La DCE, pas de quoi pavoiser

Le constat des graves dysfonctionnements nous pousse à l’impérieuse nécessité de restaurer.
Si on arrive à provoquer des inondations de villages qui ne l’avaient jamais été, ce n’est pas uniquement à cause des pluies. Les désordres, d’origine anthropique, ont été planifiés et subventionnés :
- La forêt qui devait à tout crin drainer les zones humides pour les « valoriser ». On méconnaissait à l’époque leurs fonctionnalités et leur grand intérêt,
- Les pratiques agricoles qui déstructurent le sol et qui le rendent totalement imperméable à cause de la semelle de labour,
- L’arrachage des haies, le drainage, le calibrage des ruisseaux : les fameux travaux connexes au remembrement destinés à alimenter les primes des ingénieurs de la DDA quand elle faisait fonction de bureau d’étude,
- Puis la PAC a incité financièrement le gain de surfaces primables au détriment des parcelles jusqu’alors jamais exploitées,
- Aux stations dites d’épuration qui polluent,
- Aux immenses ZAC remblayées, bétonnées, et souvent encore aux ¾ vides,
- Aux autres travaux qui imperméabilisent des surfaces considérables…
On continue la liste? Car nous n’avons pas encore évoqué les produits chimiques.
Quarante ans de destruction massive…toute une époque.

La DCE a au moins eu le mérite de faire parler de l’eau.

La DCE a permis de faire prendre enfin conscience qu’il fallait intervenir. C’est bien et il était temps d'engager un programme de restauration. Mais compte tenu de la désinvolture avec laquelle nous avons martyrisé la nature depuis 1960, faut quand même pas en faire un fromage, nous n'avions guère d'autre choix. Les réalisations pertinentes qui concourent à l’amélioration de la qualité de l’eau n’auraient pas eu lieu d’être si nous avions fait preuve de raison et de sagesse au lieu de croire que les actifs naturels étaient gratuits et inépuisables. Agir pour réparer coûte beaucoup plus cher que la destruction irraisonnée des sols et ne permettra jamais de réparer les écosystèmes dans leur état initial.
Agir au 21ème siècle, c’est bien. Mais ce n’est pas un acte philanthropique envers la nature : c’est un besoin vital pour l’homme s’il veut continuer à la ponctionner. Pas de quoi pavoiser.

 

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