La production piscicole a progressivement migré de la tête des bassins versants vers l’océan. Pourtant, la pisciculture continentale peut maîtriser ses impacts en diminuant ses prélèvements d’eau grâce notamment au recyclage, contrôler les rejets de ses effluents et supprimer de l’alimentation les protéines issues de poisson. Ce n’est pas possible en aquaculture marine où on s’en remet au pouvoir auto-épurateur de l’océan.
L’élevage du poisson dans des cages en mer : un concept en fort développement depuis quinze ans, présenté curieusement comme la seule alternative à la surpêche, nous semble une aberration environnementale ! Une menace directe pour les écosystèmes et pour les espèces sauvages. En effet, il porte la pollution liée à ce type d’élevage directement dans les zones côtières déjà très affectées par la très forte pollution continentale.
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la surenchère
Face aux critiques qui s’élèvent, les investisseurs vont créer des cages plus solides, plus grandes et les installer plus loin en haute mer. Le cœur de l’océan étant moins étudié-surveillé que le littoral, ils pourront affirmer qu’il n’y a plus de pollution… en comptant sur les bons offices des courants marins pour qu’ils diffusent gratuitement les antibiotiques, les aliments non ingérés et les excréments. Une belle aubaine pour augmenter les intrants et autoproclamer cette production durable.
Pourtant, une étude américaine publiée dans la revue Environmental Fluid Mechanics, montre que des panaches de déchets concentrés provenant de l’aquaculture, au lieu de se diluer immédiatement, pourraient voyager sur de longues distances pour atteindre les côtes.
Menée par Roz Naylor, Oliver Fringer et Jeffrey Koseff, de l’Institut Woods pour l’environnement à l’Université de Stanford, cette recherche est la première à prendre en compte de façon détaillée des variables comme les marées, les courants, la rotation de la Terre et la structure physique des enclos pour estimer l’impact des flux de déchets provenant de l’aquaculture sur les voies navigables et les côtes environnantes.
Cette étude suggère que « nous ne devrions pas simplement compter sur la dilution comme solution à la pollution issue de l’aquaculture. Nous avons découvert que l’environnement naturel autour des enclos peut considérablement influer sur la façon dont les panaches de déchets voyagent depuis leur source », explique Jeffrey Koseff.
Des substances, dissoutes dans les excréments, la nourriture non digérée et d’autres rejets, s’accumulent près des enclos d’élevage, caractérisées, dans les scénarios de modélisation, par des panaches hautement concentrés et qui se maintiennent sur de grandes distances.
« Notre approche de l’aquaculture est à un tournant important, en ce moment », conclut Roz Naylor…
un remède?
Ce n’est pas le concept intellectuel des cages qui est en cause, c’est sa gestion industrielle qui illustre la désinvolture et l’hérésie environnementales. Au lieu d’un élevage intensif, monospécifique, ayant un recours massif aux intrants, une exploitation écologique d’espèces complémentaires, aux chaînes trophiques différentes serait à inventer.
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