant de (?)]  profitant de la vulnérabilité de l’espèce, piller les frayères que les Ligneurs épargnaient pour assurer le renouvellement naturel des stocks. Ils ramènent des tonnes de géniteurs à quai.  La rentabilité est forcément meilleure puisse que l’on prélève à la fois les intérêts et le capital générateur. C’est le « rendement maximum durable ». Un vrai concept.   [Après tout, c’est logique : un navire industriel coûte plus cher qu’un petit bateau de 6 à 12 m…. et l’actionnaire du Groupe-Commerce-Durable attend beaucoup plus de retour immédiat sur investissement que le petit patron pêcheur.]

On s’interroge : comment peut-on déplorer la baisse de la ressource d’une part et laisser perdurer (« durablement ») de telles pratiques d’autre part ?

 Il semblerait qu’il y ait pourtant des règles ?

On pille aux yeux de l’humanité des forêts primaires, qui ont des propriétaires identifiés pour vendre des billes de bois de 20 à 80 tonnes pièce…

Belle aubaine qu’un océan illimité, qui n’appartient à personne, dont on extrait des petits poissons de quelques kilos sans même arriver à faire baisser le niveau de l’eau.

 Résultat : c’est mieux que le blé…on moissonne en toutes saisons jusqu’à satiété des capacités des navires….il suffit de se servir. Et si le cours du bar s’effondre, on en pêche un peu plus pour conserver un revenu à peu près constant. Destinés à l’alimentation humaine, les poissons invendus serviront à fabriquer des granulés pour l’alimentation animale et seront payés par l’Etat, en vertu du prix de retrait, à ~ 5€/kg.

La preuve que la ressource ne s’épuise pas puisque les navires rentrent toujours remplis de poissons.  L’ IFREMER rassure: « le bar n’est pas en danger ».

•••  Les prises accessoires :

Les importantes prises accessoires des espèces non ciblées ne survivent pas après le rejet en mer. Ces rejets évitent un poids mort inutile à transporter, mais cela permet surtout de ne pas s’interroger sur son mode opératoire et d’effacer toute preuve de pêche non durable.

 Les ramener à quai, ce serait l’acceptation de la méthode du contrôle ; c’est aussi, par défaut, une valorisation potentielle sacrifiée en farine de poisson puisque ces stocks non comptabilisés sont irrémédiablement perdus lors des rejets.

 •••  la chaîne alimentaire :

La chaîne alimentaire,  c’est la succession d’êtres vivants liés par une relation proie-prédateur. Chacun des organismes constitue un maillon de cette chaîne alimentaire vitale : chaque niveau trophique assure la survie du maillon suivant.

 On a la propension bien ancrée  d’épuiser totalement la ressource, d’anéantir une espèce avant de décider de la protéger.

les remèdes?   

 Nous avions formulé une liste de sept propositions ; nous préférons renvoyer aux propositions d’ Océan2012 , ONG éminemment plus habilitée que le CEDEPA en la matière.

   conclusion :

On connaît déjà les remèdes mais personne n’est prêt à les accepter…on attend d’être au pied du mur pour prendre les décisions en ultime recours, quand tous les intervenants seront convaincus de l’impérieuse nécessité d’agir. Il sera peut-être un peu tard, mais on aura l’absolue certitude d’avoir tout essayé !

Précision : Depuis le début de la rédaction de cet article, se sont écoulés plusieurs mois pendant lesquels l’UE a affiché une vraie détermination pour enrayer cette spirale maudite :    http://ec.europa.eu/fisheries/documentation/magazine/mag51_fr.pdf

L’instauration des droits individuels tranférables et cessibles : si on avait voulu inciter la spéculation et éradiquer la pêche artisanale,on ne pouvait guère imaginer mieux.

Des outils modernes pour un contrôle efficace :

- Une nouvelle approche du contrôle et de l’inspection

Les nouveaux outils du contrôle :

- Licences et autorisations de pêche,

- Le marquage et l’identification des navires et des engins,

- Le VMS (système de surveillance des navires),

- Les journaux de bord et les déclarations de transbordement,

- Le système de traçabilité,

- La vérification de la puissance du moteur,

- La pesée des captures,

- Les procédures d’inspection,

- Les rapports d’inspection,

Jusque là l’Océan est heureux : il va, à coup sûr, se repeupler…

La dernière mesure, celle des sanctions, le laisse plutôt perplexe :

- Les sanctions administratives à l’égard des pêcheurs (un permis à 90 points).

« Quand un bateau contrevenant aura accumulé 18 points, il subira une période de suspension de sa licence de deux mois. S’il continue à accumuler des points pour dépasser 36, 54 et 72 points, il subira des périodes de suspension chaque fois plus longues. En même temps, pour encourager le pêcheur à respecter les règles, tous les points seront annulés s’il ne commet pas d’infraction grave dans les trois ans qui suivent la dernière. Lorsqu’il aura atteint 90 points, le retrait de sa licence sera définitif. »

.

ne manquez pas cette édifiante vidéo:     http://www.youtube.com/watch?v=MrIa4JmrKoE&feature=related

lire:   http://cedepa.wordpress.com/2013/01/01/sauver-les-poissons-migrateurs/

aquaculture mondiale

 

 

Dans le domaine de la production alimentaire, l’aquaculture est le premier secteur au monde en terme de croissance. Souvent mis en avant comme le futur de l’industrie de la pêche, ce n’est pas à ce jour  une solution à la surpêche. Bien que certaines formes d’aquaculture puissent apporter une contribution significative dans l’approvisionnement en nourriture à certains endroits, elles doivent être développées de façon responsable. Or, le développement rapide de l’aquaculture intensive pour des espèces à haute valeur sur le marché de l’export telles que le saumon et les crevettes a déjà donné lieu à une dégradation effrayante de l’environnement et au déplacement de grand nombre de populations locales de fermiers et pêcheurs, incapables de continuer leur activité.

Parmi les principaux problèmes de l'aquaculture, on trouve :

La destruction des écosystèmes :

 Dans les élevages intensifs, d'énormes quantités de déchets organiques (matières fécales) et des eaux usées toxiques sont libérées dans l'environnement naturel autour des sites. L'ensemble des fermes écossaises d'élevage de saumon rejette par exemple chaque jour autant de déjections que les 600 000 habitants d'Edimbourg! De ce fait, la composition chimique de l'eau change et peut entrainer une croissance rapide et intempestive d'algues, qui peuvent etre mortelles pour certains animaux marins et constituer un danger pour l'homme par le biais de la consommation de molusques ainsi contaminés. Lorsqu'un éco-système est trop détruit pour continuer l'exploitation, celle-ci est tout simplement déplacée. 

 De plus, très souvent, les écosystèmes côtiers sont littéralement détruits pour l'exploitation d'élevages intensifs. C'est le cas par exemple lorsque des étangs artificiels sont créés pour l'élevage de crevettes tropicales : les mangroves sont détruites, ce qui entraîne la disparition de toutes les espèces qui s'y abritent (poissons de toutes sortes, y compris des poissons exploités par le commerce, huîtres, oiseaux, etc.) et élimine une protection naturelle contre les tempêtes et raz-de-marée. L'eau douce des sources est épuisée pour abaisser le niveau de sel dans les aquacultures et les communautés côtières se voient obligées de migrer pour survivre.On estime que 35 % des forêts de mangroves ont disparu en moyenne, et que quelques pays ont perdu 80 % de leur mangroves. Les activités humaines qui participent le plus à la destruction des mangroves sont l'aquaculture à 52 % (38 % pour l'élevage de crevettes et 14 % pour l'élevage de poisson), la déforestation à 26 % et le détournement des cours d'eau douce à 11 %.
La pression sur les espèces sauvages :

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l’aquaculture ne diminue pas la pression exercée sur les espèces sauvages. Telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, dans bien des cas, au contraire, elle l’augmente.

- Dans les élevages intensifs, la concentration d'animaux est telle que de nombreux parasites et maladies se développent. Les espèces élevées, sélectionnées entre autres pour leur résistance, surmontent ces fléaux, souvent grâce à un usage intensif d'antibiotiques et de vaccins, mais dans le milieu aquatique naturel avoisinant, les espèces locales, sauvages, sont frappées de plein fouet. Une récente étude a montré qu'un seul élevage de saumons de Colombie Britannique (Canada) génère, dans l'environnement naturel, un taux de poux des mers 33.000 fois supérieur au taux normal, provoquant des infections mortelles dans un rayon de 70 km.

- Dans les élevages aquatiques, d'énormes quantités de "poisson fourrage" et de farine et huile de poisson sont utilisées pour nourrir la production. Une grande partie de l'aquaculture consiste à engraisser des poissons carnivores tels que le saumon et le thon. Évidemment, commercialement, l'opération est intéressante puisque le poisson d'élevage atteint des prix beaucoup plus élevés que les poissons qui ont servi à le nourrir, même s'ils sont eux-mêmes comestibles pour l'homme, tels que les sardines, les maquereaux ou les harengs. Mais en fin de compte, beaucoup plus de chair de poisson est utilisée dans cette opération qu'elle n'en produit et la pression sur les stocks de poisson sauvage ne diminue pas. L'aquaculture, vue sous cet angle ne peut donc pas prétendre remplacer la pêche de capture, particulièrement dans les pays en développement, où très peu de personnes peuvent se permettre des poissons tels que le saumon fumé.

- Les poissons qui s'échappent des élevages exercent aussi une pression sur le milieu naturel. Les poissons élevés sont sélectionnés en fonction de caractéristiques qui ne les rendent pas adaptés à la survie en milieu naturel. Or une certaine quantité de poissons d'élevages s’échappent leurs bassins. Dans certaines zones, ceux ayant réussi leur grande échappée sont désormais plus nombreux que leurs «cousins» sauvages. Ils contribuent ainsi à appauvrir le patrimoine génétique et accroissent le danger qui pèse sur les espèces autochtones. Depuis les années '80 des millions de saumons d'élevage se sont échappés de leurs bassins.

- Certains centres d'aquaculture appliquent des techniques d'ingénierie génétique aux espèces qu'ils élèvent (poisson génétiquement modifié), et ce le plus souvent en dehors de tout contrôle. C'est le cas pour certains élevages de thon, de saumon, de tilapia, par exemple, qui sont génétiquement modifiés. La recherche dans ce domaine est en pleine expansion dans de nombreux pays du monde. Elle porte principalement sur l'accélération de la vitesse de croissance, sur la stérilisation, sur la résistance au froid et aux maladies. Elle concerne le poisson, les mollusques, les fruits de mer et d'autres organismes marins comme les algues. À ce jour il n'existe pas d'informations disponibles sur les conséquences de ces pratiques sur la santé humaine. En revanche, les conséquences sur le milieu aquatique environnant ont été étudiées. Plusieurs organisations de défense du milieu marin ont mis en évidence le fait qu'il est impossible de garantir que ces poissons ne s'échapperont pas et que leur introduction dans les milieux naturels représente un désastre potentiel. L'introduction d'espèces non locales est un autre problème. Ce type de pratique constitue une menace pour l'écosystème concerné et se révèle toujours une source de problèmes non prévus par ceux qui en prennent la décision. Sélectionnés pour leur capacité de reproduction, de croissance rapide et leur aptitude à évoluer dans une eau de médiocre qualité, les poissons génétiquement modifiés et les espèces non locales prennent le dessus sur les espèces autochtones: les fuyards menacent les espèces locales en mangeant les jeunes, en entrant directement en compétition avec elles pour l'alimentation et l'habitat et en propageant maladies et parasites.

 

Atteinte aux droits des populations et communautés locales :

 L'industrialisation de l'aquaculture semble également poser un certain nombre de problèmes en matière de respect des droits de l'homme.

L'incroyable boom de l'élevage de crevettes pour répondre à la demande mondiale est depuis quelques années l'objet de sérieuse préoccupation quant à son impact social.

Selon l' "Environmental Justice Foundation", cette industrie est caractérisée par de sérieux et fréquents abus, tels que la saisie de terres et le déplacement de populations, l'intimidation parfois violente des usagers traditionnels des ressources locales, l'utilisation de main d'oeuvre enfantine et la corruption de fonctionnaires.

Slow Fish