Les pauvres pêcheurs sont pauvres (FAO)

 

  La FAO, vénérable institution, produit d'innombrables études, mais celle-ci s’intitule cyniquement :

« Lutte contre la pauvreté dans les communautés de pêche artisanale »

….du verbiage et des truismes...car c'est l'UE qui subventionne la pêche industrielle et les captures sont exportées en UE.

Quelques extraits :

« La pauvreté qui sévit dans les communautés de pêche artisanale, comme dans d’autres secteurs, est difficile à mesurer. Il existe de nombreuses études sur la pauvreté dans les communautés agricoles et parmi les ruraux pauvres, mais peu d’études ont été consacrées aux pêches. Celles qui l’ont été sont souvent exclusivement concentrées sur le revenu et sur les pêcheurs eux-mêmes, plutôt que sur un concept plus large de la pauvreté chez les ménages et communautés de pêcheurs.

On sait maintenant que les pêcheurs pauvres et les personnes qu’ils ont à charge ne constituent pas un groupe homogène et immuable. Les niveaux de pauvreté absolue et relative au sein des communautés de pêche artisanale, et entre elles, varient considérablement selon la zone, le pays et la région.

Même s’il existe des poches de pauvreté où sont piégées des communautés de pêche, il peut se faire que, avec le temps, certains membres de la communauté deviennent moins pauvres et non plus pauvres. Les communautés de pêche sont souvent relativement à l’aise en comparaison des communautés de cultivateurs, généralement parce que les pêcheurs vendent une plus grande proportion de leur production, plus fréquemment et plus régulièrement que ne le font les cultivateurs. Il n’en reste pas moins qu’ils sont exposés à de brutales fluctuations de leurs revenus, ce qui rend les communautés de pêche souvent plus vulnérables que des communautés vivant exclusivement de l’agriculture. De fait, la question de la vulnérabilité peut être aussi importante que celle de la pauvreté elle-même. Il faut reconnaître, néanmoins, que certains facteurs peuvent jouer un rôle déterminant dans la pauvreté mais non dans la vulnérabilité, et vice versa.

Les communautés de pêche artisanale sont fragiles face à nombre d’événements qui peuvent avoir pour résultat la pauvreté. Par exemple des événements climatiques/naturels tels que des fluctuations annuelles et saisonnières de l’abondance des stocks, de médiocres captures, le mauvais temps, et des catastrophes naturelles telles que les cyclones et les ouragans; des facteurs économiques, comme les fluctuations des cours du marché et un accès variable au marché; enfin, les périls du travail en mer. Les individus qui composent les communautés de pêche artisanale peuvent aussi être exposés à de mauvaises conditions de santé et autres déterminants généraux de la pauvreté. Il est absolument nécessaire de mieux comprendre ce qui rend les pêcheurs vulnérables à des événements, les facteurs qui les acculent à un état de pauvreté, les raisons pour lesquelles il est difficile d’améliorer leurs conditions de vie et les solutions potentielles. Certaines études suggèrent, malheureusement, que la vulnérabilité semble progresser parmi les pauvres des communautés de pêche artisanale.

Dans les pays en développement, des millions de gens vivent au sein de communautés de pêche artisanale. On sait maintenant que tous les pêcheurs artisanaux ne peuvent pas être considérés comme pauvres, mais qu’une grande proportion d’entre eux le sont et le restent ... Cette pauvreté persistante résulte de plusieurs facteurs dont l’origine se trouve à la fois à l’intérieur et hors du secteur halieutique:

- la vulnérabilité, (dont il a déjà été question),

- l’insécurité de l’accès aux ressources,

- la raréfaction des ressources,

- l’isolement des communautés de pêche,

- les mauvaises conditions socio-économiques, culturelles et politiques,

- un manque de soutien politique et financier (c’est souvent la pêche industrielle et semi-industrielle qui sont favorisées); et les activités concurrentes et conflictuelles des navires de flottilles industrielles et d’autres branches d’activités économiques opérant dans les zones côtières.

Malgré les difficultés rencontrées pour mesurer la pauvreté dans les communautés de pêche artisanale et pour définir qui sont les pêcheurs et ce qu’est une communauté de pêche, on peut avancer quelques estimations brutes du nombre des pêcheurs à faible revenu : 23 millions d’économiquement faibles, auxquels s’ajoutent les personnes à charge composant les ménages tributaires des pêcheries artisanales.

SOLUTIONS ENVISAGEABLES :

Les stratégies d’éradication de la pauvreté doivent être bien ciblées mais doivent tenir compte du fait que les facteurs économiques ne sont pas les seules conditions déterminantes de la pauvreté qui inclut aussi des variables sociales, culturelles et politiques. Il est difficile, souvent, d’aider les pauvres gens à s’en sortir. Un mauvais état de santé, l’analphabétisme, le manque de temps et leur répugnance à prendre des risques en sont la cause. Le manque d’influence et l’impuissance des pauvres sont un problème particulièrement important et il faut essayer de trouver des solutions où tout le monde sort gagnant, c’est-à-dire des solutions qui vont dans le sens des intérêts non seulement des pauvres, mais aussi des riches, des élites et des puissants.

La Banque mondiale, tirant les leçons de la dernière décennie, suggère que «sans croissance économique, il ne peut y avoir de réduction à long terme de la pauvreté». Entre 1990 et 1999, les régions du globe qui ont enregistré la croissance économique la plus rapide sont aussi celles qui ont davantage progressé dans la diminution du nombre des personnes vivant avec moins de 1 dollar EU par jour. Dans les régions où l’économie s’est contractée, le nombre des économiquement faibles a augmenté. Sans des efforts concertés pour redistribuer la richesse qui est le fruit de la croissance économique, l’écart entre les riches et les pauvres ne peut que se creuser.

Les solutions à l’extérieur du secteur de la pêche peuvent être aussi importantes, sinon plus, que les stratégies déployées à l’intérieur du secteur, ce qui peut rendre nécessaires une action et une coordination entre secteurs. il y a peu d’espoir, compte tenu des niveaux d’exploitation actuels, de développer davantage les pêches de capture.

[en d’autres termes : exit les pêcheurs…ils n’ont qu’à faire autre chose pour ne pas gêner les riches] 

ACTIVITÉS RÉCENTES :

Un travail considérable est fait actuellement pour mieux comprendre qui sont les pauvres et où ils se trouvent, pourquoi ils sont pauvres et quels sont les mécanismes les plus efficaces pour réduire la pauvreté. Ainsi s’expliquent l’importance croissante accordée à la cartographie de la pauvreté, à l’élaboration de méthodes d’évaluation de la pauvreté….Toutefois, les analyses effectuées sur les communautés de pêche sont peu nombreuses.

[ les pauvres vont être cartographiés, cela rassure !   En commençant cette lecture, nous attendions cet aveu, glissé dans le corps de l’article et que nous plaçons en guise de conclusion très polissée]

On  peut aussi améliorer les revenus des pauvres en protégeant réellement les pêcheurs artisanaux des activités des gros navires industriels, et en élargissant de ce fait la base de ressources que les pauvres peuvent exploiter. » 

[  nous aurions conclu : « les navires industriels  pillent la ressource pélagique, spolient la pêche artisanale et mettent en péril les populations locales »  ]

 

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