Tourmente à WWF

 

La Présidente, toute respectable qu’elle soit, tient-elle la barre ?

D’une manière générale, il y a deux sortes de Présidents :

1)    celui qui se sert de l’Association qu’il préside comme d’un tremplin,

2)    celui dont l’Association se sert.

 

• •  Dans le premier cas, un inconnu gravit tous les échelons, arrive à s’immiscer au petit sommet d’une petite présidence ; il assiste à toutes les réunions, à tous les grenelles locaux et nationaux…son nom finit par être hebdomadairement cité dans des comptes rendus. Le début d’une crédibilité, conférée non  par des compétences technico-scientifiques unanimement reconnues, mais par un statut d’ « occupeur de chaise » dans les réunions : il suffit d’être très disponible.

Il va pouvoir assouvir ses ambitions personnelles pour briguer d’autres postes plus valorisants, mieux rémunérés, au statut plus durable.

••  Dans le second, l’Association cible une star, de préférence d’envergure mondiale, et l’invite à la présider. La star estime à juste titre que les thématiques  de l’Association correspondent à ses sensibilités environnementales (qui n’en a pas ?), qu’il a beaucoup oeuvré dans son domaine et qu’il peut accepter légitimement d’occuper un poste qui lui sied.

     C’est la où le bât blesse : naïvement plongé dans ce bain « politico-économico-de moins en moins écolo », il ne sait pas que la Direction gère, dirige …et préside à sa guise.

Isabelle Autissier, n’ayant probablement rien vu venir, aurait "ordonné le silence". On se croit à Moscou ou à la Fédération Française de Foot versus Domenech en Afrique du Sud= « tout va bien, on fait des essais pour 2050 ».  Mais chez FNE...c'est pire !

 

Nous reproduisons un article plutôt symptomatique de la stratégie menée par les ONG dites « environnementales ». La base de la pyramide des troupes sait depuis longtemps que le sommet tourne plus vite qu’une girouette, pas forcément au gré du vent, mais des intérêts divers et variés.

 

Les salariés du WWF demandent la tête de leur patron Serge ORRU

"Ces lignes sont un cri d’exaspération que nous vous demandons solennellement d’entendre." Dans une lettre que Rue89 a obtenue (que vous pouvez lire en cliquant ici ), les salariés français du World Wildlife Fund (WWF) dénoncent les pratiques de leur directeur général, Serge ORRU. La démarche est assez inhabituelle pour mériter attention. La crise chez "Panda", comme est surnommé le WWF, ça fait des mois qu’on en parle dans le petit milieu des ONG environnementales, où l’on pointe de plus en plus de partenariats avec les entreprises, une complaisance avec le gouvernement depuis le Grenelle, des départs nombreux…

Mais cette fois, par un courrier signé "57 salariés du WWF France" (sur 93 en tout, mais 60 approchés) et envoyé le 17 juin d’une boite mail anonyme, il est demandé au conseil d’administration "la démission de M. Orru".

Peu de chance qu’ils obtiennent satisfaction. Jointe par Rue89 Isabelle Autissier, la navigatrice qui préside l’association WWF France depuis 2009, se dit "profondément choquée" : "Ce n’est pas aux salariés de décider de la démission du directeur général mais au conseil d’administration qui l’a nommé. J’essaie de faire le tri entre les amalgames, les sentiments, les stratégies personnelles et ce qui cloche vraiment."

La présidente Isabelle Autissier a répliqué dans un courrier (Téléchargez ce courrier en cliquant ici). Isabelle Autissier a prévu une réunion de crise le 15 juillet prochain, mais déjà, par une lettre adressée à tous les salariés, elle met en garde : "Je considérerai la communication sur ces questions à la presse comme une faute grave."

Le journaliste Fabrice Nicolino auteur de "Qui a tué l’écologie ?" (Consultez notre article et notre entretien avec Fabrice Nicolino en cliquant ici) écrit sur son blog Planète sans visa, à propos du courrier d’Isabelle Autissier : "Elle menace de considérer comme faute grave le fait de parler à la presse. Ah ! Mais n’est-ce pas exactement la manière classique d’étouffer tout examen public d’affaires intéressantes ? Ne voit-on pas cela chaque jour, pour des histoires de toute espèce, et parfois graves ? Le WWF ne réclame-t-il pas constamment de l’argent à ses sponsors et donateurs ? Cet argent ne repose-t-il pas sur une moralité supposée exemplaire ? La libre information vaudrait donc pour tous, sauf le WWF ? Eh bien, voilà une nouveauté radicale. Enfin, je n’oublie pas que madame Autissier est une navigatrice. Cette activité n’a visiblement rien de contradictoire avec l’exercice du pouvoir, avec le plein exercice du pouvoir. Lisez lentement cette lettre, et rapportez-vous à mon texte précédent sur l’état réel de l’océan mondial. Lisez lentement ces mots de manager : "Je vous demande de vous souvenir que le WWF France ne s’est jamais aussi bien porté". Si même c’était la vérité, cela resterait ridicule. Le WWF se porterait bien, mais au milieu du tumulte et des décombres. Franchement, cette lettre ne passe pas".

Autant dire qu’au siège de l’association, l’ambiance est délétère. Un salarié témoigne : "C’est le cauchemar. L’immense majorité des salariés sollicités ont signé, mais les proches de Serge Orru font circuler des lettres de soutien. Le bruit court que tous les signataires seront virés et poursuivis pour diffamation."

Il est difficile de faire la part des choses, parmi les nombreuses accusations contenues dans les annexes du courrier des salariés – que Rue89 a choisi de ne pas reproduire, certains passages pouvant être diffamatoires. On y trouve la détestation personnelle qu’inspire la personne de Serge Orru, médiatique et ambitieux, mais aussi des accusations de fautes potentiellement graves – mais qui doivent êtres vérifiées.

Succinctement, la gestion de Serge Orru est fortement contestée par les salariés : un "turn over" de 25% par an, des salariés parfois insultés par le DG devant témoin, des cadres "recrutés de manière non transparente mais qui ne sont pas toujours au niveau" contrevenant aux procédures internes. Le salaire de Serge Orru fait également beaucoup parler (109 000 euros bruts hors frais) avec "l’absence récurrente de justificatifs sur ses frais de représentation et de transport"...

Rue89 rappelle qu’à plusieurs reprises, Serge Orru a été pris en difficulté, soit parce qu’il ne parle pas anglais, soit parce qu’il n’a pas lu les fiches techniques qui lui ont été préparées. Mais surtout, il "utilise l’ONG comme marche-pied d’une carrière politique", accusent les salariés. L’un d’entre eux précise à Rue89 : "Il se voit en député Europe Ecologie- Les Verts en 2012, et a promis son poste au directeur de la communication, Jacques-Olivier Barthes." Ce dernier, dont les "pratiques managériales peuvent s’apparenter à du harcèlement", selon les annexes, est lui aussi dans la mire. "C’est lui qui a mis le bordel en interne", dit un observateur extérieur.

"Ce qui nous a motivés, c’est surtout de dire que les valeurs qu’on défend sont totalement bafouées", explique un salarié. Il est logique que le développement des partenariats avec les entreprises, décrits comme des "liaisons dangereuses" dans une enquête de L’Express ne conviennent pas à tous (voir ci-dessous). Une logique "décomplexée" qu’a observé leur collègue Sylvain Angerand, des Amis de la Terre : "Leur manière de travailler a radicalement changé : c’est le marketing qui ficelle tout, pas les chargés de campagne. Le WWF n’a plus aucun moyen de pression pour peser ni sur les entreprises ni sur les politiques publiques".

WWF et les entreprises, les liaisons dangereuses

"Quel est le rapport entre un charmant panda et un vulgaire sac de ciment ?" s’interroge Julie de La Brosse dans un article récemment publié dans L’Express (10/06/2011) qui confirme les propos de Sylvain Angerand. "A première vue, aucun. Le premier sert d’emblème à la plus puissante association environnementale du monde, tandis que le second est accusé par les militants écologistes de favoriser le dérèglement climatique. En signant un partenariat avec Lafarge, en 2010, le WWF France a fini par accepter d’unir ces deux images a priori antinomiques. Dix ans après sa maison mère, qui, elle, n’avait pas eu les mêmes réticences. Aujourd’hui, l’élève pourrait bien dépasser le maître : l’antenne tricolore de l’ONG environnementale multiplie les partenariats stratégiques avec les entreprises".

La journaliste de L’Express rappelle qu’"elles sont désormais 14, et non des moindres - Carrefour, Castorama, Crédit agricole, Orange ou encore Pierre & Vacances -, à avoir conclu un accord avec le WWF France. En échange d’une somme d’argent très raisonnable - 400 000 euros par an pour le haut de la fourchette -, ces sociétés bénéficient de l’expertise et des conseils de la fondation pour réaliser les progrès auxquels elles se sont engagées. Surtout, elles profitent de la notoriété du célèbre panda, des 4,8 millions d’adhérents du WWF dans le monde et de l’image de la sympathique Isabelle Autissier, présidente de l’organisation en France. Un bon point marketing" estime Julie de La Brosse. Je vous invite à lire l’intégralité de ce article en cliquant ici.

Mais en guise de conclusion provisoire, je citerai encore la fin de cet article de L’Express : "Heureusement pour le WWF français, les attaques restent relativement circonscrites au cercle des écolos purs et durs. En l’espace de cinq ans, il a même recruté 50 000 donateurs supplémentaires et en compte désormais 180 000 dans l’Hexagone. Récemment, un rapport parlementaire sur la transparence du financement des organisations environnementales reprochait à la fondation Hulot ses liens troubles avec les entreprises, mais louait les partenariats du WWF. "Qui irait critiquer une ONG prête à la conciliation permanente ?" conclut Sylvain Angerand". Les salariés peut-être ? ...

 

 

 

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