Un pseudo-environnementaliste est un individu à grandes œillères qui, pour résoudre un petit problème, préconise des interventions bien plus invalidantes pour l’environnement que l’impact du facteur à résorber, qui plus est, en faisant engager des dépenses dispendieuses d’argent public.
.Le cas de la renouée du Japon est assez édifiant.
De nombreuses méthodes de lutte ont été imaginées mais elle n’ont produit aucun résultat significatif. Les plus simples, celles de bon sens, ont été oubliées.
Quels sont les réels problèmes?
– défaut systématique de prise en compte de l’ACA (analyse-coût-avantage) avant tout diagnostic,
– l’impact de la renouée est évident, mais elle peut aussi avoir des avantages. Or, le bilan n’a jamais été étudié. La catéchisme la stigmatise sans chercher plus loin, point.
– emploi d’engin mécaniques = contribution aux émissions de GES…le prétendu remède semble pire que le mal,
– utilisation de bâches = produit pétrolier jamais récupéré qui, tôt ou tard alimente l’océan de plastique.
– très accessoirement, en cette période de récession budgétaire = efficience des dépenses publiques. Collectivités territoriales, subventions Etat-UE, Agences de l’eau. L’ argent coule à flots… mais la renouée se développe partout.
La question préalable à se poser avant d’émettre tout diagnostic : le recours à ces engins et ces matériaux pourrait-il nuire aux écosystèmes ? En d’autres termes : quelle est l’empreinte écologique de la technique préconisée ?
Ces bâches, une fois déchiquetées termineront leur vie dans l’océan; photo ARRA
Une première idée calamiteuse : « arrachage à la pelle mécanique, enterrement et recouvrement par une bâche »
Nous reproduisons ci-dessous un extrait d’un article de presse. On peut ajouter, dans le même type de démarches: la mise en décharge, pire, le comblement de gravière. N’a-t-on vraiment rien d’autre à mettre en décharge? N’existe -t-il pas d’autres options de valorisation des gravières? Cette vacuité cérébrale est affligeante.
« NIÈVRE > GRAND NEVERS > COULANGES-LÈS-NEVERS 26/07/14
Les travaux de restauration écologique de la Znieff des Prés de Coulanges, se poursuivent sur ses 18 hectares. Les opérations de défrichage et d’aménagement sont effectuées par les employés de l’Anar.
Des agents du CPIE Bourgogne (Centre Permanent d’Initiative Environnement) sont venus prêter main-forte à l’équipe, pour combattre une espèce végétale envahissante: la renouée du Japon.
Sa destruction demande des méthodes et des précautions particulières.
Intervention du CPIE
Depuis quelque temps, le Centre permanent d’initiatives pour l’environnement (CPIE) expérimente une méthode radicale, mais assez laborieuse. Il arrache la plante avec des engins mécaniques, l’enterre sans déborder l’espace et recouvre la zone, pendant plusieurs années, d’une bâche opaque, amarrée au sol. La plante étouffée doit disparaître. Si des jeunes pousses arrivent à percer ce revêtement synthétique, les agents municipaux devront les arracher et les détruire. Des saules pourraient être plantés sur la zone. Ces travaux sont subventionnés à 80 %.
Pour cette première, plusieurs élus, dont Michèle Thomas adjoint au maire, étaient présents sur les lieux, accompagnés par leur collègue d’Urzy, Daniel Chalençon, conseiller communautaire, intéressé par la méthode. Magali Blondeau et Mathieu Parmentier, techniciens du Bassin-versant de la rivière Nièvre ont également assisté aux explications fournies par les intervenants du CPIE ».
Nos questions : combien de millions de tonnes de bâches jamais récupérées ont-ils été déposés dans la nature depuis 1990 ? Quelle étude scientifique préconise-t-elle cette mesure « corrective » ? Une bâche, qui plus est dans une ZNIEFF, est-elle plus favorable à la micro faune du sol et aux insectes qu’une espèce végétale? Quelle surface occupe la renouée dans les espaces publics ? Seront-ils tous bâchés ? Un taux de subvention élevé légitimise t-il à lui seul une technique dépourvue de bon sens?
Une seconde idée: « le broyage-concassage du substrat »
Une technique lourde et onéreuse donc, ipso facto, réputée « sérieuse » est proposée semble-t-il depuis quelques années : le broyage-criblage-concassage. C’est la surenchère!
Les curseurs sont poussés d’un cran en termes HQE (Haute qualité environnementale).
L’huile de coude ou la dent de l’animal apparaissent plus que jamais archaïques: il faut du lourd…et la facture suit.
Nous n’allons pas nous éterniser à développer les griefs attribués à ces méthodes : tant qu’il y aura des maîtres d’ouvrages crédules qui consentent à payer… des candidats arrivent pour profiter de cette manne.
Mais il n’est pas certain du tout que le bilan environnemental soit calculé de manière exhaustive. En tout état de cause, le fait que ces techniques s’arrogent « l’environnement » constitue une belle supercherie car elles n’ont strictement rien d’écologique.
Une idée de grand bon sens: le pâturage
Nous l’avons déjà écrit : le combat contre la renouée est plus simple que celui mené en son temps contre le chardon.
Concernant la renouée, dans les terrains accessibles il faut engager un arrachage précoce et à défaut, un recépage manuel très fréquent ou un pâturage régulier pour affaiblir les rhizomes. Si tel n’est pas le cas, inutile de se lamenter elle continuera à se développer. Un fauchage annuel n’a strictement aucun effet. Et dans les zones inaccessibles, fichons lui la paix.
Ce qui est qualifié « d’expérimentation » dans l’article de presse reproduit ci-dessous est une solution à développer. On semble y découvrir deux choses :
– les qualités fourragères de la renouée, alors que l’on sait qu’elle est comestible,
– les animaux peuvent être nourris tout simplement par le pâturage, alors qu’il s’agit d’une pratique plurimillénaire.
« Gestion pastorale. Arrivée de deux chèvres des fossés sur le ru de la Gondoire (Valmaubuée) 16/10/2013
C’est une expérimentation qui se déroulera sur deux mois avec un changement de site selon les besoins. L’objectif est l’élimination d’une plante invasive : la renouée du Japon. Chaque chèvre en mange environ 10 kg par jour. Un prestataire est en charge de l’ensemble des soins, amène les chèvres le matin et les retire le soir.
Cette action est menée en partenariat entre la Communauté d’agglomération et Initiatives 77 (agence départementale d’insertion). Cela s’inscrit dans le cadre de la politique de gestion pastorale des espaces verts initiée par la communauté d’agglomération.
La gestion pastorale fait partie des actions initiées par le schéma de cohérence et d’orientation paysagères (SCOP) ».
« Tout ce qui est excessif est insignifiant ». L’extraordinaire dérive sémantique qui s’adresse à la renouée nous semble superfétatoire dans la mesure où elle se trouve à 95% sur des terrains publics. Par défaut d’entretien ou d’inattention des Collectivités, elle pourrait coloniser les propriétés privées en leur créant une charge dont elles n’ont pas besoin.
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lire aussi:
un concentré de techniques anti-écologiques et onéreuses: Actes_Renouees_ARRA_2011
http://cedepa.fr/renouee-du-japon/
http://cedepa.fr/renouee-du-japon-la-receper-au-lieu-de-se-lamenter/