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Élevage du saumon en cages: misère sociale et impact environnemental calamiteux garantis

Le roi du saumon norvégien Marine Harvest est le n°1 dans toutes les régions d’élevage de saumon du monde. Une position de quasi-monopole.

 Le groupe norvégien Marine Harvest réalise près du quart (plus de 400 000 tonnes en 2014) de la production mondiale de saumon d’élevage. L’ensemble des entreprises norvégiennes contrôle 90% de cette production et John Fredriksen, propriétaire de Marine Harvest est considéré comme le roi du saumon. Son entreprise produit du saumon en Norvège, en Ecosse, au Chili et elle le transforme dans plusieurs pays d’Europe et d’Asie. Avec 10 000 employés dans 23 pays, elle est le leader de la « révolution bleue ».

En 2008, le WWF a signé un accord de partenariat avec Marine Harvest pour « promouvoir l’aquaculture durable » suivant les canons de la certification ASC (Aquaculture Stewardship Council), conçue sous l’égide du WWF et lancée officiellement en 2009.

saumon Marine Harvest

Cette année-là, le Chili a connu un désastre sans précédent dans ses fermes aquacoles, le virus ISA (Anémie Infectieuse du Saumon), apparu en 2007, a touché une grande partie des élevages, entraînant la mort de millions de saumons, du nord au sud du pays. Ce sinistre total a consterné quelques initiés, mais est resté abstrait méconnu du consommateur européen : le Chili, c’est loin !  Cette crise a jeté une lumière crue sur les pratiques des entreprises aquacoles au Chili.

En Norvège, Marine Harvest, subit en principe des contrôles et chaque année, les concessions pourraient être retirées. En théorie, l’usage des antibiotiques est « réduit » (tout est relatif) et la densité des élevages est nettement plus faible qu’au Chili (tout est encore relatif). Ces facteurs ont officiellement permis de maîtriser l’épidémie en Norvège alors qu’elle ne le fut pas du tout au Chili.

L’ISA n’est pas la seule maladie au Chili. Sur 478 élevages, 420 sont infestés de poux de mer et les saumons sont touchés par une vingtaine de maladies. L’usage des antibiotiques est hors contrôle : 800 fois plus élevé qu’en Norvège et même 36 000 fois, selon un biologiste chilien.

stérilisation écologique et sociale
Les écosystème sont sacrifiés. Les fonds marins sous les cages sont en état d’anoxie (sans oxygène). Plus aucune biodiversité. Les saumons échappés des cages ont modifié génétiquement les espèces sauvages. Les ressources halieutiques qui faisaient vivre les pêcheurs sont détruites et n’offrent plus d’alternative aux employés des élevages et des ateliers de transformation ont été privés d’emploi et de revenus. La pêche chilienne se trouve sous la dépendance des industriels du saumon à qui les pêcheurs fournissent les poissons pour fabriquer la farine et l’aliment : « Nous ne sommes que des esclaves des multinationales, il ne reste plus de pêcheurs indépendants au Chili » déclare un patron pêcheur à Wilfried Huismann. Le gouvernement a favorisé une véritable mafia du saumon, sans contrôle.

marine harvest

Et alors ?
Les dirigeants de Marine Harvest qui semblent reconnaître leurs erreurs face à cette catastrophe, l’ont pourtant programmée par appât du gain, et ont profité de l’implantation au Chili pour ne pas respecter les règles en vigueur en Norvège. Malgré ces responsabilités, malgré ce mépris de l’homme et de l’environnement, WWF a signé en 2011 un accord de « partenariat » avec ce groupe au nom de « progrès futurs ».

 

L’histoire continue

WWF vient de recevoir, en novembre 2014, d’importantes subventions de la part des grandes entreprises chiliennes pour accompagner le « verdissement » de l’aquaculture et sa labellisation ASC.

Selon l’ONG Ecoceanaos, ce « partenariat » est l’annonce d’autres catastrophes et l’extension des zones d’élevage.  En l’absence de règles fixées et contrôlées par l’Etat, les entreprises continueront à faire ce qu’elles veulent en cherchant à éviter de nouvelle catastrophe susceptible de réduire la rentabilité des investissements : des cages plus grandes, plus éloignées des côtes, plus espacées ?  Ce n’est pas le WWF qui se permettrait de dénoncer quoi que ce soit si les désordres environnementaux étaient… durables.

 

L’information du consommateur

Ces informations peuvent intéresser les consommateurs qui souhaitent orienter leurs achats en fonction des pratiques du vendeur.

Un minimum de cohérence nous semblerait nécessaire : on ne peut pas déplorer les mauvaises pratiques et se ruer, à chaque occasion festive, sur le saumon issu d’un groupe industriel qui ne respecte ni l’environnement ni la traçabilité, .

saumon consommation

 

 

Wilfried Huismann, Pandaleaks : The Dark Side of the WWF, éd Nordbook, Bremen, 2014, 260p

source: http://aquaculture-aquablog.blogspot.fr/2014/12/actualite-aquaculture-saumon-huitre.html#but1

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