Les écologistes ont atteint leur but en 2012

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Ils ont atteint ce qui semble être leur seul but : ils affichent deux ministres et un groupe parlementaire. De tractations en négociations et en projets d’alliances, ils ont réussi à dénicher en 2012 quelques fauteuils confortables… mais n’ont plus d’adhérents ni d'électeurs. Peu importe.

En briguant avec beaucoup d’obstination ces postes éphémères qu’ils justifient en imaginant peser sur les décisions, ils se trompent à bien des égards.

Ils sont comblés et honorés d’être les passagers de l’avion… mais ils restent de simples passagers : ce sont le pilote et le co-pilote qui décident. En d’autres termes, leur présence au gouvernement infléchirait les projets, dans le meilleur des cas, à la marge. En réalité, ils n’ont aucun impact sur le poids de l’économie. L’équivalent d’une vraie goutte d’eau pour Peter Brabeck-Letmathe, Président de Nestlé, un des plus grand distributeur d’eau en bouteille. « Il a été accusé de prélèvement illégal et destructeur d’eau de la nappe phréatique et de faire des milliards de dollars de bénéfices sur de l’eau à bon marché tout en faisant supporter les coûts environnementaux et sociaux aux communautés locales ». (Grain)

un immense gâchis:

 Le concept écologique, tourné à l’origine en dérision par ses détracteurs, cherchant des compétences, a eu beaucoup de mal à percer. Avec la prise de conscience environnementale, il commençait à ouvrir des perspectives : l’espoir d’inverser la vapeur, d’une autre voie que celle infligée par l’oligarchie tenant les finances mondiales… l’espoir chimérique d’imposer un peu d’éthique dans l’économie. De nouveaux sympathisants et des consommateurs jusqu’alors perplexes, sur le point de rallier ce mouvement, ce sont aperçus des dérives humaines. L’élan est brisé. On perçoit toujours cette forte demande sociétale qui va bien au-delà des clivages politiques. Et personne n’y répond. Ceux qui s'estiment propriétaire de l'écologie se sont ancrés dans l’écologie politicienne et ses paillettes, les autres ont profité de missions et de places confortables offertes dans les ONG. Un arrivisme et un égocentrisme qu’il est difficile à admettre de la part de ceux qui devraient prôner partage, biodiversité, bien-être social, nature et bon sens…

Estimant être largement dédouanés en casant le mot « durable » à toutes les sauces pour ne verdir que les discours. Dans les faits, tout s’aggrave de manière exponentielle.

Au lieu de vouloir à tous crins propulser une poignée d’élus sous les feux de la rampe, il y avait une autre option: rester proche de la base, la société civile, l’informer et l’aider dans ses choix.

Une stratégie globale ambitieuse, laborieuse. Un statut personnel moins gratifiant… au lieu d’imaginer avec fatuité que le pilote allait les entendre alors qu’il ne les n’écoutera jamais. Une œuvre ingrate, épuisante… une vulgarisation permanente, peu rentable à court terme, mais aux résultats in fine bien plus probants. Ce ne sont pas deux ministres écolos qui vont surtaxer le bois tropical, l’huile de palme ou l’ivoire pour préserver les forêts primaires et les quelques éléphants qui restent. Pourtant les règles commerciales changeraient radicalement.

Expliquer qu’il vaut mieux ne pas visiter ou acheter dans un établissement qui se serait installé sur de très bonnes terres arables. Les urbanistes et investisseurs en immobilier commercial  en tireraient les conséquences au lieu de ne penser que « retour immédiat sur investissement » et en n’accordant aucune valeur aux actifs naturels.

Informer le consommateur sur le choix de ses achats de poisson : on contribuerait à éradiquer la surpêche, née d’une demande effrénée des marchés…

Expliquer les effets collatéraux environnementaux et sociaux de l’intense spéculation sur le foncier et sur l’eau dans l’hémisphère sud.

Expliquer que l’usage outrancier du plastique issu du pétrole prive le bois français de ses débouchés, que des milliers d’hectares ne sont plus replantés en France comme ils l’étaient quand la filière valorisait toutes les essences, quels que soient leurs diamètres et leurs qualités. En 2012, on ne sait plus quoi faire de nos pins et de nos peupliers: le bois a perdu la plupart de ses marchés traditionnels.

Expliquer qu’un produit contenant de la lavande de synthèse peut rester chez le vendeur. Ce  sont  quelques exemples…

Une base de plus de 700 millions d’individus en Europe, qui aurait pu, par des nouveaux choix de consommation, par des achats sélectifs, imposer une révision stratégique aux quelques centaines d’acteurs financiers de poids au sommet de la pyramide qui nous infligent uniquement ce qui est bon pour eux. Une base qui paie de plus en plus cher les conséquences de la spéculation sur toutes les denrées. Seules quelques Associations lancent des alertes. C’est louable et pertinent. L’écho reste faible, l’impact insignifiant.

Les écologistes auraient pu s’arroger cette mission ambitieuse : atténuer les effets négatifs pour l’homme et désastreux pour l’environnement que l’absence totale d’éthique provoque, enrayer le processus de perte de bon sens mis à grand profit par l’économie. Ils auraient eu l’impact économique, social et environnemental que la voie politique ne leur apportera jamais.

Ph.Benoist

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